Le secteur du travail social a toujours eu bien du mal à se mobiliser , tant pour lui-même que pour son public, considérant souvent ces métiers comme un sacerdoce qui méritent qu’on leur sacrifie tout.
Alors quand les travailleurs du 115 décident de se mettre en grève, c’est en petit évènement. Bien évidemment, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’en face Benoist Apparu face amende honorable. Face à des professionnels sur le terrain toute l’année, le secrétaire d’état nous sort des chiffres : il n’y a jamais eu autant de places disponibles dans les centres d’hébergement .
© Romain NICOLAS - CRF75 - 2010
Sans doute. Mais rappelons nous la promesse pré-électorale de Sarko : plus aucun sdf ne devait dormir dehors. Pourtant , en 2010, 340 sans-domicile sont morts dans nos rues de France. Rappelons aussi que jamais la précarité n’a été aussi grande dans notre pays livré au capitalisme sauvage, que s’il ya 115000 places d’hébergement , il y a ,au minimum, 133000 sdf selon l’insée, un chiffre qui , dans la réalité , doit sans doute se rapprocher des 200000.
Il faut aussi se battre pour que ces hébergements ne soient pas qu’une solution hivernale, mais permettent une vraie prise en charge toute l’année, seule capable de proposer une solution viable sur le long terme à ces gens qui ont besoin de se réinsérer. Plutôt que de l’héberger en hiver, de les renvoyer à la rue au printemps pour les récupérer encore plus abîmés l’hiver suivant.
Benoist Apparu, avec l’autisme qui caractérise si bien notre gouvernement, peut-il avoir aussi peu de dignité pour affirmer des choses fausses avec pour seules preuves des chiffres qui en sont rien comparés à la vérité du terrain ? on voit bien là que nous avons une classe politique de gestionnaire où l’humanité est de moins en moins présente. On sauve les banques et ce système qui a tout pourri , mais on laisse des gens crever dans nos rues de pays riche.
N’en déplaise à Mr Apparu, les moyens mis à la disposition des travailleurs du 115 sont largement insuffisants (et on ne parle même des conditions de travail de ces travailleurs ; il y a quelques années, on m’avait proposé d’y travailler, j’ai préféré décliner tant j’avais l’impression de m’engager dans une terrible galère qui succédait à une autre galère épuisante au centre départemental de l’enfance). Il a beau jeu de sortir des chiffres qui montrent une explosion du budget depuis 2007, mais il oublie de dire qu’on partait de très bas et dans un contexte économique plus favorable. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir…