Bêtise raciste

L’Express du 27 novembre nous apprend que Me Alexis Dubruel, avocat lyonnais, a demandé  la récusation du juge Albert Levy dans un dossier où il intervenait. Motif : ce juge, ayant pour nom « un des noms portés par les descendants des lévites » risque de manquer d’impartialité dans ce dossier où le père de la prévenue  est prénommé « Moïse ».

Cet honorable avocat appuie son argumentation sur le fait que juge et prévenue sont tous deux d’origine juive. Ses présomptions me semblent douteuses. Je suppose qu’il doit y avoir des Lévy qui n’ont plus aucune attache avec la religion juive. Quant au prénom comme preuve de judéité, un des plus prestigieux présidents des États-Unis, Lincoln, se prénommait  Abraham. Si les plaidoiries de Me  Dubruel comportent des démonstrations aussi rigoureuses, je doute qu’il gagne beaucoup d’affaires.

Mais admettons que les deux protagonistes en cause soient effectivement tous deux d’origine juive. Ce qui conduit Me Dubruel à ce soupçon de partialité serait donc que juge et prévenu sont de même confession. A-t-il déjà éprouvé le même souci en présence de deux intervenants de religion catholique ? Vraisemblablement non. Sa démarche opère donc une discrimination à l’égard de citoyens juifs, ce qui le fait tomber sous le coup de la loi n° 90-615 du 13 juillet 1990.

Il serait intéressant de lui demander sur quoi il fonde cette discrimination. Je ne pense pas qu’il soit capable de l’expliquer sans proférer des propos rappelant fâcheusement des heures tragiques de l’histoire de la France. Fort heureusement, l’ordre des avocats de Lyon a annoncé la saisine du conseil de discipline à l‘encontre de Me Alexis Dubruel.