J'ai découvert la marque Nationale 145 au détour d'un magazine. Nationale 145 a tous les ingrédients pour réussir: un style vintage aux accents 70's, de belles matières, une façon made in France et des prix raisonnables. J'ai rencontré sa créatrice Corinne Jaugeard pour qu'elle nous en dise plus pour sur cette jeune marque qui monte.
Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours ?
J’ai presque 20 ans d’expérience dans la production de prêt-à-porter pour des maisons de luxe : chez Chanel pendant 6 ans, ensuite chez Galliano puis enfin chez Dior. Après toutes ces expériences, je me suis dit, bon j’ai passé 40 ans, j’ai toujours aimé le risque et l’aventure, pourquoi ne pas créer ma propre marque. J’ai toujours été créative, même si je n’ai pas fait d’école de style. Donc, je me suis lancé avec Nationale 145…
D’où t’es venu ce nom ?
La Nationale 145, c’était la route des vacances que je prenais avec mon papa dans la Creuse. C’était ce qu’on attendait chaque été avec impatience. On mettait toutes les affaires dans le coffre de la DS et on roulait vers la plage, avec mon père qui fumait des Gauloises et le rock dans l’autoradio. Pour moi, c’est un nom synonyme de mon adolescence, de liberté. Je voulais retrouver ce côté léger, un peu ludique dans la marque.
Quelle est la cliente Nationale 145 ?
Nationale 145, c’est un côté rock, très 60’s, très british, très créateur. C’est la parisienne entre 25 et 50 ans, un peu branché mais pas trop, qui ne s’habille pas comme tout le monde, qui n’a plus envie de s’habiller chez Maje, Sandro ou APC.
Mais je ne vais pas rester toujours dans ce côté 60’s. Mon dernier lookbook a été shooté chez moi, il y a ce côté un peu rétro avec du mobilier d’époque. Mais la marque va évoluer entre les années 50 et aujourd’hui. Pour ma prochaine collection, je passe déjà à autre chose, je suis moins emprunt de nostalgie.
Tu as fait aussi quelques pièces hommes ?
Oui, en collaboration avec un artiste. Je me concentre sur la femme mais mon projet est d’évoluer l’univers vers l’homme. L’homme ce sont des fabricants différents, un autre réseau, un autre marché. Quand la femme démarrera, je développerai l’homme.
Comment ton expérience précédente t’a aidé dans ton projet ?
Je connais beaucoup de bons fabricants français, dont certains avec qui je travaillais depuis chez Chanel. C’est important pour avoir un gage de qualité. Ils m’ont fait confiance dès ma première collection. Les distributeurs n’osent pas prendre des risques avec des jeunes créateurs. Ils n’ont pas confiance dans la qualité, les livraisons. Si tu arrives avec les bons fabricants, c’est déjà un plus.
A l’origine, tu étais plus sur la production que la création, comment travailles tu tes collections ?
Je travaille comme j’ai vu les stylistes travailler chez Chanel et Dior. Je travaillais directement avec le Studio. Je voyais toutes les collections se construire. Les recherches de matières, les prototypages, je connais, ce sont des choses que j’ai appris. Le côté créatif je l’ai toujours eu en moi.
Quel est le plus dur quand on se lance en jeune créateur ?
C’est l’argent… Quand tu commences, tu dois tout payer tout de suite et tu payes tout très cher parce que tu fais des petites quantités : les matières, la production. Tout ce que tu vends, tu le réinvestis pour développer la collection suivante. Cela peut durer des années. Il faut avoir une banque qui ait confiance et qui te suive.
Comment se passe le buzz autour de la marque ?
J’ai fait 2 collections très fortes, notamment cet hiver. Je suis rentré dans le bureau de presse Quartier General. La marque apporte un truc différent de ce qu’on voit actuellement. Le buzz va bientôt démarrer !
Où es tu distribuée ?
Les acheteurs sont encore frileux. Ils aiment bien mon parcours, le côté grande maison qu’ils retrouvent sur le produit, mais avec la crise, ils ne prennent pas de nouveaux noms. Tu me trouveras chez Conform to Deform rue française et Auto Reverse qui est à Nimes. Je pense vraiment à la vente en ligne, j’y crois de plus en plus.
Tu parles de rock, peux tu me dire quel est ton artiste préféré dans les 60’s et aujourd’hui ?
Mon idole n’est en fait pas vraiment 60’s, mais plus 80’s. C’est David Bowie que j’ai découvert à 14 ans avec le film Moi Christianne F. Je suis devenu accro à David Bowie. Aujourd’hui, j’aime bien The Strokes, mais surtout leur premier album, j’ai été déçu par le dernier.
Mon univers musical reste très attaché aux années 80. J’aime la Coldwave et postpunk avec des groupes comme StinkyToys, Bush Tetras, The Sound, Elie et Jacno… En même temps, j’écris et je chante. Je viens de signer avec un label, label UNOWY on est en train de préparer un premier album sous le nom de Mademoiselle Lwiphine. Je fais ça avec des jeunes ,passionnés par la musique electronique, je leur ai fait écouter un premier morceau qu’ils ont adoré.
Donc la revendication rock, ce n’est pas que sur les vêtements
Oui, je fréquente peu de monde qui travaille dans la mode, mais plus des gens de la musique. Dans mes vêtements, il y a toujours une petite touche un peu rock parce que c’est comme ça que je m’habille. Cette année, j’ai créé 2 pièces pour Danton Eeprom qui est un artiste et dj londonien. Maintenant, on est sur un projet pour septembre octobre avec un label français parisien. Chaque saison, j’organise une collaboration avec un artiste.
Plus d'informations: nationale145.com
Pour écouter la musique de Mlle Lwiphine, c'est ici.