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Les dauphins roses d’Amazonie sont en danger

Par Rene Lanouille

Un mammifère à sauvegarder à tout prix Un mammifère à sauvegarder à tout prix Les botos peuplent l’Amazone, l’Orénoque et leurs affluents, depuis les estuaires jusqu’au Pérou et à la Bolivie. Ils sont arrivés ici il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, après avoir quitté l’océan pour remonter le cours des fleuves et s’adapter peu à peu à la vie en eau douce. Plus grands des dauphins de rivière, ils font partie du folklore amazonien, puisque de nombreuses légendes anciennes (antérieures à l’arrivée de Christophe Colomb) les entourent. Selon ces croyances, ils seraient dotés de pouvoirs surnaturels et pourraient prendre forme humaine la nuit venue. Il était enseigné aux indigènes de les respecter et aussi de les craindre, car ils seraient capables de vengeance après leur mort.

L’image forte qu’ils dégageaient dans les traditions d’autrefois semble hélas oubliée actuellement. En plus des dangers liés à la déforestation, la pollution et les barrages ; les dauphins roses sont attaqués par l’homme. Les pêcheurs voient en eux des rivaux (ceux-ci se nourrissent exclusivement de poisson) et de ce fait, souhaitent s’en débarrasser.
Mais la cause principale du massacre des botos est économique : ils sont un appât de choix pour la pêche au poisson-chat (piracatinga), qui constitue une importante source de revenus pour la population locale. Ainsi, la chair d’un seul dauphin permettrait de pêcher 500 kilos de piracatingas, vendus ensuite le plus souvent au Brésil et en Colombie. Tuer un boto est pourtant passible de 4 ans de prison.

Les scientifiques sont très inquiets de ce désastre et tentent de sensibiliser le plus grand nombre de personnes. Vera da Silva, spécialiste des cétacés pour l’Institut de la recherche en Amazonie, témoigne : « La population de dauphins roses va s’effondrer si les pêcheurs n’arrêtent pas de massacrer ces animaux ». Cette population a effectivement baissé de 7% par an depuis 17 ans (sur une zone de 11000 hectares). Pour Miguel Miguéis,chercheur portugais, les riverains « sont en train de tuer leur culture,leur folklore »

Les autorités, bien que conscientes du fléau, sont dépassées. Pour exemple, il n’y a que 5 agents chargés de protéger la faune et de surveiller les pêcheurs pour « une région équivalente à plus de 2 fois la superficie du Texas » (selon l’Institut brésilien pour l’environnement et les ressources naturelles et renouvelables). La probable disparition de l’espèce dans un futur proche indiffère la plupart des gens et il est fréquent de trouver des produits dérivés du dauphin sur les marchés locaux (de l’huile de dauphin notamment, qui sert de médicament). Le boto est pourtant l’un des 5 cétacés les plus intelligents au monde et est sollicité par le gouvernement brésilien dans des programmes thérapeutiques. Il aurait des vertus stimulantes sur les enfants handicapés…

Il est urgent que l’attitude des amazoniens à son égard évolue et que le tourisme responsable se renforce. Mais cela suffira t-il pour réellement sauver l’espèce ?
Aurélie Falleau

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