Le biocarburant sont finalement tout sauf écologiques lorsqu’ils sont de première génération, c’est-à-dire produits à partir de cultures vivrières dédiées par exemple au maïs. Bien que leur empreinte écologique « réelle » soit sensiblement plus importante que celle des combustibles fossiles, ils se sont largement développés, contribuant ainsi à une hausse substantielle du prix des denrées alimentaires de base (puisqu’ils empiètent sur les champs destinés à l’alimentation) et participant à la déforestation (les arbres étant coupés pour faire place aux cultures destinées à leur production).
Plutôt que de tirer un trait sur ces essences alternatives et de persister dans les essences « traditionnelles », qui ne sont pas non plus la panacée environnementale, la plupart des spécialistes prônent désormais une évolution vers de biocarburants à l’impact environnemental est moindre. Certains se penchent depuis peu sur les capacités énergétiques de l’agave, plante essentiellement connue pour son rôle majeur dans la production de la téquila…
Originaire d’Afrique, du Mexique ou d’Australie, l’agave a la particularité de pousser dans des régions arides, ce qui signifie qu’en plus de ne nécessiter que très peu d’eau, elle ne risque pas de prendre la place de cultures alimentaires ni de forêts.
Une nouvelle étude rédigée par des scientifiques de l’Université d’Oxford et publiée récemment dans la revue Energy & Environmental Science démontre en outre que le biocarburant à base d’agave n’émet que peu de dioxyde de carbone (CO2), ce tout au long du cycle de vie. Avec seulement 35 grammes pour un mégajoule (MJ) d’énergie produite, il ferait beaucoup mieux que le bioéthanol à base de maïs (85g/MJ). Chaque étape de la production des biocarburants, des fertilisants susceptibles d’être utilisés à la consommation énergétique des machines, a été prise en compte pour arriver à ce chiffre.
Les cannes à sucre du Brésil, elles, représenteraient une énergie alternative encore moins polluante, n’émettant que 20 grammes de CO2 par mégajoule. De grandes disponibilités en eau, une terre particulièrement fertile, beaucoup d’espace, et l’utilisation d’hydroélectricité pour le séchage des plantes expliquent ce bon résultat, étant entendu que, produit ailleurs qu’au Brésil, le biocarburant à base de cannes à sucre aurait une empreinte carbone plus importante.
Au bout du compte, l’agave serait donc LA solution. « Dans un monde où les terres arables et les ressources en eau se font de plus en plus rares, [il présente] des attributs indéniables dans la bataille nourriture contre carburant, qui est amenée à s’intensifier étant donné l’importante croissance attendue en production de biocarburants », a résumé Andrew Smith, spécialiste des plantes à l’Université d’Oxford et membre de l’équipe de recherche auteure de l’étude.
Les experts soulignent néanmoins que ce type de biocarburant, aussi séduisant soit-il, ne peut pas à lui seul représenter une véritable révolution écologique. Ils insistent en effet sur la nécessité de développer des engins plus économes en énergie et de mettre plus de véhicules électriques en circulation. En d’autres termes produire de l’essence écologique, c’est bien, mais asseoir le développement des voitures eco-friendly, c’est mieux.