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La « troïka » veut les fonctionnaires grecs plus morts que vifs

Publié le 12 novembre 2012 par Kamizole

Tonnerre de Zeus ! Je ne décolère pas depuis ce matin… Enfin, plutôt hier puisque nous sommes déjà lundi passé de deux heures quand je commence à rédiger cet article. Je ne remercie pas tous ces enfoirés de me donner tant de travail ! Des flots d’infos toutes plus négatives les unes que les autres. J’ai bien commencé ma journée en tombant sur celle-ci : La troïka aurait demandé les noms des fonctionnaires grecs à licencier (Le Monde 10 nov. 2012).

Je précise pour les personnes qui ne le sauraient pas qu’il s’agit des (in)dignes représentants des créanciers de la Grèce : FMI, Union européenne et BCE dont on sait par ailleurs qu’ils ne cessent de reculer sans cesse le versement des prêts promis, arguant à chaque fois qu’elle ne ferait pas assez d’efforts. Grrr !

La meilleure preuve étant que selon ce que je lis sur une dépêche de Reuters Athènes dit que ses réserves sont presque épuisées (9 nov. 2012) alors que la Grèce attend toujours le versement de la prochaine tranche d'un programme d'aide international de 130 milliards d'euros… et que selon Christos Staikouras, le secrétaire d'Etat aux Finances « La situation des réserves de liquidités de l'Etat est limite (…) Cela crée les conditions d'une asphyxie de l'économie ».

Mais que peut bien en avoir à cirer ce « triumvir/us » ou mieux encore ce trio de nains malfaisants ? D’une connerie ultralibérale à toute épreuve. Lors même que des économistes soulignent jour après jour que "La stratégie européenne de réduction drastique des déficits nuit à l'emploi" (La Tribune 28 août 2012). Eric Heyer, économiste et directeur adjoint au département Analyses et Prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) « estime que l'objectif européen de zéro déficit public à l'horizon 2017 - dans un contexte de faible croissance - est trop contraignant et nuisible à l'emploi ».

Lors même que le taux de chômage atteint des sommets en Grèce : le chômage passe la barre des 25 % et Coca-Cola fuit en Suisse (Le Parisien 11 oct. 2012). Autrement dit : les rats quittent le navire ! Coca-Cola Hellenic aura beau avoir prétendu que le déménagement de son siège n’était pas dicté par des questions fiscales, cela ne convaincra personne dans la mesure où le groupe cite « le manque de clarté sur la politique fiscale » cependant que la Grèce « est sommée par ses créanciers étrangers - notre "troïka" - de remonter les impôts pour essayer de combler ses déficits publics ».

Enfin, il est évident que les Grecs redoutent que, nonobstant « la promesse de maintenir ses activités de production et de distribution en Grèce » cela ne soit le prélude à une délocalisation alors que Coca-Cola Hellenic - parmi les plus grosses multinationales implantées en Grèce et représentant 22 % de la valorisation totale de la Bourse d’Athènes - « le deuxième embouteilleur de la boisson américaine du monde, rayonnant sur 28 pays, de la Russie au Nigéria en passant par l'Allemagne et l'Italie (…) commercialise 95 % de sa production hors de Grèce et emploie 41.000 personnes ».

Encore, le chiffre déjà faramineux de 25,4 % de chômeurs - 1,261 million de personnes inscrites au chômage contre 3,7 millions qui ont du travail sur une population active totale de 10 millions de personnes - doit-il être affiné : les catégories les plus touchées sont les jeunes non scolarisés de 15 à 24 ans (54, 2 % !) et les femmes (29 %) alors qu’il touche fortement les jeunes actifs de 25 à 34 ans (31,4 %). L’on peut parler ici comme ailleurs d’une « génération sacrifiée ».

Les régions les plus touchées sont l’Epire, au Nord-Ouest (27,1 %) - région montagneuse isolée qui avait misé sur le développement du tourisme et l’agriculture commerciale pour stopper l’hémorragie de sa population - et l’Attique, grande région autour d’Athènes (25,2 %).

Dans ces conditions, exiger du gouvernement grec qu’il licenciât « 2.000 employés de la fonction publique d’ici la fin de l’année » - c’est-à-dire en à peine deux mois ! Joyeux Noël, hein ? - et plus encore d’en fournir la liste nominative ! « La troïka ne se contentant plus de chiffres, elle veut aussi des noms et des prénoms » : Ave connards ! morituri te Salutant… relève du parfait « crime contre l’humanité ». Mais ont-ils seulement conscience d'avoir affaire à des êtres humains ?

