Magazine Bd

La sélection de la semaine : Tyler Cross, Rapt à Lima, La colonne, L’enfant Staline, Elfes et Le bouquin du petit coin

Par Casedepart @_NicolasAlbert

Pour ce dernier jour  du mois d’août, Case Départ vous propose sa sélection d’albums de la semaine. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : un excellent polar situé dans les années 50 en Amérique : Tyler Cross, les conditions inhumaines d’un kidnapping : Rapt à Lima, La colonne : un album historique sur la colonisation de l’Afrique, L’enfant Staline : une nouvelle aventure de Lefranc, le troisième tome de la série d’héroïc-fantasy Elfes et un album satirique et drôle Le bouquin du petit coin. Bonnes lectures !

Dans les pas du tueur Tyler Cross

tyler cross
Tylor Cross est un truand, un braqueur, un malfrat, un hors-la-loi ! L’excellent album éponyme de Fabien Nury et Brüno raconte une tranche de vie de ce bandit américain. Brillant et jubilatoire !

Rio Bravo. Années 50. Tyler Cross, bandit notoire, a un dilemme : doit-il franchir le fleuve ? Question qui ne devrait pas se poser, parce que traverser ce fleuve est un mauvais signe quand on fait parti du banditisme.

6 jours plus tôt. Cross est embarqué dans un plan plutôt foireux. La drogue, c’est pas son rayon. Lui, il liquide, il ventile façon puzzle ; ces situations ça ne lui fait rien, il a beaucoup de recul, il a le sang froid. Le vieux parrain de la mafia Di Pietro lui propose alors un deal : il doit voler 17 kg de crack à Tony Scarfo, filleul du mafieux, le tuer et rapporter la cargaison ; tout cela contre 150 000 $ ! Après quelques hésitations, levées par la somme importante, Tyler Cross accepte la proposition du parrain en fin de vie.

La première partie du contrat, à savoir, faire parler le jeune voyou, qui convoite la place de Di Pietro, s’avère extrêmement facile pour Cross. Aidé par sa partenaire CJ, qui séduit Scarfo, l’homme passe à table. Mais des amis du filleul attendent CJ et Cross, s’ensuit alors une bagarre à coups de fusil. Seul rescapé, le tueur au sang-froid, récupère la drogue et poursuit sa route à pied. Sans voiture, il marche dans le désert jusqu’à la petite ville de Black Rock. Sa venue n’est pas trop appréciée dans cette cité sans histoire. Coincé entre le vieux pompiste Joe Bidwell et les Pragg, famille ultra régnante de la ville, son séjour ne sera pas sans encombre.

Cet album remarquable doit son succès au scénario mais aussi au dessin. Fabien Nury et Brüno avait déjà officié sur le très bon Atar Gull et ils récidivent de la même manière. Le récit dense et bien maîtrisé de Nury, rend hommage aux films noirs de années 50. Tous les ingrédients sont réunis pour produire un excellent polar : des tueurs, un bandit à sang-froid avec son stetson visé sur la tête, une belle femme, la mafia, des bagarres, de l’hémoglobine, une ville aux mains d’une seule famille, le désert et de la brutalité gratuite. Séquencé comme un bon vieux film de gangsters, l’histoire, tirée au cordeau, joue sur la psychologie très fouillée des personnages. Le trait élégant de Brüno, qui avait déjà dessiné le très bon album Junk (sur un scénario de Nicolas Pothier) est magistral. De plus, les couleurs de Laurence Croix magnifient les planches du dessinateur. Tyler Cross est un des excellents albums de cette rentrée. A lire !

Image de prévisualisation YouTube
  • Tyler Cross
  • Auteurs : Fabien Nury et Brüno
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 16.95 €
  • Sortie: 23 août 2013

Rapt à Lima : un polar haletant

rapt à lima

Dans le Pérou des années 90, Mélina, 17 ans, est enlevée le jour de son examen dans les rues de Lima. C’est ce kidnapping que Joan Marin et Hernan Migoya ont décidé de raconter dans le dense et envoûtant roman graphique, Rapt à Lima.

