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Lire en thailande & a singapour

Publié le 22 juillet 2011 par Abarguillet

LIRE EN THAILANDE & A SINGAPOUR

Thaïlande, Nyamnar, Malaisie, Singapour, Bengladesh

Lire de Singapour à Dacca

Pour cette nouvelle étape littéraire, nous avons dû considérer un vaste territoire qui s’étend de Singapour au Bangladesh, pour rassembler suffisamment de lectures et vous présenter cette publication. Ces pays ne manquent cependant pas d’écrivains de talent mais nos éditeurs ne leur accordent que peu d’attention et rares sont les livres issus de ces différents pays qui obtiennent l’honneur d’une traduction. Nous avons donc dû entreprendre une longue quête pour pouvoir rassembler les lectures que nous vous proposons. Sous la conduite de Catherine Lim, Chinoise de la diaspora singapourienne, nous avons pu rencontrer les oeuvres de Shahnon Ahmad venu de Malaisie, du Thaïlandais Nikom Rayawa et de la Bangladaise Taslima Nasreen. Une moisson un peu hétéroclite mais un tour d’horizon suffisamment large pour apprécier quelques-unes des facettes de cette vaste littérature trop méconnue et néanmoins talentueuse.

La maîtresse de jade

Catherine Lim (1942 - ….)

Catherine Lim, écrivain singapourien de la diaspora chinoise, nous emmène sur les sentiers tracés par Pa Kin, célèbre homme de lettre chinois décédé en 2005 à cent ans révolus, pour nous raconter l’histoire d’un amour impossible, au cœur du XX° siècle, dans cette société chinoise ancestrale et immuable qui n’a pas beaucoup évolué depuis quelques siècles. Un monde où les vivants et les morts, les dieux et les hommes vivent dans une étrange proximité.

La mère de Han qui n’a pas les moyens d’élever tous les enfants que son homme lui fait et de satisfaire sa passion du jeu, décide de vendre sa fille car c’est l’enfant le plus présentable, à une riche famille qui en fera une servante. La petite Han, très volontaire et très dégourdie, après une période de rébellion, comprend rapidement le fonctionnement de cette micro société composée de la famille et ses servantes et devient la compagne de jeu préférée du jeune maître avec lequel elle développe une belle amitié qui se transforme, en ce qui la concerne au moins, l’adolescence venue, en un amour immense et total. Mais, le jeune maître part pour plusieurs années à l’étranger et elle doit attendre patiemment en supportant la mesquinerie de la gent ancillaire et le mépris des membres de la famille. Le retour du jeune maître est l’occasion de la reconquête de cet amour d’enfance qui s’oppose à l’amour officiel, décrété par la famille, avec la fille d’une autre famille encore plus riche. Alors commence les tribulations pathétiques de cette jeune servante pour séduire son jeune maître sous les yeux de sa fiancée. C’est le roman habituel de l’amour impossible où même la violence, la misère et la perfidie sont sirupeuses à souhait. Et, cette histoire qui aurait pu être une belle histoire d’amour, comme la littérature en a immortalisée plus d’une, devient un grand délire pathétique qui ne fera frémir que les âmes sensibles.

Catherine, je trouve dommage que ton livre tourne un peu trop au pathétique qui fait vendre auprès d’un plus large public, selon la formule consacrée, car ce récit comporte des éléments intéressants sur la culture des Chinois de la diaspora que nous ne rencontrons pas si souvent dans les librairies. En effet, ce livre pose clairement la question de la prédominance de l’enfant mâle et les risques qui en découlent, à la naissance, pour les filles. Il souligne aussi avec beaucoup de justesse toutes les difficultés que rencontrent les femmes dans cette société patriarcale qui fonctionne autour de trois principes qui constituent comme… un rempart indestructible fondé sur la naissance, le pouvoir et la richesse. Et ces problèmes sont nettement amplifiés lorsqu’il s’agit de femmes servantes puisqu’elles cumulent deux tares qui les relèguent dans les tréfonds de la société comme des esclaves. Il aurait été intéressant que le récit développe davantage ces thèmes culturels et sociaux pour que nous comprenions bien que les Chinois d’aujourd’hui n’ont peut-être pas totalement rompu avec la Chine ancestrale et que pour les comprendre il faudrait que nous comprenions mieux leur culture et leur histoire.

Ce pourrait être un bon livre pour réhabiliter la femme, la fille, la servante et tous les exploités dans cette société patriarcale où il faut être riche et le montrer avec ostentation pour exister. Lisez le en oubliant un peu l’histoire, dans le genre il y a beaucoup mieux dans notre littérature.

Le riz  de Shahnon Ahamad  ( 1933 - ... )

Une lecture très ancienne pour moi, une lecture que je n’oublierai jamais tant la tension y monte sans cesse comme dans une rhapsodie qui emporte tout dans une spirale infernale. Lahuma et Jeha, un couple de pauvres paysans malais, ne survit que grâce à la culture du riz. Mais, lorsque Lahuma, le père, est victime d’un accident, c’est sa femme qui doit assurer le travail dans la rizière pour que la famille puisse survivre. Bientôt, les filles rejoignent la mère mais la spirale de la malchance, de la misère, de la fatalité, s’acharne sur cette pauvre famille qui lutte sans jamais baisser les bras malgré un sort bien contraire. Un livre poignant, attachant et même un brin révoltant.

L’empailleur de rêves  de Nikom Rayawa  ( 1944 - ... )

Avec ce petit roman Rayawa cherche surtout à nous donner une autre image de son pays, celui qui était le Siam et qui correspond mieux au lieu où il habite que celui qu’on appelle désormais la Thaïlande qui évoque plutôt une certaine forme de tourisme qu’il n’est nullement besoin d’évoquer ici pour comprendre ce jugement.

L’empailleur de rêves c’est Cam-ngaï, il est le cornac d’un éléphant mais peut-être même plus, son ami, jusqu’au jour où le propriétaire décide de se séparer de cet animal. Le cornac décide alors de partir à la recherche de son ami en faisant divers métiers, plutôt des boulots, une quête qui nous permet de découvrir, sur les traces de l’empailleur cornac, ce pays si mal connu.

Lajja  de Taslima Nasreen  ( 1962 - ... )

Ce livre a fait l’actualité lors de sa parution car il est plus un réquisitoire contre l’intolérance religieuse qui sévit au Bangladesh qu’une fiction et cela valut à son auteur une fatwa de la part des islamistes qui dirigent le pays. Les extrémistes hindouistes ont brûlé une mosquée et la réaction fut immédiate, les islamistes ont déclenché une riposte violente qui décime les villages, les maisons, les familles dont celle qui sert de support à ce roman. Avec cette fiction qui s’inspire des événements de 1990, Taslima Nasreen a voulu dénoncer les violences perpétrées par les extrémistes religieux de tout bord et notamment les maltraitances infligées aux femmes qui sont toujours dans le camp des victimes. Un acte de courage plus qu’une œuvre littéraire qui mérite tout notre respect et notre soutien.

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