Magazine Cinéma

Une année studieuse, de Anne Wiazemsky

Par Wtfru @romain_wtfru

In love with Godard…

SYNOPSIS :

«  Un jour de juin 1966, j’écrivis une courte lettre à Jean-Luc Godard adressée aux Cahiers du Cinéma, 5 rue Clément-Marto, Paris 8e. Je lui disais avoir beaucoup aimé son dernier film, Masculin Féminin. Je lui disais encore que j’aimais l’homme qui était derrière, que je l’aimais, lui. J’avais agi sans réaliser la portée de certains mots. »

AVIS :

A quoi bon se soucier des catégories littéraires quand on peut jouer l’ambiguité ? Anne Wiazemsky qui parle de son histoire d’amour avec Jean-Luc Godard, et qui qualifie cela de roman : normal. Le procédé est voulu et totalement assumé par Gallimard.

Plongeant le lecteur dans un doute perpétuel sur la vérité et l’imaginaire de toute l’histoire, il ne fait que rajouter un brin de mystère et donc d’intérêt à ce livre, au premier abord assez voyeuriste.

 Anne Wiazemsky nous décrit le monde passionnant qui l’entoure, au cœur d’une époque mythique : les années 60’s.

Dans ce « roman » elle dresse le portrait d’une France Gaullienne, bobo, à l’aube d’une nouvelle ère. Véritable hymne au cinéma français, « Une année studieuse » n’échappe pas au syndrome du name-dropping.

Il se peut que vous alliez de surprise en surprise en découvrant qui côtoyait à l’époque l’écrivain. De ces fréquentations d’aujourd’hui, on ne sait rien mais celles de l’époque ne manquent pas d’intérêts.

 Ce qui peut créer une certaine gêne au fil des pages, c’est tout ce symbolisme bobo qui se développe. Pour résumer les faits (très brièvement) Anne Wiazemsky était à l’époque la petite amie de Jean-Luc Godard, et jeune actrice vedette de Robert Bresson. Fille d’un prince russe en exil, elle est également la petite fille de François Mauriac, académicien français et meilleure amie d’Antoine Gallimard. Etudiante à la faculté de Nanterre, elle se fait (juste) draguer par un Daniel Cohn-Bendit en plein lancement de sa révolte étudiante et tourne plusieurs films avec notamment Anna Karina et Jean-Claude Brialy.                                                                                                               

Bref, Anne Wiazemsky n’est pas n’importe quelle voisine de pallier, et nous le fait –peut être involontairement – sentir.

 Le principe même du roman est de parler de la première année de sa relation amoureuse avec Jean-Luc Godard. Une année bien évidemment dure à gérer puisqu’à l’époque l’écrivain est mineure. Seulement voilà, Anne Wiazemsky passe trop sous silence les moments de doutes, les épreuves, les conflits : un défaut à première vue. Mais peut être est-ce la que tient la magie du roman : dans cette douce illusion de l’amour.

Anne Wiazemsky ne nous parle que des heureux moments, comme si, avec les années elle avait enfin eu le temps de pardonner et ne voulait en garder que les bons souvenirs. Elle aurait donc réussir là où la plupart des filles échouent. Ne nous mentons pas, elle mérite au moins d’être saluée pour ça.

 Le style du roman est simple et efficace, un minimum de notre avis quand on se fait publier dans la Collection Blanche de Gallimard.

Le principal défaut de ce roman tient dans ce que nous avons félicité plus haut. Ne parlant que des moments heureux, l’écrivain ignore volontairement les problèmes de son époque : l’Algérie, la condition des femmes… Elle ne nous parle finalement que de deux choses, qui ont marqué cette année là, Jean-Luc Godard et son film « La Chinoise ».

 Au final, et bien qu’on ai aimé le livre ici à WTFRU, on se demande si « Une année Studieuse » ne fait pas office de masturbation intellectuelle, de « kiffage » personnel ou de Madeleine de Proust (Wiazemsky).

In love with Godard…


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