Mélina est une jeune étudiante de 17 ans issue d’une famille de la classe moyenne péruvienne. Heureuse, elle vit seule dans l’appartement familial de la capitale. Ses parents, quant à eux, habitent dans un pavillon à Pucallpa, la principale ville d’Amazonie péruvienne. Le père, Rolando, est un avocat, ayant l’habitude de défendre des assassins, des petits dealers ou des parrains de la pègre locale. A ses côtés, il y a son épouse, Isabelle et son fils, Luchin.

Lima. Le jeudi 4 décembre 1997. Alors qu’elle devait rejoindre ses deux amies à l’Université de San Martin pour passer un examen de sociologie, Mélina est enlevée, après être montée dans un taxi avec une connaissance, Carlos. Fortement choquée, elle est forcée par ses deux ravisseurs à finir le trajet dans une valise à l’arrière de la voiture.

Alors que le voyage s’éternise et pour éloigner la peur qui commence à l’envahir, la jeune fille se met à imaginer sa journée si tout s’était déroulé normalement : le questionnaire de sociologie, le repas du midi préparé par Gloria, la femme de ménage, ou les discussions téléphoniques avec ses amies. Mélina, qui ne comprend toujours pas pourquoi elle a été enlevée, pense aussi à son père, qui lui aurait prodigué de bons conseils en de telles circonstances.

Un bandeau pour cacher ses yeux, la jeune femme se retrouve dans un appartement où elle aperçoit ses deux kidnappeurs. Excédés et dans un excès de violence, ils décident de lui occulter la vue par un foulard serré par de l’adhésif. C’est le moment où le cerveau de l’équipe téléphone Rolando et Isabelle. Arguant de leur vie riche et excessive, il leur demande une forte somme d’argent, que le couple ne pourra pas réunir. S’ensuit des moments de panique de la part des parents, entrecoupés de moments de lucidité, où le couple demandera de l’aide aux riches clients du père.

Basé sur une histoire réelle, Rapt à Lima est un excellent roman graphique, construit comme un polar. Le scénario dense de Hernan Migoya met en lumière la relation entre Mélina et ses ravisseurs. D’un côté, une jeune femme dont la vie va basculer et faire d’elle, une héroïne, avec ses doutes et ses certitudes. Elle va vivre une expérience traumatisante mais éclairante sur sa propre vie. De l’autre, deux kidnappeurs, peu sûrs d’eux, emplis de failles et d’hésitations. Haletant, le récit mêle habilement le suspense, les scènes d’action et la psychologie des personnages. Le trait en noir et blanc de Joan Marin est efficace. Il permet à la fois de souligner l’ambiance pesante du rapt ainsi que l’émotion qui transparaît du scénario. Un album de 272 pages que le lecteur avalera d’une traite tant il est d’une excellent facture.

  • Rapt à Lima
  • Auteurs : Joan Marin et Hernan Migoya
  • Editeur: Sarbacane
  • Prix: 19.50 €
  • Sortie: 4 septembre 2013

La Colonne :

l’ultime expédition française au Tchad

la colonne
La Colonne raconte la dernière expédition française au Tchad en 1899. Basé sur des faits réels, l’album est scénarisé par Christophe Dabitch et dessiné par Nicolas Dumontheuil. Prévue en diptyque, la première partie s’intitule Un esprit blanc.

L’album s’ouvre sur des vautours, des vautours prêts à se régaler d’un cadavre dont le sang est encore chaud. Le ton est donné. Celui d’un fait d’histoire sanglant.

Souley a quitté son village pour la première fois de sa vie à 16 ans, six ans plus tôt, en s’engageant dans l’armée coloniale française par crainte, par désir aussi de s’élever dans la hiérarchie sociale.

En dialoguant avec l’«esprit» de la défunte colonne, ils retracent ce que fut cette mission secrète. Après s’être illustrés quelques années plus tôt, par des campagnes en pays Mossi (actuel Burkina Fasso), le capitaine Boulet et le lieutenant Lemoine végètent à Paris, partageant leur temps entre débauche, nostalgie et conférences. Dans un contexte de concurrence européenne sur les régions à coloniser (notamment l’Angleterre et l’Allemagne), l’état français compte sur eux pour parachever son empire en Afrique.

