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Etats-Unis, Allemagne, France – Regard sur les stratégies de mondialisation des entreprises

Publié le 12 décembre 2011 par Jblully

Regard sur les stratégies de mondialisation des entreprises - © Sapsiwai - FotoliaUS export = US jobs – Tel était le slogan de Bill Clinton pour communiquer sur un axe fort de son action présidentielle. Son analyse était simple : Les exportations ont un impact direct sur la création d’emploi. De plus, les salaires des emplois liés à l’export sont 15 % supérieurs à la moyenne nationale. Le bilan des années Clinton de 1992 à 2000, s’établit à 74 % d’augmentation du volume des exportations et une création de 1,4 million d’emplois nouveaux directement liés à l’export.
Douze ans après, la situation a bien changé : les États-Unis sont devancés par la Chine et même l’Allemagne en termes d’exportation. Le chômage atteint 9 %, le déficit commercial se creuse et dépassera les 500 milliards de dollars en 2011. D’après les chiffres du FMI, si les exportations américaines représentaient une part stable de 12 % du commerce mondial jusqu’en 2000, cette part est tombée à 9,5 % en 2010 soit une baisse de 20 %.

L’avantage concurrentiel des années 90 avec notamment l’économie numérique a disparu ; la désindustrialisation continuelle depuis plusieurs décennies a fait perdre au pays sa compétitivité. Malgré les efforts de relance, l’Amérique a du mal à créer de nouveaux emplois.

Même s’il faut être prudent dans les comparaisons, les similitudes avec la France sont nombreuses: désindustrialisation importante, déficit de la balance commerciale qui se creuse (déficit de 52 milliards € en 2010 et prévision de 75 Milliards en 2011), niveau de chômage élevé.

Par contre en Allemagne, les indicateurs sont à l’opposé : son tissu industriel se maintient, elle est fortement exportatrice (excédent commercial de 154 Milliards d’Euros en 2010), elle créé des emplois et présente un taux de chômage qui fait envie : 6,4 %.

De même dans un commerce mondial en très forte expansion, la part des exportations françaises a chuté de 30 % sur la période 1980 à 2010 alors que la part allemande restait quasi stable.

Y a-t-il d’autres enseignements ? Oui. L’analyse des investissements directs à l’étranger (IDE). Les États-Unis et la France sont les 2 premiers pays au palmarès des stocks d’investissements directs à l’étranger1. L’Allemagne n’est que 4ème de ce classement. Les entreprises américaines et françaises ont privilégié une internationalisation par des investissements à l’étranger. Stratégiquement, leur réponse à la mondialisation s’est traduite par des rachats de sociétés étrangères, des constructions d’usine dans les marchés cibles afin de créer des leaders mondiaux. Les entreprises allemandes, notamment les grosses PME et ETI, ont développé leur contenu national et sont devenues fortement exportatrices avec une offre compétitive de produits de qualité et haut de gamme. C’est ce Mittelstand qui fait défaut en France qui compte 3 fois moins de grosses PME et 3.5 fois moins d’entreprises exportatrices que l’Allemagne2.

Pour tenter d’être complet, les États-Unis et la France sont aussi les deux premiers pays d’accueil d’investissements directs étrangers en stock, l’Allemagne le 5ème. Cette ouverture aux investisseurs étrangers est certes créatrice de richesse, d’innovation, d’emplois et aussi d’exportation. Mais visiblement, ce « mix internationalisation » différent ne donne pas les mêmes résultats sur les économies de ces 3 pays.

Par cette approche, on ne peut que renforcer le diagnostic français déjà établi par de nombreuses études et les mesures proposées dans le dernier rapport de l’Assemblée Nationale3 , visant notamment à favoriser le passage des TPE à la taille PME et des PME à la taille ETI pour qu’elles atteignent cette masse critique nécessaire pour devenir le creuset d’une « exportation à l’allemande ».

1. Classement en stock de IDE à fin Décembre 2010 (source  CIA Worldfactbook). Les données de stock d’Investissement Direct à l’Etranger (I.D.E.) indiquent la situation des avoirs et engagements d’investissement direct d’une économie à un moment précis (source OCDE).
2. Selon le rapport du sénateur de la Vendée Bruno Retailleau « Les entreprises de taille intermédiaire au cœur d’une nouvelle dynamique de croissance » (Février 2010).
3. Rapport d’information de l’Assemblée Nationale du 23 Novembre 2011 « Les faiblesses et défis du commerce extérieur français » par les députés Axel Poniatowski  et Philippe Cochet.


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