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Un dimanche à la campagne

Publié le 29 avril 2012 par Sampieru

Un dimanche à la campagne « Enfin » me direz-vous, ou bien « dommage ». Il est vrai que jusqu’ici, mobilisé par mon animathon contre les scénaristes de Vive la Colo sur TF1, je n’ai blogué sur la campagne présidentielle que ma surprise sur le tract diffusé à la sortie de la messe. En fait, comme nombre d’entre vous sans doute, j’ai fini par renoncer à suivre une campagne trop vite orientée vers le duel final entre deux candidats plus que réellement entre deux (encore moins 10) visions du monde et de la France, quoiqu’on ait voulu nous faire croire.
Il semble en effet plus passionnant de s’étriper dans les médias sur le nombre de débats entre candidats, sur la médiocrité de la gestion par les uns de leurs comptes de campagne, sur la chasse/pêche aux voix frontistes… Nous ne parlerons donc pas de jeunesse et de services publics, nous ne parlerons pas d'éducation à trop parler d'Education nationale, nous ne parlerons pas démocratie à trop parler de Constituion. Dès lors, peu de propositions réelles et surtout peu de réflexions de fond, pour trouver matière à choisir à part le #sarkoçasuffit qui anime nos concitoyens lassés des frasques de toute la classe politique, d’autant plus impardonnables au sortant qu’il prétendait ne pas faire partie du club des élites de l’Enarchie…
J’échangeais ainsi hier avec quelques collèges sur l’un des points de crispation médiatique : le vote des étrangers. On aura tout lu à ce sujet. Mais avez-vous entre deux affirmations des racines chrétiennes de la France et les accusations de xénophobie pu entrevoir un élément de fond sur ce débat ? De fait, tandis que les 2 camps s’affrontent sur le principe, les uns sortant des cartons une proposition de 1981 les autres promettant la main mise des ayatollahs sur les conseils municipaux, personne ne semble songer à rappeler que ce droit existe pour les citoyens européens depuis de nombreuses années.
En effet, les citoyens de l'Union qui résident en France peuvent participer aux élections municipales et aux élections européennes dans les mêmes conditions que les électeurs français. Et ils le font ! Il y a donc depuis belle lurette en France des bulletins mis en urne par des non-nationaux. Mais la proposition de loi votée au Sénat calque le régime des autres étrangers sur celui des européens, qui pour moi présente un certain nombre d’anomalies.
Considérant que les étrangers quelque soit leur origine résidant en France depuis plusieurs années travaillent, cotisent, paient des impôts, comment leur refuser le droit de participer à la vie locale (on ne parle que de cela) ? Et pourquoi leur donner le droit de participer sans être éligible ? Pour moi, le débat aujourd'hui ne doit plus porter sur le droit de vote, mais bien sur la possibilité pour les non-nationaux d’avoir un représentant dans le conseil municipal, par exemple un conseiller municipal délégué. Et là, nous avons matière à débat… son rôle, ses pouvoirs, son statut...
Dans les villages de l’arrière-pays, à la campagne, dont les écoles sont sauvées par l’arrivée de familles étrangères, dont les services publics sont dynamiques grâce aux contributions des étrangers, dans les quartiers urbains où l’on préfère aujourd’hui parler à leur place… les uns brandiront le spectre du communautarisme, les autres l’intérêt de la diversité. Je ne peux m’empêcher alors de penser au sketch hors d’âge de Fernand Raynaud, les étrangers qui viennent manger le pain des Français… jusqu’à ce que l’étranger du village lassé quitte le pays laissant les habitants sans pain car il était boulanger. "l'immigration, une chance pour la France" disait-on... A méditer, non ?
Voilà, cela fait sans doute de moi un vilain gauchiste, d’autant que je suis défenseur du service public à la française et du non-cumul des mandats. Mais je ne suis pas pour la légalisation du cannabis, ni pour la révision de la fiscalité familiale, ni pour un retour en arrière sur la réforme territoriale et je prendrais ma retraite à 80 ans. De toute manière, à bien y regarder, nous sommes simplement invités à être spectateurs d’un bal des anciens de l’école, politiciens et journalistes devenus à la longue des coquins copains de classe. Bon courage pour dimanche prochain…

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