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324ème semaine politique: Hollande est optimiste pour tous.

Publié le 20 juillet 2013 par Juan
324ème semaine politique: Hollande est optimiste pour tous.
L'ancien s'agitait tant qu'il faisait croire qu'il dirigeait la France, que le monde tournait autour de lui. L'actuel fait tout l'inverse. Des lois sont votées sans qu'il s'agite sur un perron à chacune d'entre elles. Il est sûr de lui mais ne le crie pas à tout bout de champs. Il recadre parfois un peu. Ailleurs, une minorité s'écharpe avec outrance sur un timbre.
Hollande gouverne pendant qu'une fraction d'un pays médiatique et politique s'agite.

Valls, exégète
Manuel Valls est à Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue. Il y a certainement quelques camps de roms à proximité. On lui apporte un taurillon, tradition oblige, il faut le marquer au fer. Valls n'oublie pas ses origines espagnoles.
Sur place, le ministre de l'intérieur prend soin d'éviter la comparaison facile mais le parallèle est inévitable. En 2006, en Camargue également, Nicolas Sarkozy avait embarqué une troupe de journalistes, photographes et cameramen dans une remorque tirée par un tracteur pour le suivre tandis qu'il jouait au cow-boy de pacotille sur un canasson. L'image, terrifiante, devint illustrative de cette complaisance médiatique qui en troubla plus d'un.
La Sarkofrance est née l'un de ces jours-là.
Sept ans plus tard, Valls se contente de dresser un premier bilan du Hollandisme, "une synthèse nouvelle entre un réformisme assumé et une République intransigeante". Il voudrait en capter l'héritage immédiat qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Pas sûr qu'il soit le mieux placé. Mais Valls a besoin d'espérer qu'il peut compter sur des bataillons à gauche. Sa popularité est politiquement étrange: large et hétérogène. Son insistance à poursuivre une politique sécuritaire et migratoire sans rupture suffisante n'y est pas pour rien. "Aller au contact des Français, c'est aller dans le vrai". Valls a pris l'exact contrepied de la gestion jospinienne de la période 1997-2002. Pour certains, le choc est idéologique, trop violent, inacceptable.
Valls veut ignorer qu'il est le ministre le plus impopulaire chez une fraction de la gauche de la gauche. Cette dernière veut ignorer qu'il est le plus populaire des hommes politiques du moment, droite comprise.
Il annonce une concertation sur le droit d'asile. On craint qu'il ne prépare une énième loi fourre-tout mélangeant immigration et asile. Nous sommes toujours en Sarkofrance: Valls a donc déjà perdu cette concertation-là. Personne, parmi ses opposants, n'est disposé à lui donner le moindre crédit.
Un député socialiste défend un projet de loi autorisant l'Etat à saisir une partie des budgets communaux pour réaliser de force des aires d’accueil dédiées aux gens du voyage. Le projet est soutenu par Manuel Valls. Le feuilleton estival peut reprendre. Cette loi agace même au PS: “ça coûte trop cher“ fustige un élu local.
Sarkofrance oblige, c'est comme ci notre actualité nationale devait toute entière tourner autour de ce sujet aux détriments de tous les autres.
Hollande, certain.
François Hollande commente à peine les dires de son ministre de l'intérieur.
Il sacrifie à la tradition de l'entretien du 14 juillet. Il livre 35 minutes d'entretien télévisé, vers 13H, le jour de la fête nationale. "Optimiste envers et contre tous", il assume un "devoir qui va bien au-delà" d'une popularité qu'il n'a plus.
Cet exercice n'apporte rien sauf quelques clarifications qui manquaient visiblement à gauche et dans les médias: il répète au risque de radoter, puisque d'aucuns font mine de douter de sa décision, que l'exploration du gaz de schiste sera proscrite tant qu'il sera président. Il y avait quelques hypocrites et autres grincheux pour en douter. Un "expert pétrolier" confie anonymement "sa déception". Un député socialiste, également anonyme, ose encore espérer que Hollande fera la différence, plus tard, entre "exploitation" et "exploration".
