Après trois années de discussions
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Après trois années de discussions, le Conseil des ministres de la pêche et le Parlement européen sont arrivés à un accord à minima sur la politique commune. Alors que l’ambition affichée par Bruxelles était de limiter la surpêche pour permettre une reconstitution des stocks de poissons d’ici 2020, il faudra finalement une centaine d’années pour espérer un résultat.
Ces dernières années, on a beaucoup parlé du thon rouge, menacé de disparition. Mais de nombreuses espèces suivent aujourd’hui le même chemin, et une étude du magazine « Sciences » a même établi que si nous ne changions pas nos méthodes de pêche, les mers et océans seraient des déserts sans vie avant 2050.
Parmi les poissons jugés aujourd’hui en grand danger de disparition, on trouve : le flétan, le cabillaud, l’églefin, le colin (ou merlu), le saumon et la sole de l’Atlantique, la raie, la lotte… Autant d’espèces bien présentes sur les étals de nos poissonniers, mais dont les effectifs s’effondreraient un peu plus chaque année.
La réforme de la politique commune de la pêche (PCP) était sensée apporter des réponses urgentes à cette problématique, en assurant la reconstitution des espèces d’ici 2020, tout en préservant la filière et ses emplois. Mais c’est visiblement surtout ce second paramètre qui a été pris en compte.
La France a bloqué la réforme
Côté français, le Ministre délégué chargé des Transports de la Mer et de la Pêche, Frédéric Cuvillier, s’est en effet opposé à ce que la reconstitution des stocks d’ici 2020 soit inscrite dans le texte de l’accord final, qui ne propose donc pas des moyens réellement contraignants pour arriver à ce résultat. Une position d’autant plus dommageable que d’autres pays de pêche, comme l’Espagne, étaient prêts à s’engager en ce sens.
Une position française dénoncée par de nombreuses organisations de défense de l’environnement, comme le WWF, qui déplore, par la voix de la présidente de sa section française, Isabelle Autissier, « que le manque d’ambition des ministres, et notamment de la France, ait pris le dessus sur l’ambition du Parlement européen. La reconstitution des stocks et la réelle atteinte du « Rendement Maximal Durable » sont la garantie de plus de poissons dans l’eau, d’une rentabilité plus élevée des entreprises de pêche et de plus d’emplois en mer et à terre ». « Avec le texte qui a été adopté, poursuit Isabelle Autissier, « il faudra attendre près d’une centaine d’années pour que les stocks soient reconstitués ».
Seuls points positifs de la réforme, les pêcheurs européens devront respecter les règles communautaires, même si ils se rendent en dehors des eaux continentales, et les Etats membres de l’Union devront mettre en place des critères environnementaux et sociaux clairs et transparents avant de fixer des quotas et d’attribuer des licence