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« Soirée Causerie » de Feucherolles – Rencontre avec Laurence Cosse.

Publié le 09 octobre 2011 par Qfqdmv
soiree-causerieVendredi 14 octobre 2011 à 20h30
Soirée Causerie autour de ses œuvres, à l’occasion de la sortie de son dernier roman.

Dans « Les amandes amères », de Laurence Cosse, une Parisienne tente d’apprendre à lire à sa bonne marocaine. Mais la grâce elle-même ne touche pas toujours les cœurs simples…

C’est un roman chrétien. Son héroïne prend le mot « charité » au sérieux. Sous nos yeux, Edith donne de son temps, rend service et traite en être humain une de ces personnes qu’on ne fait d’habitude que frôler. Ce n’est pas une posture, elle n’aide pas du bout du cœur, mais s’accroche à son projet : apprendre à lire à sa femme de ménage marocaine. On est à Paris, dans un beau quartier, on soupçonne cette bonne âme de lire «Télérama» et «Le Nouvel Obs ». Elle ne le révèle pas, mais il est bien possible que, dans sa famille, on dise aussi le bénédicité avant de passer à table. Intellectuelle bobo, traductrice de romans étrangers, Edith travaille chez elle où, le soir, son mari lui rapporte souvent des fleurs. C’est une Parisienne tranquille à très basse teneur en émotions fortes. Seulement, miracle, elle est généreuse et, pendant des mois, elle va se battre pour arracher Fadila à l’analphabétisme. Un vrai défi. Son élève est déjà grand-mère et déchiffre chaque lettre comme une boîte noire. Les mots l’intimidant, elle les désapprend au fur et à mesure qu’elle les retient. D’un jour sur l’autre, sa Volonté se désagrège. La vie sans la lecture, c’est comme la nature sans jardinier, de vastes espaces sans aucune perspective, et Fadila le sait. Elle éprouve son handicap comme une honte qui la rend sans cesse dépendante des autres. Pourtant, elle baisse les bras. Tel un zèbre résigné à ne jamais sortir de ses rayures, elle n’a pas le même espoir qu’Edith. Dans la vie, il y a longtemps qu’elle ne croit plus qu’on se soulève de terre en se tirant les cheveux. Tout a toujours été dur.Tout le demeure. Même ses enfants la blessent. Parfois, quand elle va tirer de pauvres billets au distributeur pour son fils, c’est la Mère Goriot qu’on voit se dépouiller. D’habitude la patience est amère, mais ses fruits sont sucrés ; là, ils se révèlent secs. Edith a beau apporter du bois, et encore du bois, le feu ne prend pas. Ce n’est pas son cerveau que Fadila rêve de voir rempli de lettres, mais son cœur qu’elle armerait recouvert de caresses. Il les attend toujours et elles arrivent de plus en plus rarement. C’est déchirant mais, une fois n’est pas coutume, tous ces bons sentiments n’empêchent pas la bonne littérature. Cette histoire rend dérisoires, grotesques même, bien des récits de gens qui se prétendent «mal à l’aise » dans la société et partent publier leur désarroi sur trois cents pages. Fadila n’écrira pas ses Mémoires, mais ceux qui ont goûté à ses amandes amères ne l’oublieront jamais.


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