Le Medef est clairement fâché. Il réfute les conclusions des Assises sur la Transition énergétique. En l'occurrence, l'objet de discorde porte sur le nucléaire et était connu bien avant la tenue de ce débat national: "Il est incohérent de recommander la fermeture de centrales sûres et rentables. Il est essentiel d'interdire toute fermeture d'actif pour des raisons 'politiques'." En clair, le patronat refuse d'avaliser les objectifs proposés en matière d'énergies renouvelables (27 % en 2020; plus de 30 en 2030). Il récuse la promesse de Hollande de fermer Fessenheim d'ici 2017. Des centrales sûres et rentables ? Les tarifs de l'électricité vont augmenter lourdement, 5% par an d'ici 2015. Cette énergie est sous-facturée pour sacrifier au mythe du nucléaire bon-marché. Et quelques trublions de Greenpeace sont parvenus à s'introduire à l'intérieur de la centrale de Tricastin en début de semaine. Un vrai succès de sécurité...
Hollande est optimiste. Il ose promettre que la reprise "est là". L'agence Fitch vient de supprimer le dernier Triple A qu'il restait au pays car elle juge l'austérité insuffisante et s'inquiète de la "dégradation de la situation économique". "Et pourtant le président dit vrai" proclame le Monde. Certains indicateurs économiques sont "moins mauvais": sortie de récession, rebond de la production industrielle en avril. Christine Lagarde promet même un "avenir brillant" à la zone euro. La patronne du FMI a de l'humour. On attend surtout son inculpation plus concrète dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais.
Les RDV pas secrets du président
Cette semaine, Hollande reçoit deux Emmanuelli (Xavier puis Henri), un président birman, le secrétaire général de l'ONU et surtout une délégation de banquiers. Un vrai scandale ! En Sarkofrance, visite équivaut à soutien et complicité. On ne rencontre pas l'ennemi. Les Robespierre de salon s'offusquent. "François Hollande reçoit le lobby bancaire vendredi, après un an de distance relative" s'inquiète Mediapart.
La réforme bancaire est définitivement adoptée, en seconde lecture par l'Assemblée. Depuis son adoption, le dialogue fut de sourds entre promoteurs et opposants. Les premiers assurent qu'elle fournit les outils nécessaires à un découpage des activités à risques en cas de pépin boursier. Les seconds assurent qu'elle ne sert à rien. Personne, malgré des mois de discussion, n'a tenté d'évaluer les conséquences pratiques d'une alternative simple, "à la chypriote": le démembrement de nos six grandes institutions nationales.
La rémunération du livret A sera abaissée en août. Difficile d'en faire un enjeu politique, ce calcul est mécanique. Vous trouverez bien quelques pourfendeurs du capital fustiger cette baisse de rémunération du capital.
La Caisse des Dépôts va prêter quelque 25 milliards d'euros d'épargnes en Livret A et LDD aux banques. L'enjeu est d'améliorer leurs ratios de fonds propres, et de favoriser les prêts à l'économie. Mais vous trouverez quelques critiques pour attaquer ce "cadeau aux banques", cet "argent que l'on retire au logement social". C'est faux, mais ça sonne bien.
Jeudi soir, François Hollande dîne avec une centaine de journalistes, tous invités par l'Association de la Presse Présidentielle. C'est supposé “off“. Sans surprise, tout fuite sur Twitter puis dans la presse. Ou presque. On retrouve l'humour hollandais qui démine les critiques sur certains sujets d'agitations médiatiques.
Hollande affiche calmement son réformisme.
Les autres s'agitent
Le déraillement d'un train à Brétigny-sur-Orge fait 6 morts, plusieurs blessés graves et des commentaires effroyables. La rumeur d'un pillage de cadavres déchaîne les passions. Ce n'était qu'une rumeur. En Sarkofrance, saison 1, nous aurions eu une loi et quelques discours. Cinq jours plus tard, un rapport de police fait état de vols d'effets personnels, la polémique repart.
Lundi, on s'énerve encore sur un tweet vieux de 3 jours du compagnon de Cécile Duflot qui critiquait le défilé militaire. Mardi, l'Assemblée légalise la recherche sur l'embryon et les cellules souches. Un porte-voix des opposants au mariage gay fait un parallèle douteux avec un autre 16 juillet, 1942, rafle du Vel d'Hiv. Son esprit appauvri est relayé sur Twitter.
Le mariage pour tous a fait des dégâts... à droite. Christine Boutin part en guerre contre … un timbre. La nouvelle Marianne philatéliste a été dessinée par un artiste homo, qui reconnaît – ô bêtise inutile – s'être inspiré d'une Femen. Hollande officialise le lancement lors d'une cérémonie à l'Elysée, le 14 juillet. Il a sucré la Garden Party. Point de défilé de starlettes, de héros proclamés, de courtisans en tous genres, ni de coûteux concert de notre Johnny national.
