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Le regard comme chef d'oeuvre

Publié le 30 janvier 2012 par Perce-Neige

Le regard comme chef d'oeuvreLe monde existe-t-il si (plus) personne n’est là pour entémoigner ? Voire pour en organiser le sens... Ou lui donner cettelégèreté qu’il faut bien appeler beauté.Respiration. Tremblement. Passion. Lisant L’éclaircie,de Philippe Sollers (Ed. Gallimard), je retiens ceci (notamment) :
Qu'est-ce qu'une belle jeune femme s'il n'y a pas un Manet ou unPicasso pour la voir ? Une hypothèse, une photo, un plan de cinéma vieillissantà vue d'œil. Un produit de beauté plus ou moins tragique, une pose forcée, unmannequin travesti, une nymphe idéalisée absurde. Avec ces deux-là, aucontraire, c'est tout autre chose: l'instantané transperçant la beauté quidevient légende. Un jour, Manet suit une mince jeune femme sur les boulevards. Safemme, Suzanne, survient: « Je t'y prends! » dit-elle. Et Manet, du tac au tac: « Je croyais que c'était toi ! » Suzanne, son admirable pianistehollandaise, plutôt ronde, racontait elle-même l'histoire avec un sourire. Ellene pouvait pas ignorer les fréquentations féminines de son mari, devenant desmodèles dans son atelier: prostituées, serveuses, demi-mondaines, toutesimpressionnées par ce monsieur si courtois, si élégant, par ce grand causeurqui les faisait rire. Un coup de pinceau ? Mais comment donc ! Regardez lafraîche et insolente Nana dans sa loge, sa houppette à la main. Elle n'y croitpas, mais s'ils veulent y croire, elle veut bien faire semblant d'y croire.Manet comprend ça. C'est pourquoi la star Olympia continue son travail au noir.

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