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Temps oubliés

Par Inisfree

Le bon Dr Orlof n'hésitant pas à plonger dans les tréfonds du cinéma bis, voire ter, j'ai voulu apporter ma pierre à l'édifice du regard critique sur ces films qui, sans nous, seraient à jamais couverts du sombre voile de l'oubli. The people that time forgot (Le continent oublié, 1977) de Kevin Connor, est la séquelle directe de The Land that time forgot (Le sixième continent, 1975) et le troisième volet d'une tétralogie inspirée des écrits d'Edgar Rice Burroughs (avec un peu de Jules Verne quand même) comprenant également At the earth's core (Centre terre, septième continent, 1976) et Warlords of Atlantis (Les sept cités d'Atlantis, 1978). Le premier de la série est un film qui a marqué mon enfance avec son sous marin découvrant un monde perdu au milieu de la banquise, monde peuplé de dinosaures en caoutchouc, d'hommes préhistoriques, de volcans en éruption, de héros inoxydables et de sauvageonnes charmantes. Ce film que je n'ai jamais revu, typique d'un cinéma fantastique pré-Star Wars, avait tout pour réjouir l'enfant de 10 ans que j'étais alors. Il avait également eu pas mal de succès et donc une première suite fut mise en route.

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A suivre les nombreuses péripéties, je me dis que le scénariste Patrick Tilley a du soigneusement étudier Le secret de la planète des singes, la première séquelle du chef d'oeuvre de Franklin J. Schaffner réalisée en 1969 par Ted Post. On retrouve donc un nouveau héros (Ici Patrik Wayne fils de son père) partit en expédition à la recherche du héros du film précédent (Doug McClure). Arrivé dans le monde perdu, il retrouve la trace de son collègue grâce à une belle femme préhistorique et leur périple les amène dans une étrange cité de mutants vénérant une puissance dévastatrice (une bombe H ici, un volcan là). Les deux héros se retrouvent dans la prison des mutants et s'évadent. La puissance dévastatrice fait tout péter, monde perdu comme planète entière, mais l'essentiel des héros du continent oublié s'en sortent ce qui fait du film de Connor un film moins pessimiste que celui de Post. Mauvaise pioche pour le scénariste, le second volet des histoires simiesques est d'assez loin le plus mauvais, un authentique navet label rouge. Tilley et Connor en reproduisent malheureusement avec application les incohérences et naïvetés, la moindre n'étant pas la facilité avec laquelle le héros (le nouveau je veux dire) rencontre la sauvageonne au milieu de toute cette jungle. Le film perd avec dignité toute crédibilité par paliers. Au premier étage, le premier dinosaure, une sorte de stégosaure utilisé comme treuil. Second étage, la rencontre avec la belle Ajor, dont le décolleté sublime, la coiffure impeccable et le teint délicieusement halé la hissent à la hauteur des prestations similaires de Raquel Welch, Martine Beswick ou Victoria Vetri. Troisième étage, la découverte des mutants qui fait basculer le film dans le carnavalesque avec leurs armures japonaises et leur palais façon Conan. En passant, c'est David Prowse qui joue l'exécuteur, Prowse qui n'a pas joué que Dark Vador dans sa vie. Dernier étage, le combat avec le monstre de la caverne, grand moment de n'importe quoi qui force le respect par le sérieux manifesté par les acteurs. Pourtant...

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Pourtant, le film dégage encore un certain charme. Il est facile d'ironiser sur les effets spéciaux et j'imagine que ceux qui n'ont connu que les prouesses du numérique disqualifieront aisément les monstres statiques de ce monde oublié. Mais les décors de la première partie, la banquise dans la brume, le vieil hydravion, fonctionnent bien. L'atterrissage catastrophe rappelle ceux du film de Howard Hawks, Seuls les anges ont des ailes. La musique de John Scott est une belle réussite, ample, aux sonorités tout à tour épiques ou étranges dans la lignée du travail de Jerry Goldsmith sur La planète des singes. Kevin Connor a un certain sens du rythme et une scène comme l'attaque du ptérodactyle est habilement montée. Il est aussi nettement plus à l'aise dans les extérieurs (tournage aux Canaries) que dans les décors de carton pâte qu'il peine à faire exister un minimum. Reste que j'apprécie toujours que les acteurs prennent leurs rôles au sérieux dans de telles conditions et ne succombent pas au second degré facile. Patrick Wayne est un héros correct qui marche sur les traces de son père dans le style célibataire bourru un poil machiste, Sarah Douglas campe une héroïne émancipée avec humour, ce qui lui vaudra, j'en suis resté surpris, une nomination aux oscars. Dans les seconds rôles, outre David Prowse, il faut mentionner Thorley Walters, pilier de la Hammer Films, en savant forcément farfelu, Doug McClure en héros invité et, surtout, surtout, la très belle Dana Gillespie dans le rôle du fantasme adolescent, Ajor, femme des cavernes à la sensualité nature. Pour elle, il sera beaucoup pardonné à ce monde perdu en mode mineur.

Photographie : capture DVD MGM et meekermuseum

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