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Bac: cinq ans de cours du soir pour l’arracher

Publié le 04 juillet 2012 par Radiocaracol @radiocaracol1

Gaël Henry, qui détestait l’école, a arrêté le collège à 14 ans. Mais quelques années plus tard, à un âge où les lycéens goûtent enfin la liberté, il a repris ses études en cours du soir en espérant décrocher son baccalauréat scientifique.

BAC

Photo AFP

« Cinq ans de cours du soir pour quelqu’un qui n’aimait pas l’école à la base, c’est finalement pas mal! », souligne avec malice ce jeune homme de 22 ans à la chevelure brune, en tirant sur une cigarette dans l’appartement de sa mère à Bagneux (Hauts-de-Seine).

« Je comprends parfaitement les jeunes qui n’aiment pas l’école. Après, quand on se rend compte que c’est le travail, souvent mal payé, ou rien, on se dit: +C’est donc pour ça qu’ils voulaient nous apprendre toutes ces choses !+ », sourit-il.

Gaël Henry « avait lâché le truc » au collège. « J’étais mauvais en sixième, mauvais en cinquième. Je faisais juste acte de présence », dit-il, évoquant pudiquement « quelques problèmes familiaux qui ont été à l’origine de mon manque de motivation », dont le divorce de ses parents.

« Je me suis un peu laissé partir, on m’a dit : +Tu redoubles ou tu dégages+. Moi je voulais gagner de l’argent. On m’a parlé du CAP cuisine, j’y suis allé sans conviction », se souvient-il.

Son CAP en poche, Gaël Henry déchante vite, car s’il a appris à mitonner « des petits plats » qui épatent ses copains, le milieu de la cuisine ne l’emballe pas.

A 17 ans, il se retrouve à la mission locale de Bagneux qui aide les jeunes dans leur recherche d’emploi. Et se rend compte qu’il est dans une impasse.

C’est un collège pour adultes situé dans le XXe arrondissement à Paris qui l’a remis sur la voie des études.

Après avoir décroché le brevet, il a passé quatre ans sur les bancs du Lycée municipal d’adultes à Paris (XIVe), travaillant en même temps, chez McDonald’s, puis à mi-temps dans une sandwicherie.

« Le travail, les cours du soir et avoir une petite amie, c’est absolument incompatible en fait, il y a en a un de trop là-dedans. Et ce qui pâtit le plus au final, c’est les cours », soupire-t-il. Il rate son premier bac, l’an dernier, décide de redoubler sa Terminale, et surtout d’arrêter de travailler pendant un an pour s’y consacrer pleinement.

Pendant cinq ans, Gaël Henry a occupé toutes ses soirées et même, en Terminale, ses samedi matins, à étudier le français, l’histoire, les maths, la biologie… En révisant ses cours pendant les trajets en métro.

J’ai arrêté de voir des amis

« Ca fait de grosses journées, on se lève le matin, on part travailler, puis en fin de journée on va en cours. Je rentrais vers 23H00″, décrit-il. « J’ai dû mettre ma vie un peu de côté, il y a des amis que j’ai arrêté de voir ».

« J’habite encore chez ma mère. Si j’avais dû payer un loyer, cela aurait été impossible », relève-t-il. Sa copine, étudiante en communication, l’a « toujours soutenu ».

« Je n’avais pas le choix, sans le bac on se retrouve sans travail, ou dans des emplois de caissier ou sur les marchés, avec des salaires misérables », dit-il. Ce diplôme « me permettra au moins de faire quelque chose qui me plaît ».

Stratégique, Gaël Henry mise sur les coefficients des principales matières scientifiques pour arracher ce diplôme vendredi. « J’ai investi beaucoup de temps pour l’avoir, un peu me prouver à moi-même que j’en suis capable, que je suis pas plus bête qu’un autre ».

Il a un temps rêvé d’un doctorat en biologie, mais la mauvaise rémunération des doctorants l’en a dissuadé, et il songe à poursuivre des études d’informatique en alternance, avec salaire. « Cela va me permettre de prendre un appartement avec ma copine, on va enfin pouvoir se payer de vraies vacances! », se réjouit-il.

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