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[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 36/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
36e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Plus que jamais la lecture des poètes provoque clôture oculaire, décrochement maxillaire et glissement des livres loin des mains... Le grand bluff poétique masquera-t-il encore long-temps cet état de fait ? Florence Trocmé, commanditaire de ce texte, est félicitée pour son indépendance d’esprit et son courage. 
  
D’écrire un feuilleton poétique en ligne  c’est faire preuve deux    
Fois de l’une et de l’autre (indépendance d’esprit, culot),  l’idée    
Du feuilleton en vers, déjà, il faut l’avoir eue...  Choisir, ensuite, 
Pour l’écrire Mézigue, pedzouille irrécupérable, vieux zozo qui 
Traîne encore une jambe dans le XIXe siècle  (dix-neuvième, oui), 
Et à qui le Centre National du Livre vient,  il y a quelques jours 
De refuser son aide pour Le Marasme chaussé à paraître en janvi 
Er chez Flammarion (dans la collection dirigée par Yves di Ma 
Nno). Alors, oui : félicitations, Florence, et remerciements...  Re 
Prenons maintenant le fil de l’histoire ‒. 
                                                                       « La forêt est une ca   (1830) 
Ge pour les oiseaux / Mais ils passent entre les barreaux » chan 
Tait Mouchette. ‒ Le jour devait être loin encore,  et cependant,    
Du côté du village, elle entendait les coqs se répondre.  Tout à l 
‘Heure, il faudrait se lever, faire face.  Et Soleil se lèverait aussi, 
Plus louchon qu’un œil très vieux...   de dessous des dessous ro 
Ses, et bientôt des membres ‒ roses, rosis et rosés...  et moirés de 
Divers reflets, mauves, bleutés, soufrés de femmes,   de déesses. 
Étire-toi vieux soleil !  frotte donc un bon coup tes paupières et 
Arrête de mélancoliquement mater les chiffons de la jeunesse ! 
Le croupion de la mollesse... Et secoue-toi, allez ! Oh ! je comp   (1840) 
Rends tu sais ? Le destin des mâles est dur à porter.  C’est bien 
Pour ça qu’on les surprend souvent vêtus en femme  (je ne par    
Le pas des gringalets). Quoi de plus pathétique, vraiment, que 
Un haltérophile en nuisette? Ça arrache des larmes, non ? Oui 
On pleure devant tant de beauté. Une beauté à la fois si monst 
Rueuse et délicate..  Allez, soleil, magne-toi un peu le train. Ah 
Je sais bien ! Comme c’est fatigant d’être un mâle... Surtout lor 
Squ’on se trimballe  comme toi et moi un tel fardeau d’années, 
De décennies, siècles,  siècles de siècles, et ères.  Et être à la fois 
Homme, et assumer, et vieux, et déplumé, c’est beaucoup pou   (1850) 
R un seul et même astre !  Ce pourquoi j’ai toujours trouvé pro 
Fondément injuste et...déplacé ? ce thème chez les peintres : Su    
Zanne et les vieillards.
Et certes, il serait bon qu’un artiste songe 
À brosser un Vieillard et les Suzannes...  Oui, donc, le soleil se lè 
Verait tout chassieux et croûteux  et goutteux du milieu du tas  
De dessous rosâtres.  Mais ça n’est pas encore pour tout de sui 
Te ‒ et Mouchette touche ce corps chétif (le sien), souvent mar 
Qué de coups,  griffé par les ronces, tanné par les bises d’hiver 
Et que la mère habille de jupes ridicules taillées  dans de vieux 
Caracos. Qu’en tirerait-elle, de ce corps ? ni plaisir ni vanité. Il   (1860) 
Lui suffit qu’il soit à la mesure de sa pauvreté, pauvre comme 
Elle. Pourtant...  il lui semble parfois (que ces choses lui repass    
Ent par la tête), que le regard du braconnier fixe le sien avec u 
Ne expression d’indifférence hautaine, de mépris,  et, aussitôt, 
Le sang lui saute au visage !  et puis il lui coule d’un seul coup 
Dans sa poitrine glacée...L’outrage qui lui a été fait l’a comme 
Surprise dans l’exaltation de son humble ferveur... Oui... oui... 
Elle sent l’outrage, et la surprise..  Elle sent qu’elle est surprise 
Et outrée... À la rigueur elle peut se dire ces deux mots-là ‒ di 
Re les choses avec ces deux mots-là. Elle épie le reflet de l’aube   (1870) 
Aux carreaux crasseux. Le désir lui vient de voir son visage et 
Ses yeux, il lui semble qu’elle reprendrait un peu courage si le

épisode 37 le lundi 5 mars 2012


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