L'heure des contes
La Cour des Comptes lui donne crédit qu'il a réduit le budget élyséen l'an dernier. Son premier rapport est édifiant. Les dépenses de l'Elysée ont perdu 10M d'euros, dont 6M grâce à Hollande; le président a baissé et plafonné sa rémunération comme celles de ses collaborateurs, supprimé les sondages politiques occultes, abaissé le niveau des frais de bouche et diminué le coût de ses déplacements grâce au train. Au passage, les Sages rappelle combien le candidat Sarkozy avait puisé dans les dépenses élyséennes pour sa réélection ratée, et notamment "la forte croissance des dépenses de location de matériel audiovisuel en 2011" et "le caractère atypique de la dépense sur la fin de période."
La Cour avait d'autres révélations croustillantes. Ainsi la banque Dexia, privatisée à l'aube des années 2000, a coûté 6,6 milliards d'euros aux contribuables français. On est ravi. Les Sages dénoncent aussi la course à la croissance alors que les premiers signes de crise étaient là. L'incompétence n'a pas été sanctionnée.
Autre nouvelle, Claude Guéant a vidé les caisses de la police. La Cour des Comptes l'explique. En mobilisant les forces de l'ordre entre novembre 2011 et mai 2012 afin de "mettre davantage de policiers sur le terrain avant la présidentielle", dixit le Monde, l'ex-ministre de l'intérieur permis la multiplication des heures supplémentaires pour un coût total de 22M d'euros en 6 mois !
Ça bosse
Le Sénat vote l'indépendance du parquet, l'adoption est définitive: les instructions individuelles du Garde des Sceaux sont désormais interdites. Mais la loi a été vidée de toute réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Mercredi 17 juillet, Jean-Marc Ayrault promet 3 milliards d'euros d'économies sur le fonctionnement de l'Etat. Son troisième comité interministériel de modernisation de l’action publique lance un site qui résume "ces petites choses qui vont nous simplifier la vie".
Au Conseil des ministres, Geneviève Fioraso (Enseignement Supérieur) confirme la revalorisation de 15 % pour 30.000 étudiants issus de familles aux revenus les plus faibles; la création de 55.000 autres bourses annuelles de 1.000 euros et l'attribution de 7;000 allocations pour des jeunes "en situation d’autonomie avérée". Cécile Duflot (Logement) fait passer une ordonnance qui accélère le règlement des contentieux d'urbanisme. Marisol Touraine (Famille) présente une hausse de 2 milliards d'ici 2017 des moyens du Fonds national d’action sociale (FNAS), notamment pour participer à la création de 275.000 nouvelles places d'accueil des enfants de moins de 3 ans.
En Corrèze, la DCRI arrête un néo-nazi norvégien.
Le corps d'un otage français tué par une sous-succursale d'Al Qaïda au Sahel a été autopsié. Il a été tué d'une balle dans la tête.
Sarkofrance
A Paris, trois ministres – Pierre Moscovoci, Christiane Taubira, et Manuel Valls – sont interrogés par la commission d'enquête parlementaire constituée sur l'affaire Cahuzac. Les députés présents et les commentateurs d'après sont restés interloqués: aucun des 3 ministres n'a reconnu de discussion sur l'affaire pendant les 117 jours qu'elle a duré. A quoi sert cette commission ?  A prouver que Hollande avait été suffisamment stupide pour nommer puis couvrir un ministre du budget coupable de fraude fiscale ?
Tous se croyaient encore en Sarkofrance, celles des enquêtes parallèles, des écoutes clandestines, des entraves à la presse et à la justice.
Quatre banques ont accordé du crédit à l'UMP. Deux poids, deux mesures... La Sarkothon a rapporté près de 6 millions d'euros, sur les 11 que la fraude aux comptes de campagne de Nicolas Sarkozy a coûté au parti de droite. Contrairement à des milliers d'entreprises, l'UMP a obtenu un rééchelonnement de ses 55 millions d'euros de dette.
Jean-François Copé, cité par le Canard Enchainé ce 17 juillet, s'énerve en coulisses contre Sarkozy: "c'est quand même lui qui nous a mis sur la paille avec une campagne qui a coûté les yeux de la tête. Et c'est moi qui dois gérer la faillite!" L'UMP poursuit sa descente aux enfers avec application.
Marine Le Pen, qui rémunère son compagnon "informel" Louis Alliot comme assistant parlementaire à Strasbourg, se frotte les mains.

Crédit illustration: DoZone Parody

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