C'est drôle parfois la façon dont on retrouve un ami qu'on avait perdu de vue.
Enfin, perdu de vue, pas vraiment, disons qu'on savait qu'il était toujours là, mais nous vivions depuis un moment, chacun nos vies, de notre côté.
Vous savez comment c'est, on prend des chemins différents et puis arrive le jour où l'on se demande s'ils se recroiseront vraiment.
Et puis, ce moment arrive. On est d'abord un peu méfiant. On s'observe. Non, il n'a pas changé. Nous, non plus. Ou si peu.
Mais bizarrement, le courant se remet à fonctionner, comme si de rien n'était. L'émotion est palpable.
Pour Jason Pierce et Spiritualized, je les avais délaissé depuis 2001 et leur magnifique "Let It Come Down" découvert suite à l'unanimité que ceux-ci avaient fait l'objet avec leur précédent "Ladies and Gentlemen, we are floating in space". Aujourd'hui encore, je préfère toujours assez nettement "Let It Come Down" à son prédécesseur, car il brille d'une lumière plus revigorante. Et ce nouveau "Sweet Heart Sweet Light" m'y fait irrémédiablement pensé. Par la musique bien sûr, mais aussi par les paroles inspirées par ses croyances religieuses (Spiritualized serait-il le plus grand groupe de rock chrétien?).
Pourtant, le clip du single "Hey Jane" est à l'exact opposé, très Almodavarien, glauque. C'est tout le paradoxe de Pierce qui rappelle en cela un Daniel Darc chez nous (souvenez-vous de "Psaume 23" sur "Crève Coeur"). Autre chanteur spirituel qui garde un esprit très "rock'n'roll". On sent la souffrance derrière les mots simples, à la limite de la naïveté. Le coeur est à nu. Il n'y a plus d'artifices qui tiennent et c'est d'autant plus touchant. La religion est une porte de sortie, une façon de trouver la rédemption. "Hey Jane" est une chanson immense. "Sweet Heart Sweet Light" un grand disque. Spiritualized est toujours là et on s'en veut de l'avoir négligé tout ce temps.
Clip de "Hey Jane" :
Album en écoute intégrale sur NPR.