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Clausewitz (VI,8) : Types de résistance (1/3)

Publié le 07 août 2011 par Egea

Finalement, j'ai reçu quatre votes en faveur d'une reprise de ma lecture de Clausewitz. Comme on est au milieu de l'été, je rajoute le mien, ce qui fait cinq votes, et donc, le quorum est comme la tarte, Tatin. De plus, cela fera le 40ème billet sur Clausewitz (du moins sur le nouvel égéa, car il y a en a déjà 37 sur l'ancien).

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Bon, toutefois, ce chapitre 8 du livre VI est très long, et je l'évoquerai en trois billets.

1/ Rappelons où nous étions : le livre VI traite de la défensive, et le chapitre 7 évoquait l'interaction entre attaque et défense.

2/ Le chapitre 8 compte seize pages, consacrées aux types de résistance : autrement dit, aux façons d'organiser la défensive. Et CVC de rappeler, pour commencer, que "la défense ne peut-être passivité complète, l'attente n'est pas absolue mais relative : dans l'espace (...) et dans le temps". (284). En effet, "la défense consiste en deux parties hétérogènes, l'attente et l'action" : on pas deux phases successives, mais "un va-et-vient entre les deux" (285). "Le principe de l'attente se fait sentir dans toute la phase défensive".

3/ Cette pédagogie de l'action est précisée par CVC : "'nous réaffirmons au contraire que l'idée d'une riposte est contenue dans toute défense. Autrement, quel que soit le dommage infligé à l'adversaire par la première phase de réaction, l'équilibre voulu ne serait pas rétabli dans la dynamique de l'attaque et de la défense" (286). Notons au passage le mot de dynamique, inhérent à la guerre : toutefois, je ne crois pas qu'il faut voir là l'autre dynamique, celle de la montée aux extrêmes. J'ai en effet l'impression qu'on est dans la dynamique de la "bataille", non dans celle de la guerre.

4/ Clausewitz présente ensuite les différents types de défense ou, plus exactement de résistance, pour reprendre le mot du titre du chapitre. "Imaginons une armée qui a pour mission de défendre un théâtre d'opération". CVC distingue quatre cas :

  • "elle peut attaquer l'ennemi dès que celui-ci envahit son théâtre".
  • "Elle peut prendre position près de la frontière, attendre l'apparition de l'ennemi en position d'attaque, et attaquer la première".
  • " L'armée peut non seulement attendre que l'ennemi se décide à attaquer, mais attendre qu'il passe effectivement à l'attaque" (287)
  • "L'armée peut reporter sa ligne de résistance à l'intérieur du pays", en laissant "derrière lui une ou plusieurs place-fortes que l'ennemi doit soit assiéger, soit bloquer. Il affaiblit considérablement ses forces".

5/ Car voici la règle qui fonde la défensive : " dans l'attaque stratégique, l'armée qui s'avance s'affaiblit constamment". Surtout "le gain de temps est le principal avantage du quatrième cas" (288) car "l'élan de son attaque s'épuise par le fait de son avance". Au fond, la défensive favorise une guerre d'attrition, ce qui est fort différent des guerres contemporaines où l'air power constitue une guerre d'attrition : c'est l'attaquant qui produit désormais l'attrition, non le défenseur.

6/ "Quand ce processus se sera déroulé, le rapport de forces entre défenseur et attaquant aura changé, et il faut encore porter un avantage accru au crédit de l'attente". Remarquons au passage qu'encore une fois, l'essentiel chez CVC est le rapport de forces, chose facile à déterminer sur un champ de bataille de son époque. Il faudrait réfléchir aujourd'hui à la notion de rapport de force, qui me semble considérablement plus difficile à appréhender, donc à calculer.... Mais le maître continue : "Loin d'affaiblir l'action de résistance, chaque nouvelle étape vise à la prolonger et à la différer (...). Une fois les forces ennemies épuisées, la contre-attaque sera plus forte" (289) : ainsi, la défensive n'est utile, comme nous l'avons déjà remarquer, que parce qu'elle prépare une contre-attaque : en ceci, l'attente n'est qu'un prélude à l'action. Et de conclure le paragraphe : "Nous affirmons donc que la prépondérance, ou, mieux, le contrepoids dont peut se prévaloir le défenseur, s'accroît à chacune de phases de la défense, et que s'accroît donc également la puissance de la contre-attaque".

7/ Une remarque cependant : CVC semble considérer que les RAPFOR sont suffisamment proportionnés pour qu'une attaque suffise à s'émousser dans son mouvement, rendant donc l'avantage à la défense. Toutefois, il ne semble pas envisager le cas où un RAPFOR est suffisamment inégal pour que l'attaque soit assez puissante pour emporter la défense qui lui est opposée, et aller jusqu'à la percer, et donc se saisir des points décisifs voire du centre de gravité du défenseur....

(à suivre)

O. Kempf


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