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La (ma)Chinafrique à l'assaut du continent africain

Publié le 29 avril 2008 par Pef
La (ma)Chinafrique à l'assaut du continent africain

Crédit photo: mirkoshangai / FlickR 

La Chine est de plus en plus présente en Afrique. Dernier exemple en date, révélé par l'agence APA, le géant chinois dévrait construire de nouveaux stades au Cameroun, candidat à l'organisation de la CAN 2016. L'empire du Milieu est déjà à pied d'oeuvre pour construire le palais des sports de Yaoundé. « Les Chinois qui ne veulent pas s’occuper de la rénovation des anciens stades vont construire de nouveaux stades dont un à Bafoussam », explique le ministre des sports camerounais.

Ces exemples sont appelés à se multiplier, les entreprises chinoises proposant des coûts avec lesquels les pays occidentaux ne peuvent pas rivaliser. Exemple emblématique, les grands chantiers engagés par les autorités en Algérie. Plus de 80% des contrats seraient allés à la Chine selon le magazine L'effet papillon de Canal+. Les raisons de ce succès:

  Les Chinois se paient même le luxe de réaliser gracieusement certains grands chantiers pour fidéliser les rapports commerciaux. Grandes perdantes de cette expansion les anciennes puissance coloniales, comme ici au Bénin.

Derrière cette perçée commerciale, l'ogre énergétique que représente la Chine entend en effet se préserver de la dépendance pétrolière. Son influence et son développement futur en dépend.  Cette dépendance est estimée selon les chiffres entre 40% à 45% et pourrait atteindre 50% en 2010. La Chine est aujourd'hui le deuxième importateur mondial de pétrole, derrière les Etats-Unis mais devant le Japon. Certes il y a l'Iran et l'Arabie Saoudite (60% des importations), mais mieux vaut ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Des sociétés chinoises se positionnent donc chez tous les producteurs de pétrole africains pour obtenir de nouvelles exploitations, en échange d'investissements massifs. Cette méthode est particulièrement visible en Angola, au Soudan, et au Nigéria (1er producteur de pétrole africain, 6e mondial). Elle a un nom: la diplomatie pétrolière.

De nombreuses associations dénoncent à juste titre une politique d'investissements peu regardante sur le respect des droits de l'Homme ou du développement durable. La présence chinoise au Soudan (qui fournit 10% du pétrole chinois), dont les autorités sont tenues pour pour responsables ou au moins complices du drame du Darfour, est régulièrement critiquée. D'ailleurs beaucoup comptaient sur les JO pour faire pression sur la Chine pour règler le conflit au Darfour, mais le Tibet semble avoir davantage retenu l'attention médiatique. La réponse de la Chine est sans appel. Un porte-parole de la diplomatie chinoise déclarait en 2006 : «la Chine est un pays responsable qui n’a pas l’intention de répéter les prouesses des colonialistes occidentaux ». Dans un livre blanc publié sur le sujet, la République populaire résume son état d'esprit: « La Chine oeuvre à établir et à développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique. »

Selon des chiffres du Quai d'Orsay, le commerce chinois avec l'Afrique en 2005 représentait 55 milliards de dollars (dont 60% d'hydrocarbures). Un chiffre que la Chine espère doubler d'ici 2010. 

Si la Chine explique officiellement vouloir nouer des relations commerciales d'égal à égal avec les pays africains, on ne peut que constater qu'elle cherche par la même occasion à se constituer un pool de voix aux Nations Unies, pour peser collectivement dans le concert des nations. Bien qu'elle s'en défende, la Chine a quand même un intérêt politique bien senti en Afrique. Lors de la visite de Hu Jintao au Nigeria en 2006, le président nigerian avait déclaré à son invité: "nous souhaiterions que la Chine dirige le monde et quand ce sera le cas, nous voulons être juste derrière vous".

De là à parler d'une (ma)chinafrique, il n'y a qu'un pas...


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