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"A winged victory for the sullen"

Publié le 22 janvier 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

A winged victory for the sullen
Adam Bryanbaum Wiltzie & Dustin O'Halloran, "A winged victory for the sullen"

"A winged victory for the sullen" est une collaboration entre les musiciens Adam Bryanbaum Wiltzie, bien connu pour concevoir des mélodies qui se déploient lentement dans le but d’embrasser l’auditeur & Dustin O'Halloran. Ce projet est produit par les labels Erased Tapes où l’on retrouve sans surprises Olafur Arnalds, Peter Broderick, ou encore Nils Frahm et Kranky. Tous les artistes précités sont bien entendu à consommer sans modération.

Afin de situer rapidement ce projet, voici quelques références qui me sont venues à l’esprit lors de ma première écoute : "Three film score intakes" de Peter Broderick, les Gnossiennes d’Erik Satie, certains passages de la 9 ème symphonie de Mahler, les bandes originales et certaines images de "The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford", ainsi que de "Bienvenue à Gattaca".

L’enregistrement de ce disque a commencé durant une nuit à l’église Grünewald de Berlin sur un piano Bösendorf impérial datant des années 1950. Les instruments à cordes furent captés au sein des studios historiques de radio DDR de Berlin Est, situés en bord de Spree (fleuve traversant la capitale allemande). Des cors d'harmonie, ainsi que des bassons furent également intégrés.

Le nom du projet, lui-même, renferme aussi quelques pistes quant au genre musical qui ne demande qu’à s’immiscer dans vos écoutilles. A Winged Victory, une victoire ailée, pourrait être associée à "la Victoire de Samothrace" qui est la représentation de la déesse Niké, symbolisant la victoire dans l’antiquité grecque. On pourrait bien entendu aussi penser à la colonne de la victoire (Siegessäule) de Berlin, ce qui nous renverrait par ricochet au film de Win Wenders : "Der Himmel über Berlin". Le terme sullen recouvre plusieurs significations : maussade, lent, obstiné. The sullen current of a canal, le lent courant d’un canal. Sullen gray skies, des ciels gris et moroses ou menaçants. Si l’on associait tout ça, on pourrait obtenir quelque chose de l’ordre du triomphe divin ou angélique d’une morosité lente et obstinée par exemple. Mais l’habit, en l’occurrence le nom, ne fait pas forcément le moine et tout ça ne doit pas sonner de façon aussi déprimante. D’ailleurs, plutôt que de provoquer un état neurasthénique chez l’auditeur voilà une musique calme, romantique, enveloppante, certes mélancolique, mais qui ravive aussi des images, des souvenirs simples et agréables. Par exemple : un paysage enneigé traversé par un courant d’eau, au centre duquel on se tiendrait chaudement emmitouflé dans une parka proche cousine de la couette. Les tons brumeux de cet environnement seraient composés d’une multitude de gris et de bleus subtils. Le silence qui y régnerait permettrait de remarquer le crépitement des flocons s’écrasant doucement contre votre bonnet comme autant de secrets chuchotés à votre oreille. Et finalement on percevrait le son d’un train qui s’éloigne derrière nous. On pourrait alors considérer tout ça comme une victoire de la neige qui « possède ce secret de rendre au cœur, en un souffle, la joie naïve que les années lui ont impitoyablement arrachée » (Antonine Maillet). Beaucoup d’autres illustrations peuvent être associée aux morceaux de ce disque et se sera à chacun de se faire son propre tableau vivant, qu’il décidera ou non de partager. Bonne écoute à vous.

Cyril


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