Des prêteurs ? Sans doute, mais alors « sur gage » ! Usuriers tels Shylock exigeant « leur livre de chair ».

N’ayons garde d’oublier que de surcroît, ils exigèrent en février 2012 une baisse des salaires de 22 % - à commencer par le salaire minimum ! - assortie de nouveaux prélèvement, lors même que les salaires avaient déjà été fortement réduits depuis le début de la crise. Comme le soulignait Emmanuel Levy En Grèce, les salaires ont été baissés jusqu'à leur niveau de... 1997 ! (Marianne 7 fév. 2012) qui parle donc à juste titre de « quatorze années blanches ». 15 ans dans quatre mois.

Egalement dans le collimateur de la troïka les deux mois de primes annuels versés à Pâques et à Noël ainsi que les retraites complémentaires, en sachant par ailleurs que les revenus des salariés grecs furent amputés dès le 31 janvier 2012 d’une somme allant de 30 à 200 euros du fait des nouvelles taxes.

Selon Nikos Zonzilos, économiste au sein de la Fondation pour la recherche économique et industrielle (IOBE) « L’effort déjà consenti par les Grecs est gigantesque » car depuis le début de la crise en mars 2010 « les salaires nets ont reculé en moyenne de 14,6 % et près de 30 % dans l’industrie du tourisme sinistrée ». Il prévoit que la baisse du salaire minimum de 750 à 600 € couplée à la réduction des deux mois de prime telles que demandées par la troïka, conduirait à une baisse de 35 %. Purée !

Mais qu’à cela ne tienne ! Pour Nicolas Sarkozy - le chiwawa de Merkel - « les éléments de l'accord n'ont jamais été aussi proches, aussi bien pour les créanciers publics et privés »… la suite nous apprendra qu’il n’y eut jamais aucun accord ! «  Le temps presse, nous devons conclure maintenant »…

« Conclure » ! Complètement obsédé ce mec… L’Europe a beau être une parfaite pétaudière, ne pas la confondre avec un lupanar. Ni le carton rouge qu’elle mérite avec la lumière rouge d’un claque. Les comptes de la Grèce sont dans le rouge le plus vif et son avenir est fermé par des feux rouges dont on se demande s’ils passeront un jour au vert.

La palme de la parfaite stupidité en matière économique devra incontestablement être décernée au Danois Poul Thomsen, chef de mission du FMI et de la troïka, affirmant que « Pour combler l'écart de compétitivité de la Grèce, il faudra agir sur plusieurs fronts, et pas seulement les salaires. Mais il est déjà clair que les salaires sont trop importants par rapport à la productivité »… J'aimerais bien connaître le montant des émoluments et autres avantages dont bénéficient les membres de la troïka pour une productivité proche du zéro absolu et les condamnerais volonties à vivre un an avec les 600 € mensuels auxquels ils soumettent les plus bas salaires. Je suis vache, hein ?

La meilleure preuve qu’il se fiche digito in oculo étant que le syndicat patronal - la SEV, l’équivalent du Medef - et les syndicats de salariés ont fait front commun : « Non à la baisse des salaires » proclamèrent-ils à l’unisson dans une lettre adressée début février à la Commission européenne. Le patronat grec n’ayant pas plus qu’ici la fibre philanthrope force est d’en conclure qu’ils savent mieux compter que Thomsen : réduire aussi drastiquement le pouvoir d’achat des salariés et retraités a forcément un impact négatif sur la consommation des ménages grecs et contribue à plomber davantage la croissance et hypothéquer toute reprise.

Selon quelques sources Poul Thomsen aurait été un ancien de Goldman Sachs - c’eût été la cerise sur le gâteau dans la mesure où la déliquescence des finances publiques grecques est l’œuvre de cette banque d’affaires. Mais je n’accorde aucun crédit à ces assertions dans la mesure où elles émanent de commentaires sous des articles de presse ou de blogs qui ne sont pas plus dignes de foi. Ceux qui les véhiculent - au demeurant sans jamais indiquer de sources crédibles - ne font pas preuve d’honnêteté intellectuelle ni d’intégrité morale. Ne les imitez pas !


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