Magazine Politique

Les républicains et les démocrates américains à l’O.K. Corral

Publié le 16 juillet 2011 par Jclauded
À Tombstone, en Arizona, à O. K. Corral lors de la conquête de l’Ouest américain, des cow-boys ivres et armés jusqu’aux dents arrivèrent en ville pour venger un des leurs et résistèrent à être désarmés par le Marshall Virgil Earp. Une fusillade éclata et en quelques minutes, ils étaient morts. Cet évènement devint légendaire.
Les USA vivent un nouvel O.K. Corral. Les républicains, ivres de l’appui des teapartyers, se croient invincibles et veulent politiquement tuer le président Barack Obama. La bataille entre les républicains et les démocrates a rapport au rehaussement du niveau d’emprunt légal des USA.
Les républicains s’y opposent et donnent l’impression d’être prêts à créer la crise financière qui en découlera. Ils refusent de faire aujourd’hui, ce qu’ils ont fait sept fois sous la présidence du républicain GWBush.
Les teapartyers ont facilité leur élection majoritaire lors de la dernière élection législative et, par conséquent, leur ont donné le contrôle de la Chambre des représentants. Parmi ces derniers, 85 nouveaux élus sont arrivés au Congrès dans le but de défaire Obama. Ils ont affirmé publiquement qu’ils étaient prêts à tout pour atteindre cet objectif. Les teapartyers les suivent de près et exigent maintenant qu’ils respectent leurs promesses et diminuent radicalement les dépenses gouvernementales. Ces teapartyers sont anti-gouvernement, contre l’accumulation de la dette et contre toute augmentation de taxe. Pour eux, le gouvernement est trop gros, trop présent dans leur vie et les taxe trop. Ils affirment qu’Obama est un piètre président, qu’il dépense sans limite et qu’il leur a imposé le dispendieux Obamacare (le programme de santé qui a permis à 35 millions d’américains d’être enfin protégés pour les soins de santé). Ce qui est surprenant c’est que beaucoup de ces teapartyers seront des bénéficiaires de l’Obamacare.
Si le nouveau niveau d’emprunt proposé par Obama n’est pas voté, les sondages indiquent que les américains blâmeront les républicains pour la crise financière globale qui en résultera. Par exemple, ces derniers ont refusé la proposition du plan de compromis du président visant à couper la dette de 4,5 trillions $. Ce plan équilibré comprenait en partie une réduction appréciable des dépenses, et de l’autre : de nouvelles taxes pour les plus riches, l’abolition d’exemptions fiscales allouées à l’industrie pétrolifère/gazifière et l’élimination de généreux taux d’amortissements pour les propriétaires d’avions à jet privés. Si les républicains persistent et ne votent pas l’augmentation, ils porteront sûrement l’odieux d’avoir poussé le pays dans un désastre pour ne protéger que les plus riches.
Le débat semble insoluble à cause de son aspect politique. Un expert budgétaire américain affirme : « C’est le plus extrême et multidimensionnel défi politique depuis 35 ans à Washington ». En somme, l’antagonisme partisan grossit si vite que le momentum ne pourra être arrêté à temps pour voter le plan d’Obama. Les républicains, en particulier, en élevant les attentes de leurs partisans font en sorte que tout compromis de leur part sera qualifié par eux de traîtrise. En effet, ils ont promis de couper dans la sécurité sociale, le programme de soins de santé et celui de l’assistance médicale aux plus pauvres. En plus, ils veulent arrêter le programme de relance économique voté au début du mandat d’Obama et récupérer les argents non dépensés, mettre un frein aux projets touchant l’environnement et aux projets spéciaux des élus.
L’erreur de stratégie des élus républicains en surprend plusieurs. Ils ont fait de la question de leur refus à toute augmentation de taxes une condition sine qua non à leur accord pour l’augmentation du plafond de la dette. Du pur chantage car presque tout le monde reconnaît que cette dernière est essentielle pour éviter un désastre économique. Malgré qu’ils aient pris des engagements électoraux qu’ils ne pourront de toute évidence respecter, ils continuent à affirmer que jamais ils n’accepteront des augmentations de taxes. On voit bien qu’ils craignent les teapartyers.
Le sénateur Mitch McConnell, le leader républicain au sénat, vient de proposer que l’augmentation du plafond de la dette soit approuvé sans le vote des républicains et sans condition de leur part comme les diminutions de dépenses. Il dit ne pas vouloir aider Obama à se faire réélire et veut lui laisser tout le blâme de la mauvaise économie. Il rappelle la période de Clinton où les républicains, qui avaient à ce moment-là le vent dans les voiles, avaient organisé une manœuvre similaire à celle d’aujourd’hui en refusant de voter pour le budget. Le gouvernement avait dû alors fermer ses portes, faute d’argent pour payer les fonctionnaires. Les américains choqués avaient alors blâmé les républicains qui s’écroulèrent dans l’opinion publique. Leur erreur de jugement politique assura la réélection de Clinton. McConnell craint que les républicains d’aujourd’hui subissent le même sort s’ils répètent la même erreur.
Déjà, McConnell est accusé par les teapartyers de ne pas profiter de l’occasion pour diminuer les dépenses et les autres élus républicains ont peur puisque les teapartyers les menacent de s’opposer à leur nomination comme candidats républicains pour la prochaine élection. Quant à Bill Clinton, il recommande aux démocrates de tenir ferme et de ne pas se plier aux exigences des républicains.
Devant la résistance des républicains, le président Obama s’est exclamé : « ils sont des extrémistes qui tiennent un canon de révolver contre la tempe du peuple américain afin de pouvoir maintenir les exemptions de taxes à des propriétaires de jets privés ».
En somme, la bataille est politique et se résume à qui sera blâmé par les électeurs. C’est la prochaine élection présidentielle qui se joue.
Claude Dupras

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jclauded 603 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine