Il y a des disques qui nous parlent instantanément, dont on se dit qu’ils sont faits pour nous, qu’on ne pouvait littéralement les espérer – les rêver – meilleurs. Ces disques sont rares, il n’y en a pas un tous les ans. Le dernier, c’était peut-être Floorshow de Baxter Dury, peut-être Third de Portishead. Et bien avant, il y a très longtemps, le premier album de Julien Baer.
Un de ces disques vient de sortir. De nulle part. Ecouté comme ça, presque par hasard, grâce à une info de Domino Records qui le distribue en France et qui, dans une communication lapidaire, faisait allusion – mot de passe instantané – à Elliott Smith. Résultat : ce disque m’obsède depuis quelques semaines. C’est troublant. Comme si quelqu’un avait réussi à prélever ce que j’aime le plus profondément dans la pop et dans le rock, à le synthétiser en une quarantaine de minutes et une dizaine de tubes potentiels, puis à le graver sur un disque. Un disque inimaginable. Celui qu'on aurait rêvé d'enregistrer si on se perdait dans ce genre de fumeuses considérations. Ce disque fascinant, c’est celui de Mini Mansions, trio mené par l’actuel bassiste des Queens of the Stone Age. Or, préciser cela, c’est ne rien dire de la beauté d'un album qui n’emprunte absolument rien au groupe de Josh Homme (sinon le label Rekords Rekords). Par contre, fantasmer ce disque comme le meilleur album de morceaux inédits des Beatles enregistrés par Supergrass et Elliott Smith, c’est déjà le circonscrire un peu mieux. Alors, je ne sais pas si Mini Mansions est un grand disque. Mais chez moi, depuis un mois, il prend toute la place. Il n’invente rien, mais il réinvente tout.