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L'Harmattan de Sembene Ousmane

Publié le 17 septembre 2011 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile
L'Harmattan de Sembene Ousmane
Écrivain sénégalais et réalisateur tel un griot moderne, conteur , Sembéné Ousmane est connu comme chroniqueur historico-socio-politique. Il est considéré comme l'un des fondateurs de la tradition africaine réaliste. 
Observateur et analyste lucide,  Sembène dépeint l'Afrique Subsaharienne avec beaucoup d' auto-critique. Son œuvre est moins romancée que celle de Léopold Sédar Senghor, qui, plus ou moins glorifie le passé.
L'Harmattan se déroule dans un pays africain indéfini, indiscernable, amalgame des caractéristiques de toute l'Afrique sub-saharienne (mais pas que)..
Dans ce livre, tout comme dans "les bouts de bois de dieu", il prône la solidarité et la fraternité humaines, le rapprochement des hommes en face d'un même destin, en insistant sur le sentiment de collectivité. Pour lui, l'individu prend son sens et  se définit en fonction des rapports et des intérêts du groupe qui l'entoure. Une vision communautaire au sens large et non dans l'acception restreinte qui est quelques fois employée ). L'auteur va plus loin, tant que la question de la liberté ne sera pas réglée pour  l'individu au sein de la famille, il sera difficile, voire illusoire d'envisager une libération nationale
L'histoire : un référendum pour l'indépendant vient chambouler la routine de la vie quotidienne. Sembéné expose sa crainte des lendemains incertains  Il suggère, empruntant les traces de Frantz Fanon, que l'indépendance seule ne peut apporter une véritable liberté.
Des événements sociaux et politiques réels survenus en Afrique de l'ouest, il en fait  ce roman : il s'agit de la mobilisation des masses dans la campagne pour le " Non " au référendum de 1958. L'auteur se veut ici  témoin objectif de la réalité du quotidien de chacun, en restant au plus près du réel, du peuple, des habitants de ce pays imaginaire, caléidoscope de différents pays de cette partie du continent africain. 
Sembéné depeint des figures de pères qui ne sont des modèles ni pour leur famille ni pour la société et critique de manière éclatant le comportement d'un père vis à vis de sa fille. Bien loin de la "sacro-sainte" autorité et même  puissance paternelle jamais remise en cause dans la littérature dite africaine. Il apparait même comme dogmatique et ultra conservateur, autoritaire et borné voir aliénant.  Comme a son habitude, que ce soit dans ses livres ou films, Ousmane Sembéné raconte la vie des femmes en Afrique. A l'instar de  Ouhigoué, mère d'une jeune institutrice rebelle Tioumbé,  représente la femme conditionnée par la coutume ancestrale, comme incorporée. Elle est une victime du régime de la polygamie. Ouhigoué reconnaît la supériorité de l’homme. Son mari, Joseph Koéboghi est un homme violent et tyrannique, curé laïc. Il la traite en esclave, la bat et l’injurie à longueur de journée mais elle accepte sa condition déplorable : « Aucune femme ne peut se vanter de n’être jamais battue par son père ou par son mari  ».Ce a quoi Tioumbé répond par son indépendance, son athéïsme et sa militance, emprunte d'idées marxistes.
Dans  L'Harmattan, le lecteur découvrira des personnages d'une générosité inoubliable (le médecin, la matronne, les militants...). Ce roman est un témoignage vivant sur cette période agitée précédant les indépendances.
A vous de lire !


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