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Détroit détruite ?

Publié le 12 août 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

Il y a quelques temps déjà, je vous avais parlé ici des Ruines de Détroit photographiées par Yves Marchand et Romain Meffre. Depuis la prise de ces photographies qui a donné lieu à la publication d'un ouvrage en 2010, la ville de Détroit à continué sa descente vers la faillite qui a été prononcée au début de l'été.

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Yves Marchand et Romain Meffre, photo extraite des Ruines de Détroit: bibliothèque publique du côté Est de la ville.© Yves Marchand et Romain Meffre.

Détroit est la ville principale de l'État du Michigan, ville où l'industrie automobile était le cœur de l'activité, mais ce secteur étant en crise, la population quitte progressivement la ville depuis 1950. La fuite s'accentue depuis 2000 au point qu'elle est passée d'1 800 000 à 700 000 habitants. En juillet dernier, la ville déclare être en faillite, sa dette atteint alors plus de 18 milliards de dollars. Court alors une rumeur : la ville, pour palier à la faillite envisagerait de vendre les chefs-d’œuvre de son musée. Acquis grâce à la générosité de donateurs de la ville, les œuvres qui pourraient être vendues font partie du Détroit Institute of Arts, sont directeur Graham W. J. Beal s'inquiète de cela et est cité dans un article du Monde daté du 9 août 2013 (totalité de l'article par ) : « Si nous vendons ne serait-ce qu'un tableau de valeur, l'effet sera immédiat. Nous serons à la fois bannis de la communauté des musées et nous perdrons la confiance de nos donateurs. Et je peux vous assurer que la fermeture du DIA serait plus violente encore que la faillite de General Motors... Cela voudrait dire que la ville a cessé de se battre. ». Dans la collection du DIA, qui est l'un des plus grands musées des États-Unis, se trouvent 66 000 œuvres d'art parmi lesquelles ont peut trouver des œuvres de Rembrandt, Van Eyck, Picasso, Bruegel mais aussi Matisse ou Van Gogh, des œuvres de grande valeur marchande qui pourraient permettre d'éponger une partie de la dette.

Penseur

Auguste Rodin, Le penseur, 1904, qui fait lui aussi partie des collection du Detroit Institute of Arts

Jusqu'à présent, la culture est protégée dans de nombreux pays. En France, une œuvre, une fois qu'elle est acquise par une institution publique, est inaliénable et ne peut donc être vendue. Ailleurs, cela peut être différent. Mais, qu'il y ait faillite ou non, l'art peut-il se revendre ? Sans doute que oui, mais à qui cela profitera-t-il ? S'il n'y a plus d'industrie pour fournir du travail aux habitants, s'il n'y a plus d'impôts pour payer des enseignants ou autre, que peut-il rester ? Le tourisme par exemple, non ? L'art donc. Cet art qui, souvent, est considéré comme élitiste et non accessible à tous mais peut-être qu'il pourrait être un facteur d'égalité si on fait l'effort d'aller vers tous. Dans l'article du Monde, ils font le récit de ce qui se produit à Détroit et surtout des efforts des habitants ou de ceux qui y reviennent: ils créent des ateliers d'artistes, des structures, ils programment des concerts, cherchent à remettre sur pieds des salles de concert, d'expo ou autre. Pourquoi ? Pour ramener du rêve peut-être, un but, quelque chose à partager, une façon de sortir de la crise et d'endiguer la fuite de la population (et donc des capitaux) : l'art sous toute ses formes devient alors un facteur de cohésion sociale qui peut aider à gommer les inégalités. Pour finir, une citation d'un artiste qui me semble bien correspondre au problème des ventes des œuvres appartenant à la ville de Détroit et au désœuvrement qui y règne : « Art is much important than life, but what a poor life without it » (Robert Motherwell).

Il ne s'agit ici que de pistes de réflexion: que souhaiter, quelles solutions possibles? A méditer...

Cécile.


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