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Cambriolage 2.0 ou la surexposition de la vie privée

Publié le 10 juillet 2012 par Iprotego @iProtego

Cambriolage 2.0 ou la surexposition de la vie privéeSur le profil Facebook de Karine : On peut lire « Ca y est :) Toute la famille est en route pour Barcelone … C’est parti pour 15 jours d’éclate totale… Adieu Paris ».

Derrière son écran, Cambriole, le bien nommé sourit en ajoutant le lien à ses favoris du jour …
Karine a trouvé plus sympa de faire un check in sur Facebook et Foursquare, lequel a été republié sur twitter, en précisant : « chez moi » et « ma maison ». C’est vrai que c’est plus sympa et plus rapide pour Cambriole, qui sait en une seule  fois, que la maison familiale est vide, et qui en connait l’adresse.  Ah, ces ados !

Il reste encore certains points à contrôler avant de valider définitivement ce foyer comme une cible, mais le vivier est déjà bien rempli, et à l’approche de l’été, les occasions ne manquent pas. Cela fait à peine 1 heure que Cambriole farfouille sur le web, et il a déjà identifié 9 personnes qui clament à la terre entière leur joie de partir en vacances avec leurs proches et ainsi de laisser leur jolie maison vide ! Le plus dur, c’est de choisir les victimes les plus prometteuses.

Cambriole est un cambrioleur de profession. Depuis 10 ans, il alterne les cambriolages avec les passages en prison qui lui ont fait découvrir l’informatique et les réseaux sociaux en atelier. Cambriole est tombé plusieurs fois. Une fois en s’attaquant à la maison d’un gendarme (mauvaise idée), l’autre fois tandis qu’il prenait la fuite.  Un sourire fugace éclaira brièvement son visage. C’est en prison, que Cambriole a vraiment compris l’intérêt du web pour son activité.

De son portable, Cambriole lance Instagram puis des recherches sur Google et Picasa, lesquelles devraient maintenant permettre d’en savoir plus sur la maison de Karine. Et voilà! Deux clics plus tard, quelques photos issues d’un blog permettent de voir Karine en famille, dans un très grand salon, élégamment meublé.  De plus, il a l’occasion d’admirer de riches lithographies. Vendu !  Cambriole ira lui faire une petite visite !

Inutile d’aller sur les pagesjaunes.fr, c’est bien rare qu’il faille en arriver là pour trouver l’adresse.  Néanmoins cet outil est bien pratique pour faire des recherches inversées.

Allez ! Un petit tour sur google Streetview pour reconnaître les lieux, s’imprégner de l’atmosphère du quartier, s’assurer de l’apparence extérieure du domicile : il constate alors une maison bien entretenue. Lors de la prise de photo par la Googlecar, Cambriole peut également apercevoir des voitures stationnées plutôt jolies.

Dernière petite précaution : Préparer son itinéraire, histoire de ne pas être bêtement piégé lors de son retour par une rue à sens unique ou des travaux.

Cambriole sourit franchement cette fois. Décidément, les temps ont bien changé.  Avant, c’était au petit bonheur la chance que Cambriole choisissait ses victimes, sans savoir sur quoi ou sur qui il allait tomber. C’était de la pêche à la ligne. Maintenant, Cambriole choisit ses victimes à l’avance, il est certain de leur absence.  Il a pu s’assurer que la maison semble intéressante.  Il planifie alors ses déplacements, optimise ses trajets, et sécurise son activité.  Pour un cambrioleur, quelle veine !

Avis d’expert : Estelle Flaud, Chef de projet e-réputation chez iProtego

chef de projet e-réputation
Foursquare, facebook, twitter, instagram, wordpress, blogspot, tumblr utilisés depuis un ordinateur ou un smartphone, c’est très ludique, mais il ne faut pas oublier que ces services web ne sont pas gratuits et encore moins privés.  Le prix à payer pour utiliser ces services : c’est la révélation au public, de sa vie personnelle.  Par défaut, tous ces réseaux sont ouverts au public et les informations de Karine sont visibles auprès du plus grand nombre.

Karine ne maîtrise absolument pas son identité numérique. Elle ne sait ni quelle est la nature des informations visibles la concernant, ni à partir de quels outils celles-ci sont accessibles.  Si demain, un problème d’e-réputation lui arrivait, il serait encore amplifié par la dispersion non-contrôlée de son image. Le problème en question n’en serait que plus visible, et les conséquences plus gênantes.

A mon avis, Karine devrait commencer par restreindre la visibilité de ses réseaux sociaux, et visiter la page « paramètres de confidentialité » des services web qu’elle utilise.  En particulier si elle souhaite continuer à utiliser ces services de la même manière.  Plutôt que d’utiliser son vrai nom, un pseudo serait suffisant, puisqu’elle communique essentiellement avec ses amis, c’est-à-dire, par définition, des gens qui la connaissent déjà.

D’autre part, bon nombre de services géolocalisent par défaut leurs utilisateurs. Le risque de ces pratiques réside dans la collecte des données personnelles des usagers de smartphone. Il est donc préférable, de mon point de vue, de les désactiver.

Avis d’expert : Olivier Alidal, Juriste chez iProtego

juriste iProtego

Les photos, les lieux où l’on vous identifie sur les réseaux sociaux sont des informations précieuses pour les cyber-délinquants.  Dès lors qu’elles sont accessibles par l’intermédiaire des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, toute personne peut retracer vos habitudes ainsi que votre train de vie : les cambrioleurs ne dérogent pas à la règle. Il se peut même que le danger ne vienne pas de vous, mais de vos amis. En « aimant » ou mettant des « likes » à outrance sur vos statuts, leurs contacts pourront voir vos informations…

A mon avis, Karine devrait prendre plus de précautions sur les informations qu’elle met à la disposition de tout le monde.

Certaines données sensibles, comme la religion, les opinions politiques, la race, l’orientation sexuelle peuvent être collectées dès lors que la personne à donné son accord.  Collectées, utilisées, voire cédées. En effet, dans une majorité de cas, le consentement est donné par l’internaute lors de son inscription. Cocher la petite case vaut acceptation expresse des conditions générales d’utilisation. Vous savez… Le contrat que vous concluez avec une plate-forme sans en avoir analysé la portée réelle.

Lisez bien les conditions générales d’utilisation et/ou de vente. Elles définissent bien trop souvent des droits et des obligations auxquels vous êtes soumis sans le savoir.


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