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L'europe de la croissance : ces européens qui soutiennent f. hollande

Publié le 27 mars 2012 par Pscauxcailly

L'EUROPE DE LA CROISSANCE : CES EUROPÉENS QUI SOUTIENNENT F. HOLLANDE

L'EUROPE DE LA CROISSANCE : CES EUROPÉENS QUI SOUTIENNENT F. HOLLANDE

Samedi 17 mars avait lieu l'événement "Renaissance de l'Europe" au Cirque d'Hiver : une rencontre entre François Hollande et différents soutiens européens. Retrouvez ici les différentes interventions des acteurs européens présents : Daniel Cohen, Hannes Swoboda, Massimo D'Alema, Martin Schulz, Pier Luigi Bersani, Sergei Stanishev, Vivien, Schmidt et Sigmar Gabriel. Retrouvez aussi l'entretien de Sigmar Gabriel et François Hollande dans Libération.

« François Hollande défend l'idée d'une autre Europe, une Europe centrée sur l'individu et ses chances. Il ne réduit pas l'Europe au marché intérieur; il la voit comme un espace dans lequel nous pouvons et voulons créer les conditions propices à la réussite de l'existence des individus. C'est pour cela que son élection serait un signal majeur pour l'Europe ! » – Sigmar Gabriel dans Libération, 25 mars.

« Le Traité de Maastricht inclut quatre libertés : la liberté de circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux. Je les défends toutes les quatre. Je ne veux pas vivre dans une Europe de la liberté totale des capitaux et de la liberté de mouvement limitée des personnes. » - Martin Schultz, au rassemblement « Renaissance de l’Europe ».

« Nous ne pouvons pas nous contenter d’une Europe de l’austérité, car nous savons que si la rigueur budgétaire, bien que nécessaire, n’est pas associée à une politique de croissance, elle finira par n’engendrer que chômage et récession. Et de là, davantage d’endettement pour les Etats nationaux. » – Massimo d’Alema, au rassemblement « Renaissance de l’Europe ».

1. "ENSEMBLE, NOUS POUVONS FAIRE BOUGER LES CHOSES" ENTRETIEN DE S. GABRIEL ET F. HOLLANDE DANS LIBÉRATION

2. SIGMAR GABRIEL : "NOUS AVONS ENFIN BESOIN DE MARCHÉS CONFORMES AUX DÉMOCRATIES"

3. MARTIN SCHULZ : "LA DÉMOCRATIE EN EUROPE A BESOIN DE PLUS DE SOUTIEN"

4. MASSIMO D'ALEMA : "NOUS, LES PROGRESSISTES, NE POUVONS PAS NOUS CONTENTER DE L’EUROPE DES GOUVERNEMENTS"

5. PIER LUIGI BERSANI : "BÂTIR PIERRE APRÈS PIERRE UNE PLATEFORME PROGRESSISTE DE GOUVERNEMENT"

6. DANIEL COHEN : "REMETTRE L’EUROPE DANS L’ORBITE DE LA CROISSANCE MONDIALE"

7. HANNES SWOBODA : "RÉDUIRE DE MOITIÉ D’ICI À 2020 LE MONTANT DE L’ÉVASION FISCALE"

8. SERGEI STANISHEV : "UNE EUROPE SOCIALE, UNE EUROPE DES TRAVAILLEURS, UNE EUROPE OÙ CHACUN TROUVE SA PLACE"

9. VIVIEN SCHMIDT : "IL NOUS FAUT UN LEADERSHIP, UN LEADERSHIP PLUS SOCIO-DÉMOCRATE"

Vivien Schmidt, professeure et directrice du Centre d’études européennes de l’université de Boston

 

"Le nombre d’eurosceptiques augmente (...) On assiste à une perte de confiance."

"L’Union européenne souffre d’une absence de vision globale, à long terme, et notamment de l’absence d’une pensée socio-démocrate."

"Elle doit modifier ses politiques relatives à la crise de la zone euro en se concentrant sur la croissance."

"L’Union européenne est devenue exagérément intergouvernementale et technocrate (...) Vous avez besoin du Parlement européen. Pas seulement pour légiférer, mais aussi pour débattre."

"il faudrait rééquilibrer les pouvoirs entre les institutions, donner davantage de pouvoir au Parlement européen (...) mais aussi rééquilibrer le Conseil et la Commission."

"Il ne faut plus que les dirigeants prennent des décisions sans impliquer les citoyens (...) L’essentiel, c’est de débattre, d’organiser des débats démocratiques, de soumettre les questions à l’opinion publique."

 

L'intégralité de son discours

Lors de nos discussions d’hier après-midi sur la démocratie en Europe, nous sommes parvenus à un consensus : la démocratie en Europe est en difficulté. En difficulté du point de vue des citoyens, du fait des politiques et du mode de fonctionnement adoptés, en difficulté aussi dans sa dimension politique.

Parlons des citoyens tout d’abord. Les points de vue pro-européens sont en déclin. Le nombre d’eurosceptiques augmente. À gauche, à l’extrême gauche, à l’extrême droite, mais aussi parmi les modérés, des deux côtés. On assiste à une perte de confiance. La solidarité prend un sens plus étroit. On s’intéresse principalement à l’économie, notamment aux garanties de prêts, et on se désintéresse complètement de la question de la solidarité.

