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Anthologie permanente : Hélène Mohone

Par Florence Trocmé

Dramaturge et poète Hélène Mohone est morte hier. Voici quelques textes dont les deux premiers, extraits du livre Torpeur ont été choisis et recopiés pour Poezibao par Valérie Rouzeau qui était une amie proche d’Hélène.

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(ou est-ce perdu)

je t’ai vu toi à aimer renoncer à cueillir ce qui restait jambes brisées j’ai ramassé les lettres les ai pliées tout assourdie avec l’enfant autrefois qui me ressemble ou est-ce perdu s’écoule la sangle des baisers au flanc crépu des amants à dégringoler vlan l’étendue repue du silence Amen grignotent les dents de souris sous l’oreiller les perles récitées en bafouillant perdu perdu où est-ce caché

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(pas souri)

pas souri pas chanté petit oiseau pas triste juste os de seiche peignoir fripé à l’hibiscus paysage très folklorique avec du soleil autour et des persiennes aussi la peau jeune fille aime le parfum mêlé au carnassier passent tranquilles à cette musique d’autres histoires qui la vieillissent rengaines pour voix flûtée petit oiseau déplumé ressemble au vieux décor cage dorée rubans de mots ensorcelés il est écrit douceur un peu amère des chants d’amour très acérés

Hélène Mohone, Torpeur, La Cabane, 2007

(rêve)

tout le soir une solitude à infuser pour moins de froid dans le salon couchée sur dos il pleut du noir un deux un deux font tas d’enfants ça court à chamaillerie beaucoup de bruit deux trois à tire-couettes ne trouve pas les édredons bien autre chose une salle de bains avec des dents frotti-frotta course à fond dans escalier et la toute nuit pour rêve sous traversin un deux à infuser tout seul boitement des épines sous voûte plantaire.
on marche mieux seul

(passant)

vieil homme passant n’a pas été aimé œil de verre traînant limonaire rubans sonores dans toute la rue sonne roule mascotte avec chicots orteils rouillés s’y baignent bien des oreilles et des ventres aussi bien en vie presque alourdis de trop de viande vieil homme et défaites si parfaites racle badigeon un sourire de rien tournant manivelle s’y déroule chevelure un tralala bien guimauve à faire pleurer motif effiloché.

Hélène Mohone, De Loin, Atelier de l’Agneau, 2008, p. 37 et 54

Bio-bibliographie d’Hélène Mohone

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