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Youssef Abdelké

Publié le 22 juillet 2013 par Gonzo

akhbarabdelké

فوجئت، لأنه خلال فترة طويلة، ظننت أن جملة التعقيدات المتعلقة بالمجتمع السوري، والتركيبة الدينية الموجودة من جهة، وعدم حيادية مؤسسة الجيش من جهة أخرى، كلها عوامل يمكن أن تؤخر هذا الحدث، لكن لحسن الحظ أن شجاعة البشر هي أفضل وأرقى من توقعات المراقبين، ومن ينظرون ببرود، للعناصر المحيطة بأي مجتمع

« J’ai été surpris car, longtemps, j’ai pensé que les multiples difficultés de la société syrienne, la structure religieuse d’un côté, l’absence de neutralité de l’institution armée de l’autre, tout cela pourrait contribuer à retarder cet événement [le soulèvement de mars 2011]. Heureusement, le courage des hommes dépasse, excède les expectatives des observateurs, de ceux qui analysent, de sang-froid, les circonstances que traversent telle ou telle société. »

Youssef Abdelké, l’auteur de cette citation – rappelée dans un bel article d’Ibrahim al-Jabin (en arabe) – a disparu, avec deux autres militants, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, à un poste de contrôle des forces régulières syriennes à la sortie de Tartous sur le littoral syrien.

Souvent interprétées comme la conséquence d’une pétition adressée par une centaine d’intellectuels syriens réclamant « la liberté, la dignité, la justice sociale et l’unité nationale », ces arrestations pourraient aussi être liées (communiqué en arabe) à une intensification de la répression à l’encontre des membres du Comité national de coordination des forces pour le changement démocratique (هيئة التنسيق الوطنية لقوى التغيير الديمقراطي ), un mouvement regroupant divers partis d’opposition et qui, depuis sa fondation en novembre 2011, se distingue d’autres forces plus connues à l’étranger (et plus médiatisées et bien entendu mieux financées…), par son refus de toute intervention étrangère en même temps que par le choix d’une stratégie exclusivement pacifique.

La nouvelle de l’arrestation de Youssef Abdelké et de ses deux compagnons a été très vite relayée samedi (couverture voir ci-dessus et une double-page) par le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah et non pas du régime syrien comme le rappelle Angry Arab. Al-Quds al-’arabi a juste publié une brève, tout comme Al-Jazeera, deux articles ce lundi dans Al-Hayat, un autre dans Al-Safir… C’est presque tout pour les grands organes de presse à ma connaissance, malgré des pétitions de solidarité en divers lieux du monde arabe (notamment l’Egypte). C’est toujours mieux que ce que font nos médias, en France et ailleurs, pourtant fort prompts d’ordinaire à voler aux secours de « rebelles » au profil souvent bien inquiétant. Youssef Abdelké, proche des communistes syriens, prisonnier sous le régime de Bachar El-Assad à la fin des années 1970, ne doit pas être un bon sujet (dans tous les sens du terme).

Longtemps résident en France, ce très grand artiste (et critique : voir ce précédent billet à propos d’une de ses chroniques sur l’évolution du marché de l’art arabe) avait fait le choix de rentrer en Syrie en 2005, et plus encore d’y rester, malgré les risques évidents qu’il encourait, comme le rappelle Pierre Abi Saab – article en arabe, traduction en anglais ici (mais il y manque un joli coup de griffe à l’encontre d’une dépêche arabe de France24 qui trouve nécessaire de décliner les confessions des trois militants enlevés !).

Dans sa prison, dans les années 80, Youssef Abdelki « sculptait » des colombes avec de la mie de pain récupérée sur sa ration. Dans sa maison de Sarrouja, des colombes l’accompagnaient dans son travail. Ouvert quelques mois après le début des soulèvements, un site, très beau et très émouvant, publie, jour après jour des contributions d’artistes syriens, réunis dans leur combat « pour l’art et la liberté » (الفن والحرية).

La première œuvre y a été « déposée » le 8 juin 2011 par Youssef Abdelké. Elle a pour titre : Martyr à Daraa. Avec ce noir et blanc qui est la marque de ce très grand dessinateur, un homme, la tête posée sur la bordure d’un trottoir nous regarde avec une étrange expression ; son étonnement, plus que de la douleur, semble nous prendre à témoin…

martyrderaa


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