Les deux hommes sont envoyés en mission stratégique, l’objectif étant d’atteindre le Tchad par l’ouest et le fleuve Niger et d’opérer la jonction de leur colonne sur le lac Tchad avec deux autres missions. L’état ne leur accordant que la moitié du budget nécessaire, c’est à eux de trouver le complément des fonds pour les armes, les munitions, l’eau et les vivres, les hommes.

Ils forment une grande colonne de 50 tirailleurs sénégalais, 200 tirailleurs auxiliaires et des centaines de supplétifs, qui se met en route en janvier 1899. Au fur et à mesure de leur progression, ils recrutent de force des porteurs supplémentaires, parmi les populations locales. Ils pillent les vivres, mettent le feu aux cases, font des prisonniers (femmes et enfants) pour l’exemple, fusillent les récalcitrants, violent… Les massacres s’intensifient à mesure qu’ils avancent. Ils sèment les morts, les Noirs tuant leurs congénères au nom du drapeau français !

Cet bel album permettra au lecteur de comprendre un fait historique méconnu de nos jours. Une époque où la course à la colonisation était à son zénith. Une période sombre où les états européens jouaient des coudes pour prendre place en Afrique. Christophe Dabitch ne fait pas l’économie des heures délicates de ses expéditions : guerres, massacres, viols ou encore embrigadements forcés. Pour cela il propose une interprétation tragi-comique afin de rendre cet épisode sombre d’une manière plus soutenable. La mise en image de Nicolas Dumontheuil est magnifique ; ses planches sont sublimées par une couleur directe aux tons chauds.

  • La Colonne, tome 1 : Un esprit blanc
  • Auteurs : Christophe Dabitch et Nicolas Dumontheuil
  • Editeur: Futuropolis
  • Prix: 17 €
  • Sortie: 22 août 2013

Lefranc : plongée au cœur de l’URSS

l'enfant staline

Lefranc a 59 ans et ça ne se voit pas ! Pour ce vingt-quatrième album de la série créée par Jacques Martin, le journaliste-reporter suit une tournée d’écrivains occidentaux en URSS en pleine guerre froide. Cet opus, intitulé L’enfant Staline, est scénarisé par Thierry Robberecht et mis en images par Régric.

Moscou. Février 1953. Une délégation de journalistes est venue couvrir une tournée d’écrivains occidentaux. On y retrouve le journaliste-reporter, Guy Lefranc. Parmi les journalistes occidentaux, deux blocs s’affrontent : ceux qui ne cachent pas leur admiration pour Staline et ceux qui y sont farouchement opposés. Sous la fausse couverture de reporter et dans le camp des antis, l’anglais Byrne. Infiltré, cet espion doit venir récupérer des documents secrets auprès de Paulina Tikhonov, une généticienne soviétique.

Le projet échoue et l’anglais, qui ne dispose que de peu de temps, réussit à remettre le volumineux dossier rouge de Paulina, à Lefranc. Peu après, Byrne est enlevé par les services secrets soviétiques.

Etonné, Lefranc se trouve alors en possession d’une série de documents estampillée Petit Frère, consacrés à un enfant de 12 ans dont la ressemblance avec Staline est déroutante.

Paulina, la généticienne révèle à Lefranc le terrible secret : les savants russes ont réussi à copier l’ADN de Staline et par ce fait, à reproduire le leader soviétique et qui est désormais virtuellement immortel. Lefranc se retrouve investi d’une mission : faire échec à ce dangereux projet nuisible pour le Monde.

Assez crédible, le scénario classique de Thierry Robberecht est de bonne facture et bien maîtrisé. Jouant beaucoup avec les scènes d’action, l’histoire plonge le lecteur en pleine guerre froide en URSS, entre agents secrets, manipulations génétiques et nouvelles technologies. Fidèle à l’univers de Jacques Martin, le dessin de Régric est agréable. L’enfant Staline est le troisième album qu’il dessine et le deuxième qu’il réalise avec Robberecht.

  • Lefranc, tome 24 : L’enfant Staline
  • Auteurs : Thierry Robberecht et Régric
  • Editeur: Casterman
  • Prix: 10.95 €
  • Sortie: 21 août 2013

Elfes blancs, cœur noir

elfes
Elfes blancs, cœur noir est le troisième tome de la série-concept Elfes, créée par Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry. Au cœur de cet opus, dessinée par Stéphane Bileau et scénarisé par Olivier Peru, les elfes blancs, immortels et sages, qui sont à l’origine de toutes les autres races elfiques.