Avec l’aggravation des problèmes socio-économiques, on assiste à une montée des nationalismes et du populisme. Selon les experts, cette tendance a pour cause, en premier lieu, l’absence de leadership, ou plutôt une mauvaise gouvernance. Les solutions proposées pour sortir de la crise que traverse la zone euro, éminemment conservatrices, comme les interminables plans d’austérité budgétaire, ne marchent pas. L’Union européenne souffre d’une absence de vision globale, à long terme, et notamment de l’absence d’une pensée socio-démocrate. En plus de cela, d’un point de vue extérieur - celui des Etats-Unis et du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud - l’Europe, dans son ensemble, n’est plus admirée par le reste du monde, n’est plus considérée comme un modèle régional d’intégration. Voilà pour le point de vue des citoyens et des observateurs extérieurs. 

Les politiques européennes, ensuite. Au cours de nos discussions, nous sommes tombés d’accord sur le fait que l’Europe devait redistribuer davantage. Elle a besoin de ses propres ressources financières. Pas juste de la taxe Tobin, peut-être d’une TVA sur les transactions transfrontalières, et pourquoi pas, comme je l’ai suggéré, d’un impôt solidaire. Pas juste un système de transfert : il serait souhaitable que tous les citoyens européens contribuent. Ou, si l’on ne veut pas aller aussi loin, tout du moins utiliser les fonds structurels, dont l’objectif premier est la redistribution. Mais, ce qui est primordial, c’est que l’Union européenne tienne ses promesses et, pour cela, elle doit modifier ses politiques relatives à la crise de la zone euro en se concentrant sur la croissance. Voilà pour les politiques à adopter.

Concernant le mode de fonctionnement, le nœud du problème est que l’Union européenne est devenue exagérément intergouvernementale et technocrate. Le principe du couple franco-allemand – ou peut-être devrait-on dire de l’Allemagne seule –, ne fonctionne pas. Ce n’est pas démocratique. Il existe un déséquilibre au niveau des institutions. L’autre problème, c’est la réglementation communautaire, la règle de l’unanimité, le fait que tout soit décidé sous forme de traités. Cela provoque des retards, parfois des blocages en cas d’opposition d’un pays. Autre problème considérable, c’est que les pays peuvent réglementer pour les autres, par exemple en organisant un référendum sur des questions européennes, ou en faisant appel à une cour constitutionnelle, ce qui tend à exclure le reste des citoyens européens. Ce qui est encore plus grave, c’est que le Parlement européen est mis sur la touche. Vous avez besoin du Parlement européen. Pas seulement pour légiférer, mais aussi pour débattre. Pour discuter des problèmes de la Gauche et de la Droite. Il s’agit de légitimer la politique, de changer de politique et de la légitimer.

Parlons aussi de la Commission européenne. Il n’y a plus de méthodes communautaires. Tout est technocratie et application automatique de la réglementation. Le plus grave, c’est que la technocratie est considérée comme la façon la plus légitime de procéder. Or, c’est problématique quand ce n’est pas légitimé politiquement. Qui plus est, quand les décisions des technocrates créent un sentiment d’oppression ou de partialité, c’est l’Union européenne, dans sa totalité, qui perd en crédibilité. En outre – et c’est l’un des commentateurs du groupe d’experts qui en a fait la remarque –, le problème tient au fait que le principe d’intergouvernementalité décide de plus en plus souvent, non seulement du contenu des politiques, mais aussi des mécanismes. Du coup, l’Union européenne n’a aucune marge de manœuvre pour gouverner. Et c’est problématique. La Commission européenne ne peut pas personnaliser ses politiques, par exemple, en matière de crise économique, elle ne peut pas adapter ses politiques en fonction des particularismes nationaux. Elle applique sa réglementation de façon automatique. En résumé, en matière de procédés, il faudrait rééquilibrer les pouvoirs entre les institutions, donner davantage de pouvoir au Parlement européen, pour qu’il puisse y avoir des discussions, des débats, notamment sur la crise de la zone euro, mais aussi rééquilibrer le Conseil et la Commission.

Venons-en à la dimension politique. Les experts ont clairement constaté que la démocratie était mise à mal non seulement au niveau européen, mais aussi au niveau national. Au niveau national, les dirigeants doivent trouver des moyens d’impliquer leurs concitoyens dans le processus de prise de décision. Le principe d’intergouvernementalité, ce n’est pas simplement des dirigeants qui prennent des décisions ensemble. Il ne faut plus que les dirigeants prennent des décisions sans impliquer les citoyens. En outre, si, à un niveau national, il ne reste plus que « la politique sans les politiques », dans la mesure où les décisions sont de plus en plus souvent prises au niveau européen, l’Union européenne, elle, se caractérise par « des politiques sans la politique ». Ou, tout du moins, on fait croire que les décisions prises ne sont pas politiques, alors qu’elles le sont bel et bien.

La question que nous devons nous poser est la suivante : comment concilier les politiques et la politique ? Comment réinjecter de la dimension politique de façon à rétablir la légitimité ? Sur ce point, les experts sont divisés. Certains suggèrent de remettre du politique tout en changeant les politiques européennes, mais d’autres disent : attention, c’est risqué si on ne s’attaque pas d’abord aux problèmes liés aux politiques adoptées, avant d’introduire la dimension politique.

Dans tous les cas, ce qu’il faut faire, c’est réfléchir à comment faire passer le débat, les questions socio-démocrates au premier plan. Pour ce faire, il faut peut-être songer à l’élection du président de la Commission, à l’organisation de primaires pour les élections parlementaires européennes en 2014.

Mais, au fond, il ne s’agit pas seulement d’élire un dirigeant, même si c’est important. L’essentiel, c’est de débattre, d’organiser des débats démocratiques, de soumettre les questions à l’opinion publique. Et pour cela – ce sera mon dernier mot –, il nous faut un leadership, un leadership plus socio-démocrate.


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