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Le député pilleur n’aime pas se faire choper

Publié le 25 octobre 2011 par H16

Dans un précédent billet, je notais qu’en coupant habilement dans certains émoluments de nos gentils élus, on pouvait économiser plus de 600 millions par an en faisant 65 millions d’heureux. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir une pratique courante au sein du Parlement Européen et dont l’arrêt permettrait sinon d’économiser des fortunes, au moins de moraliser un tantinet le comportement douteux de certains de nos représentants.

Avant de regarder une intéressante vidéo de quelques minutes, un peu de contexte.

Tout se déroule au Parlement Européen, à Strasbourg.

Attention, il ne s’agit pas revenir sur l’aberrante transhumance de nos parlementaires entre Bruxelles et Strasbourg qui, bien que coûtant 120 millions d’euros par an, n’est pas remise en question ici ; pour les politiciens (notamment Français, comme Wauquiez) il est en effet nécessaire d’aérer un peu nos poussiéreux députés, sinon, ils fricotent trop avec les lobbies bruxellois. Si si, c’est l’explication officielle de ce gaspillage.

Mais bref, non, aujourd’hui, nous allons parler arrière-boutique.

Il faut savoir que nos parlementaires, tout imprégnés de la ferveur démocratique et de la nécessaire représentation populaire, s’empressent de se rendre, régulièrement, aux séances plénières et que pour les récompenser d’être présents, le Parlement Européen leur octroie 304€ bruts pour chaque jour de présence aux réunions officielles.

Cette indemnité couvre l’hébergement, les repas et toutes les autres dépenses liées à cette présence. Ce qui est large, on en conviendra ; 150 euros d’hôtel sympathique, et 150 euros d’escort, je suppose. Allez savoir.

Evidemment, le Parlement ne verse l’indemnité que si le député a signé un registre officiel de présence. Bah oui. Sinon, ce serait trop facile.

Mais bon d’un autre côté, ce n’est pas comme si c’était vraiment très difficile de la toucher. D’ailleurs, et c’est le sujet de la vidéo, c’est même plutôt facile, puisqu’il suffit de s’enregistrer, une fois, tôt le matin avant de s’en aller faire autre chose (et, de fait, ne pas assister aux séances pour lesquelles on touche l’indemnité).

C’est une petite magouille connue. Et puis, qu’est-ce que c’est que 300 euros, de nos jours ? Eh bien c’est comme le reste : multipliez cette somme par le nombre de jours où la juteuse manip peut être faite, multipliez par le nombre de députés dont l’éthique personnelle est suffisamment souple pour s’autoriser pareille gymnastique, et vous obtenez à la fin de l’année un fort joli pécule qui sera, d’une façon ou d’une autre, ponctionné dans les poches du contribuable.

Jusque là, c’est le triste envers de la pièce démocratique où, comme chacun s’en doute, le jeu pour les députés est d’optimiser au maximum son mandat et de récupérer le plus gros morceau de gâteau citoyen pour lui-même.

Mais là où l’on atteint l’indécent, c’est lorsque des journalistes s’introduisent dans le bâtiment et prennent plusieurs de ces députés sur le fait. Elle est alors fort lointaine l’image de l’homme ou la femme du peuple, élu(e) responsable, digne et qui assume ses actes. En fait, on y découvre une belle bande d’hypocrites.

Je vous laisse juge ; c’est en allemand, mais on peut choisir les sous-titres en français dans la petite liste déroulante.

On notera l’attitude intéressante d’une députée Vert qui, littéralement, fuit la caméra. Un peu plus tard, une autre députée avoue calmement que oui, elle est déjà payée (plus de 7000 euros par mois) pour travailler, mais qu’après tout, puisque cette combine est légale et qu’elle y a droit, elle en profite donc.

Le pompon est atteint lorsque les autorités locales, jugeant que les journalistes deviennent un peu trop encombrants, les font escorter quasi manu-militari hors de l’enceinte, afin d’éviter que les nobles représentants du peuple se fassent ainsi méchamment espionner lorsqu’ils viennent s’enregistrer pour leur dure journée de travail ailleurs qu’au Parlement.

Je tiens à vous rappeler que tout ceci est légal. Et que ce qui est vrai au niveau du Parlement Européen l’est tout autant dans la plupart des parlements nationaux, à commencer par l’Assemblée Nationale Française : ce genre de facilités existe, d’une façon ou d’une autre, et si la ponction étatique est décidément collectiviste, sa distribution vers les élus est elle franchement libérale.

Tout ceci n’est vraiment pas très classe et n’appelle qu’un seul type de réaction, finalement, pas plus classe mais très défoulant.

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