Gardiens d’un temps bientôt révolu, les Elfes blancs vivent à l’écart des autres peuplades et des Hommes, loin sur leurs îles isolées. Immortels, ils s’efforcent de protéger tout ce qui doit un jour disparaître : les livres, les œuvres d’arts et parfois même les créatures vivantes.

Ces îles étaient à l’origine celles des dragons, au temps où ils étaient nombreux et jeunes. Mais depuis quelques années, ils n’ont plus de descendance. Certains Haut-Elfes pensent que ce phénomène est dû à la magie des Elfes noirs.

Depuis un certain temps, le dernier dragon blanc de la planète commence à semer le trouble sur le monde des humains. Les elfes n’ont pas d’autres choix que de le prendre en chasse pour le ramener sur leurs îles, afin de le protéger. Fall et Meliatell, des elfes blancs, se mettent alors en chasse de la créature. Pourtant ils n’arrivent pas à le rattraper et ce depuis plusieurs années. La personnalité de l’un des deux pisteurs est trouble. En effet, Fall entretient un lien particulier avec le dragon blanc.

Sur leur chemin, ils croisent la ville de Belleck. Alors que la cité s’enflamme et qu’ils assistent impuissant au carnage, ils rencontrent un homme et son épouse enceinte. Pourchassés par les violents Nodrënns, ils demandent alors de l’aide aux deux elfes. Après une hésitation, Fall et Meliatell se chargent de repousser les assaillants. A peine l’assaut terminé, la jeune femme accouche d’un petit garçon.

Les deux pisteurs continuent alors leur périple, mais le dragon se joue d’eux, effaçant ses traces au fur et à mesure de son avancée. Dans le même temps, troublé par son identité, Fall va découvrir son secret, il est un enfant adopté.

De facture classique dans le genre de l’héroïc-fantasy, le récit de Olivier Peru est bien construit et ravira les passionnés de ce style : une quête, des créatures, de jeunes héros dont un à un problème d’identité ou encore des combats. Le trait de Stéphane Bileau est de bonne qualité et les personnages sont agréables. Les couleurs à l’ordinateur de Merli sont, elles, un peu froides.

  • Elfes, tome 3 : Elfes blancs, cœur noir
  • Auteurs : Olivier Peru et Stéphane Bileau
  • Editeur: Soleil
  • Prix: 14.50 €
  • Sortie: 24 août 2013

Le bouquin du Petit Coin :

pour ne plus s’ennuyer aux toilettes

le bouquin du petit coin

Le bouquin du Petit Coin en est à son cinquième tome et il va ravir toute la famille. Cet album de Monsieur B reprend tous les ingrédients qui ont fait le succès des tomes précédents : culture, humour, faits surprenants, énigmes, jeux, citations et histoires drôles.

Cet opus de 288 pages entièrement inédites permettra à toute la famille des heures de lecture pour s’instruire tout en s’amusant. Destiné à tous les curieux des sciences actuelles, aux connaissances sur le monde, l’histoire, la géographie, les mathématiques, la physique, la grammaire, la cuisine, la mode, les arts… Des faits nécessaires, indispensables mais aussi futiles pour ne plus s’ennuyer au Petit Coin.

Saviez-vous que Thomas Edison était l’inventeur de la première machine de comptage automatique de vote ? Qu’il y avait 7 millions de personnes qui visitaient la Tour Eiffel tous les ans ? Que le dernier repas de Jimi Hendrix était composé d’un sandwich au thon, du vin et des pilules pour dormir ? Que Sidney Poitier était le premier comédien noir américain à recevoir l’Oscar du meilleur acteur ? Que les mots funérailles et condoléances étaient toujours employés au pluriel ? …

Un album drôle et pas bête pour passer de bons moments de lecture, le tout agrémenté de dessins au trait humoristique de Monsieur B, auteur de bandes dessinées comme La vérité sur …, Le guide de la Trentaine ou encore Yoman. Un album sans prétention pour un public familial.

  • Le bouquin du Petit Coin, tome 5
  • Auteur : Monsieur B
  • Editeur: Hugo et Desinge
  • Prix: 14.99 €
  • Sortie: 22 août 2013

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Casedepart 4468 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines