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THE TREE OF LIFE, de TERRENCE MALICK PALME D'OR Cannes 2011

Publié le 23 mai 2011 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE
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Le Jury officiel du 64e Festival de Cannes, présidé par Robert De Niro, a dévoilé ce soir son Palmarès lors de la Cérémonie de clôture.
Mélanie Laurent a accueilli Jane Fonda sur la scène du Grand Théâtre Lumière pour remettre la Palme d’or au meilleur des 20 films qui concouraient en Compétition
.






Cérémonie de clôture - Présentation du Jury

Palme d'or

Palme d'or Dede Gardner, Bill Pohlad © AFP


La Palme d'or a été décernée au cinéaste américain Terrence Malick pour The Tree of Life.

Après avoir reçu son prix des mains de l'actrice Jane Fonda, le producteur du film, Bill Pohlad, a déclaré :

"J'ai toujours voulu parler français, et ce soir plus que jamais. Je dois prendre la place d'un géant ce soir. Terrence Malick est extrêmement timide et discret. Mais je lui ai parlé aujourd'hui, et je sais qu'il est ravi de recevoir cette distinction. The Tree Of Life a été un très long parcours, mais le jeu en a valu la chandelle. Je souhaiterais remercier tout particulièrement le Festival de Cannes".


THE TREE OF LIFE - THE TREE OF LIFE - Palme d'Or

Plus d'infos sur le film : The Tree Of Life



 

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Le très attendu  nouveau film de Terrence Malick  ( La ligne rouge , Le nouveau monde ) , avec Brad Pitt en père des années 50, et  Sean Penn , son fils années plus tard..., mélange de drame familial et  cosmos, étoiles, univers... a obtenu la Palme d'Or 2011. Je suis content, J'adore Terrence Malick et j'attendais son nouveau film depuis longtemps.
Présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes le 16 Mai 2011

Présentation du film

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Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn - Montée des Marches - The Tree of Life © AFP

 

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Angelina Jolie, Brad Pitt - Montée des Marches - The Tree of Life © AFP


BRAD PITT, L'HOMME DU JOUR

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Descripción:

Tráiler de 'The Tree of Life', la esperadísima película de Terrence Malick, protagonizada por Brad Pitt y Sean Penn. El film se centra en la vida de Jack, por una parte en los años 50 cuando es un niño viviendo con sus padres, y años después cuando ya es adulto.

Selección Oficial del Festival de Cannes 2011.

Terrence MALICK
Terrence MALICK

Crédits

  • Terrence MALICK - Réalisation
  • Terrence MALICK - Scénario & Dialogues
  • Emmanuel LUBEZKI - Images
  • Jack FISK - Décors
  • Alexandre DESPLAT - Musique
  • Hank CORWIN - Montage
  • Jay RABINOWITZ - Montage
  • Daniel REZENDE - Montage
  • Billy WEBER - Montage
  • Mark YOSHIKAWA - Montage

Acteurs

  • Brad PITT - M. O'Brien
  • Sean PENN - Jack
  • Jessica CHASTAIN - Mme O'Brien
  • Hunter MCCRACKEN - Jack jeune



BANDE  ANNONCE


SINOPSIS:  Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire...
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Dans une interview accordée au magazine Empire, le créateur d’effets visuels Mike Fink a soulevé un coin du lourd voile recouvrant le tournage du prochain film de Terrence Malick, Tree Of Life, avec Sean Penn et Brad Pitt en vedettes.
Selon le technicien, l’équipe aurait commencé « à travailler sur un projet pour Terrence Malick. Qui se révèle être trois films en fin de compte. Une sortie en 35 mm, une version IMAX plus courte et ils évoquent même la possibilité d’une seconde version en 35 mm, à mi-chemin entre les deux autres. »
« Nous travaillons sur l’animation de dinosaures, mais ce n’est pas Jurassic Park pour autant. Le but est de donner l’impression qu’une caméra s’est retrouvée balancée à l’époque où ces mastodontes traînaient sur la Terre et que des premières créatures émergèrent des océans pour vivre sur le sol ferme. L’apparition des premiers mammifères et tout ça. Nous sommes en train de recréer une bonne partie de ces animaux ayant réellement vécu. »
« Je pense que, une fois fini, on s’en souviendra pendant un bon bout de temps. »
Nous voici ainsi bien éloignés d’un des synopsis un temps évoqué par les rumeurs, celui d’une famille avec trois garçons dont l’aîné perdra progressivement et douloureusement son innocence ».
Toujours est-il que lors de l’annonce du tournage et du casting (qui devait voir se rencontrer Heath Ledger et Sean Penn), on présentait Tree Of Life comme une version moderne de Q, un script sur lequel Terrence Malick travaillait depuis 1978, annoncé comme une oeuvre métaphorique sur la genèse de la Terre et de l'Humanité, embrassant les époques, de la Préhistoire à la Première guerre mondiale. source: Comme au Cinéma

Tree of Life :

des infos sur le film de Terrence Malick

épaississent le mystère

Des dinosaures, de l'astrophysique, du microbiens, des étoiles... le magazine anglais Little White Lies vient de dévoiler quelques infos sur le film mystérieux de Terrence Malick

C’est le film le plus attendu de l’année. C’est aussi, sans doute, le plus secret. Tree of Life de Terrence Malick n’a toujours pas été montré, mais il a déjà fait couler beaucoup d’encre, et nourrit toutes les spéculations. Pour l’instant, rien n’a transpiré de ce film à part une ou deux photos et une bande-annonce. Aujourd’hui, un coin du voile vient d’être levé. Le magazine anglais Little White Lies vient en effet de publier quelques secrets jalousement gardés. LWL a pu interviewer toute l’équipe visuelle du film. Qui parle technique, caméra, SFX, mais pas seulement. A travers un processus de création atypique (4 équipes différentes se sont partagés le visuel du film), c’est une oeuvre hors du commun, un film monstre qui apparaît. Un peu.

Musique, émotion et 70’s

Au coeur de cet article, on trouve Dan Glass, le responsable des effets visuels. Dans son domaine, Glass et une pointure. C’est lui qui a supervisé les effets de Matrix Revolution, du Dark Knight et de V pour Vendetta. C’est lui surtout qui a supervisé les effets de Tree of Life. Ses “discussions avec Terrence ont commencé il y a 4 ans et demi. Et elles furent très vague, pleines de fausses pistes. L’une des choses dont on a beaucoup parlé, c’était de trouver un langage et une approches communs. Je lui ai demandé : “est-ce que tu peux me lister la musique que tu imagines derrière ces séquences ? (...) Il m’a amené un CD avec des tonnes de musique qui correspondait à l’émotion qu’il voulait dégager”. Evidemment, on ne saura jamais quelles musiques, ni quelles émotions ont nourri le film.
Mais plus l’article détaille le processus de création, plus la figure de Malick, génie torturé, autiste et maniaque, émerge. On sait le cinéaste secret, limite autiste, mais peu de gens connaissent vraiment ses méthodes. L’article de Little White Lies nous éclaire un peu. Glass qui a travaillé avec les plus grands dit dès le début que Malick “ne ressemble à personne avec qui (il a) travaillé ou travaillera”. Cette profonde originalité commence dès le scénario : “le script, si on peut appeler ça comme ça, ressemblait en fait à un ensemble de notes qu’il a prises depuis 35 ans. Il travaille sur ce projet depuis les 70’s. Des négatifs qu’il a tourné dans les 70’s seront même incorporés au film”. Alors qu’Hollywood formate de plus en plus les scripts et les scénarios, Malick, lui se contenterait donc de notes éparses...

Une oeuvre autobiographique mais pas seulement

Glass confirme au passage une rumeur qui court depuis maintenant quelques mois sur le net. Tree of Life (désormais ToL) serait le projet Q, le fameux film que Malick porte en lui depuis plus de 35 ans, une oeuvre autobiographique racontant l’histoire d’un garçon grandissant dans les 50’s et qui reste hanté par sa relation avec son père très strict. Mais pas seulement. Si la bande-annonce vendait une chronique initiatique très “world”, le film a une ampleur radicalement différente. Et dans ToL, il sera d’abord question de science. La cosmologie, la paléontologie et la philosophie sont au coeur même d’un projet qui évoque la création de l’univers et prétend dresser un panorama de l’histoire du monde. Glass explique que “la production a créé un département de Recherche qui devait rassembler des tonnes d’images et de données scientifiques. Il y avait un garage transformé en atelier dans lequel on filmait toutes les expériences scientifiques. Cela venait s’ajouter à ce qu’effectuait Doug Trumbull de son côté”.
Douglas Trumbull ? Ce vieux copain de Malick, ce génie des effets spéciaux à qui l’on doit les effets de 2001, de ET et de Blade Runner, sera en effet de la partie. Ce qui donne une idée de la tenue du film et surtout de son ambition - visuelle comme philosophique...
Car il sera visiblement question de philosophie. A ce stade, il est toujours impossible de savoir de quoi parlera vraiment ToL. Délire scientiste ? Fumisterie zen comme le disent ses détracteurs ? Quand on sait que Malick a enseigné la philosophie, traduit Heidegger (l’un des philosophes les plus hermétiques du XXème siècle), tout cela reste pourtant très logique... Pas clair, mais logique. Dan Glass explique ainsi comment quatre équipes se sont partagées les différents univers du film. Cette répartition du travail donne des indications précieuses sur la structure du film. Glass : “Double Negative à Londres s’est occupé (des effets) de tout ce qui concerne l’Astrophysique (...) Pour ce qui relève du règne microbien, on a engagé une compagnie londonienne, One of Us dirigée par Tom Debenham et Dominic Parker (...). Peter et Chris Parks (...) se sont occupés des flots de couleurs qui sont très difficiles à décrire et qui impliquaient toutes les échelles”. Reste la dernière couche du film : “tout ce qui concerne l’histoire naturelle a été géré par Frantic Films”. Confirmation donc de ce que tout le monde attend : OUI, “il y aura des dinosaures”.
Toutes ces informations révèlent donc que ToL sera un film “scientifique”. Ou plus exactement, porté par la science : “nous avons eu le concours de très grands scientifiques. Par exemple, Volker Bromm, spécialiste des étoiles de Population III, les premières étoiles à avoir pris forme dans l’univers. Il y aura une profondeur et une richesse inouie derrière chaque image”.


Le sens de l’histoire

Avec une telle richesse, une telle densité, le problème sera de créer du sens, d’être intelligible et surtout cohérent. Comment unifier cette multitude de sources, d’imageries et de texture ? Glass est clair : “Terrence préfère l’idée du patchwork. Il peut filmer quelque chose en super 8, puis prendre sa caméra Imax, puis une caméra digitale (...). Chaque image aura son caractère propre. Ce qui pour lui amène l’authenticité. On n’essaie pas de lisser les choses, de les rendre conformes”. Revers de la médaille, ce process parcellaire et diffus laisse ses collaborateurs (et les internautes) dans le flou : “Malick a besoin de voir les choses. le film prend vie au moment du montage. Je pense qu’il ne sait pas nécessairement où va son film. C’est une découverte progressive” constate l’un de ses collaborateurs, Hirota. Ce à quoi Glass répond : “Terrence... a une vision très forte. Il sait où il va. Mais comme son but est ésotérique, il est moins lié à des représentations littérales. Et c’est pour ça que le montage est l‘étape critique (...). Il film de nombreux plans, qui peuvent s’intégrer dans des contextes différents”.
Quand on lui demande de résumer cette expérience cinématographique, Dan Glass a cette phrase : “c’est un film puissant sur la mémoire, les émotions et notre place dans le monde (..) et la seule chose constante de cette expérience, c’est qu’il ne faut rien espérer. Il y a toujours le mystère au bout du chemin”
Hors genres, hors normes, hors catégories. Malick est un original, à tous les sens du terme. Un homme qui veut garder le contrôle de ses films et qui n’a qu’une seule arme : le secret.

source: premiere.fr

'El árbol de la vida'

deja exhaustos a la prensa y a Brad Pitt

Su director, Terrence Malick, no viaja a Cannes



Día grande en Cannes. Jornada de gloria para los cinéfilos porque se proyecta El árbol de la vida, de Terrence Malick. Veinte minutos antes de que se inicie su proyección a las 8.30 de la mañana, las 3.000 butacas del gran teatro Lumière están completas y se abre otro cine para otra proyección. Esto es expectación. Dos horas y 20 minutos después, la prensa sale exhausta y dividida ante la avalancha de imágenes y sensaciones que transmite una película que habla de una familia en la Texas de los años cincuenta, sí, pero también del inicio de la vida, del arranque del Universo -por ver, vemos hasta dinosaurios- y reflexiona sobre la espiritualidad del hombre. Malick está decantando su estilo, abandonando la narrativa (hecho que se venía venir con La delgada línea roja y El nuevo mundo) y ahondando en la poesía.  

Pero a Cannes no ha venido su director, lo que ha enfadado a la organización que incluso ha pedido explicaciones a los productores y a los actores principales, Brad Pitt y Jessica Fuselier, al inicio de la rueda de prensa de El árbol de la vida. Respuestas variadas: desde que es muy tímido hasta que prefiere que su trabajo hable por él, y por tanto no quiere "corromper la transmisión entre la película y el público". Pitt ha encontrado una metáfora mejor: "Creo que él prefiere construir una casa que entrar en el mundo de las inmobiliarias y venderla".

Así que el peso de la promoción ha recaído en Brad Pitt, que ha sonado muy muy sincero en varios momentos: "No sé si volvería a repetir un rodaje como este, me ha dejado exhausto. Teníamos guión, por supuesto, y rodábamos con los niños [Pitt encarna a un padre opresivo de tres niños -Sean Penn encarna al mayor de adulto-, un tipo muy religioso y sin matices] una o dos tomas. Pero seguíamos allí, porque Terrence capta lo que pasa cada día, filmando con luz natural". Fuselier, que interpreta a su esposa ingenua e inocente, lo ha definido como "una búsqueda de accidentes felices, porque no para de rodar e incorporar elementos". Ambos han descrito el carácter del director: "Ríe mucho, bromea, charla", aunque Pitt ha añadido un matiz artístico: "La diferencia entre los buenos directores y los grandes directores, y Terrence es de los segundos, es que estos últimos aman a todos sus personajes. ¿Que si cree en Dios? Tuvimos muchas charlas durante el rodaje. Yo creo que es muy espiritual y de una religiosidad más universal". Una de las productoras, Sarah Green, apunta: "Malick está muy interesado en la filosofía y la religión. Es un hombre muy culto".

A pesar de desarrollarse en Texas, su actor protagonista, cree que El árbol de la vida es universal. "En todas las culturas hay niños. Tú eres un crío, vas probando cosas a ver si funcionan o no, y así creces. Experimentas. Pasa en todos las películas y lo vemos en la película. Jessica encarna a una madre belleza, inocente, amorosa. Yo, al padre duro que representa la opresión de la naturaleza, que prepara a sus hijos para la lucha por la supervivencia. Por supuesto que hay elementos autobiográficos de Terrence y míos [Pitt creció una familia cristiana casi extremista en Springfield, Missouri], pero no es un espejo en el que nos reflejamos".

El árbol de la vida tenía previsto, a priori, su estreno en el Cannes del año pasado. El retraso ha sido necesario para completar todos los efectos digitales y las imágenes creadas por ordenador (las famosas CGI). "A pesar de lo que oigáis, Malick es el director más disciplinado con el que he trabajado", comenta Sarah Green. Otro productor, Bill Pohland, confiesa: "Tuvimos momentos muy difíciles y apechugamos con el retraso obligado por la posproducción, pero el resultado merece la pena". El proceso ha sido tan largo, que en la película han trabajado cinco montadores: "Por dos razones, porque se alargó todo mucho, y porque Malick cree que para el crecimiento de una película es buenísimo que haya diferentes personas con diferentes opiniones". Si uno chequea el reparto, está claro que ha desaparecido bastante de la vida del hijo mayor en su edad adulta, que se ha recortado bastante del metraje en el que aparece Sean Penn, quien por cierto no está hoy en Cannes pero sí acudirá en cuatro días a defender su trabajo en Thismust be the place, de Paolo Sorrentino.

GREGORIO BELINCHÓN para EL PAÍS






Brad Pitt entre les lignes 

Tout est remonté à la surface en un instant. Le temps d'une scène dans The Tree of Life (sur les écrans le 17 mai). Brad Pitt entre dans l'église Saint Martin's, dans le centre-ville d'Austin au Texas, en compagnie de sa femme et de leurs deux enfants. Il s'agenouille, écoute le sermon du prêtre puis, à la fin du service, allume un cierge après l'autre. Ses mâchoires sont serrées. Son regard concentré et exigeant. A l'image du père de famille qu'il incarne, un cadre supérieur dans l'Amérique prospère des années 1950, chef de famille autoritaire éduquant ses enfants dans l'amour du travail bien fait et le respect des lois du Seigneur. Pourtant, de ce regard émane une réelle détresse. Celle de devoir s'agenouiller encore, de se plier aux mêmes rites, de s'adresser à un ciel dont il a toujours plus de mal à déchiffrer les signes.

Brad Pitt a eu toutes les peines du monde à tourner cette scène. Difficulté qu'il s'est bien gardé de partager avec Terrence Malick, préférant gérer seul cette part cachée de son vécu. Il n'y avait aucun moyen d'y échapper tant le réalisateur des Moissons du ciel, sur le plateau de The Tree of Life, ne marquait plus de frontière entre le champ et le hors-champ. La majeure partie des scènes avec Brad Pitt a été tournée à Smithville, une petite ville en plein coeur du Texas. Terrence Malick estimait qu'avec ses rues arborées, ses maisons de style néoclassique et victorien laissant place à de vastes pelouses, cette bourgade évoquerait d'emblée l'Amérique des années 1950. Tout un quartier de la ville était bouclé durant le tournage. "Nous étions en costume et pouvions évoluer à notre guise, et presque tourner quand nous le souhaitions, selon notre humeur, se souvient Brad Pitt. La contrepartie de cette liberté est que vous restez en permanence dans la peau de votre personnage." La veille, l'acteur ignorait encore qu'il se rendrait à l'église. Comme souvent sur le plateau de The Tree of Life, Brad Pitt n'avait pas la moindre idée de ce qu'il accomplirait le lendemain. Il saisissait une seule chose. Le film pour lequel il avait signé, et dont il est le coproducteur, ancré au départ dans l'Amérique profonde, trouvait au fil des jours des ramifications inattendues, pour prendre une dimension cosmique, remontant à la création du monde. Cette ampleur l'a d'abord étonné, ensuite déstabilisé. Désormais, elle le ravit. Chaque matin, Terrence Malick écrivait plusieurs pages sur le plateau. "Un véritable monologue intérieur, estime l'acteur, d'où il aurait été impossible de le déloger. On ne pouvait qu'observer et admirer la concentration. Il griffonnait des notes sur un papier, puis vous les tendait. Il s'agissait de notre feuille de route pourla journée. " Et l'une d'elles intimait à l'acteur de se rendre à l'église. Brad Pitt a grandi à Springfield, dans le Missouri. "Une tranche d'Amérique, précise-t-il, où dominent la figure du père et le poids de la religion. Terry Malick a, lui, grandi au Texas, dans un environnement comparable, au milieu des mêmes pesanteurs. Ce qui a d'emblée créé un lien entre nous. Si l'on peut dire que The Tree of Life raconte en partie son enfance, il permet aussi à la mienne d'émerger." La vedette de The Tree of Life est l'aîné d'une famille de trois enfants - il a un frère et une soeur. Le père est gérant d'une société de transports. La mère conseillère d'orientation. Les parents sont avant toute chose baptistes. Il faut passer par plusieurs rites de passage à l'âge adulte à Springfield. Maîtriser, par exemple, un pistolet à air comprimé pour plus tard manier, avec la dextérité nécessaire, un fusil à pompe. Dormir à la belle étoile pour la première fois. Rouler au volant de sa première voiture, une Buick Centurion 455 en l'occurrence. Pourtant, aucun de ces passages ne remplace le culte dominical.

( Le Monde ) . Lire l'article complet  LINK

Mythique Malick

Avec Terrence Malick, le cinéma devient une aventure extrême, une épopée mystique. Projeté ce lundi matin à Cannes, son film “The Tree of life” suscite depuis des mois déjà théories et interprétations.

Attention surchauffe ! La projection du nouveau film de Terrence Malick offrira sans doute un de ces concentrés d'hystérie dont le festival de Cannes a le secret, mais dont il n'a plus vu la couleur depuis longtemps. Le dispositif est en place, tous les paramètres sont réunis : le mystère reste entier autour de la venue du cinéaste le plus énigmatique de la planète, un Texan bonhomme qui s'est taillé, en quarante ans et quatre films, une image de génie fuyant, façon Kubrick, et de fantôme à la Garbo. Sean Penn et Brad Pitt porteront avec passion son Tree of life sur la Croisette, mais le seul nom de Malick suffit à leur faire de l'ombre et, si tout va bien, la conférence de presse tournera à l'émeute.

Et le film ? Fidèle à ses habitudes, le cinéaste des Moissons du ciel (prix de la mise en scène à Cannes, en 1979) et de La Ligne rouge (Ours d'or à Berlin en 1998) s'est enfermé pendant près de deux ans dans la salle de montage pour nouer et dénouer les fils d'une épopée qu'il n'imagine que sublime et renversante, comme Francis Ford Coppola et Michael Cimino du temps de leur grandeur. L'an passé, Malick est sorti quelques semaines de son atelier, on l'a annoncé fin prêt pour Cannes, puis il s'est ravisé et s'est barricadé à nouveau. Malgré l'impression de déjà-vu et le sentiment mitigé laissé, en 2005, par son dernier film, Le Nouveau Monde, l'attente est à son comble : « Que peut-on dire de The Tree of life ? s'interroge le Guardian, sous la plume de David Thomson, historien réputé de Hollywood. Simplement qu'on sent, depuis près de quarante ans, que Terrence Malick peut réaliser un film à même de modifier notre vision du ­cinéma. C'est peut-être celui-ci. On n'en sait encore rien. »

Disciple de Heidegger
Tiré d'un scénario entamé à la fin des années 1970 (et baptisé Q à l'époque), The Tree of life semble être le projet d'une vie, le précipité de l'ambition hors norme du cinéaste et de ses visées métaphysiques. La totalité de l'existence, saisie par les yeux d'un homme à différents âges de son parcours : « L'univers, jadis glorieux, devient un labyrinthe, écrit Malick dans un des synopsis qu'il a remis à ses producteurs. Le personnage de Jack adulte (interprété par Sean Penn) est une âme perdue dans un monde moderne, cherchant à saisir, parmi les scènes fugaces de l'existence, la permanence des choses, le grand plan éternel. » Disciple de Heidegger et élève à Harvard de Stanley Cavell, un penseur de l'espace américain et du modernisme en art, Terrence Malick, 67 ans, n'a jamais renoncé à faire oeuvre de philosophe. Il sème ses films de signes, de symboles, de spéculations inquiètes sur la nature de l'homme et la présence de Dieu. Avant même la sortie de The Tree of life (le 17 mai ), les théories se bousculent sur la Toile. L'ancien titre, Q, renvoie-t-il au « document Q », source perdue des Evangiles de Luc et Matthieu ? La structure du film est-elle empruntée à Ecce Homo, l'autobiographie de Nietzsche ? Et cette phrase entendue dans la bande-annonce - « Un jour viendront notre chute et nos larmes . Et nous comprendrons... Nous comprendrons tout » - ne vient-elle pas tout droit d'un dialogue de Crime et châtiment ?

 Le scénario que j'ai reçu était éblouissant,
mais n'avait pas grand-chose à voir
avec un scénario. Il tenait plus du poème.

Bill Pohlad, collaborateur de Terrence Malick à propos de “Tree of life”

Digne héritier de Griffith, Welles et Kubrick, Terrence Malick est sans nul doute le dernier des Mohicans. Le seul cinéaste vivant capable de pousser les magnats hollywoodiens à aligner des dizaines de millions de dollars pour des méditations lyri­ques qui échappent à toute logique et laissent, parfois, le grand public de marbre. Les producteurs s'investissent avec une exaltation qui n'a d'égale que les affres dans lesquelles les plonge la singularité de l'entreprise. « Le scénario que j'ai reçu était éblouissant, raconte Bill Pohlad, qui a supervisé la mise en oeuvre de The Tree of life. C'était un texte d'une grande qualité littéraire, mais qui n'avait pas grand-chose à voir avec un scénario. Il tenait plus du poème. Je ne savais pas à quoi m'attendre quand j'en ai entamé la lecture, mais j'ai été bouleversé par la manière dont le récit mêlait une vision épique à l'intimité d'une saga familiale. »

Commandos de cameramen
Dans un recueil d'articles récemment publié (1) , Peter Biskind, chroniqueur du Nouvel Hollywood des ­années 1970, raconte que ces envolées poétiques viennent de loin. Juste après Les Moissons du ciel, le cinéaste avait engagé des sommes ­faramineuses sur une première version de The Tree of life, où il disait mettre en scène « les origines de la vie ». « Nous avons abattu une somme de travail colossale, se souvient Richard Taylor, spécialiste des effets spéciaux interviewé pour l'article de Biskind. Terrence Malick écrivait des pages et des pages de poésie. Sans dialogues. Des descriptions magnifiques. Il voulait réaliser quelque chose de différent. Obtenir des images comme on n'en avait jamais vu. » Le cinéaste dépêchait des commandos de cameramen aux quatre coins du monde pour filmer les fonds marins, la Grande Barrière, les volcans en ­activité ou encore les icebergs à la dérive.

“Un lundi, Terry n'est pas venu
et on ne l'a plus jamais revu.”
Richard Taylor, spécialiste des effets spéciaux à Hollywood



Les pontes de la Paramount recevaient, de temps à autre, quel­ques pages censées les faire patienter. Mais ils réclamaient, en pure perte, un véritable scénario « qui commen­ce à la page 1 et se termine par "fin" ». « Et puis, un lundi, se rappelle Richard Taylor, Terry n'est pas venu et on ne l'a plus jamais revu. Il n'a appelé ­personne. Il était introuvable. Deux semaines plus tard, on a reçu un coup de fil de Paris : "Je ne suis pas sûr de faire ce film. Vous ­feriez peut-être mieux de tout remballer." Il a tout ­arrêté, comme ça. » Début d'une très longue absence - près de vingt ans sans tourner - qui a ­accouché d'un mythe.

Souci de transcendance
Quand il revient, en 1998, avec La Ligne rouge, Malick n'a rien perdu de son intensité. Il a en tête une foule de projets qui vont d'une adaptation de Tartuffe à une excitante biographie du rockeur démoniaque Jerry Lee Lewis (il serait sur le point de la réactiver avec Natalie Portman et Brad Pitt). Il nourrit, plus que jamais, le fantasme de réaliser une oeuvre de pionnier, de repousser les frontières, d'empoigner les grands thèmes et de produire des images à couper le souffle pour porter haut son souci de transcendance. Depuis son génial premier film, en 1973, La Balade sauvage (qui a « traumatisé » une génération entière, de David Lynch à Bruce Springsteen, et ressort en salles en juin prochain), Malick s'attache à faire vibrer la nature comme personne. Il mêle les envolées et les (très) gros plans contemplatifs exprimant l'impassibilité troublante des splendeurs terrestres pour mieux laisser ses personnages éperdus, en quête d'un paradis qui se dérobe sous leurs yeux.

Comme Werner Herzog, génie illuminé des années 1970 auquel il est parfois comparé, Malick voit dans le cinéma une aventure extrême et une épopée mystique. Il traque l'état de grâce. Le légendaire chef opérateur Néstor Almendros, qui remporta un oscar pour les images des Moissons du ciel, racontait avec quelle obstination le cinéaste lui demandait de filmer entre chien et loup, « à l'heure ­magique », ces minutes furtives qui ­suivent immédiatement le coucher du soleil : « Parce que la lumière y est vraiment surnaturelle, notait Almendros, qui fut aussi l'oeil d'Eric Rohmer et de François Truffaut. Personne ne pourrait dire d'où elle vient. Le ­soleil est invisible, mais le ciel peut être éclatant. Et le bleu de l'azur subit d'étranges transformations. »



“Les Américains pensent avoir droit au bonheur.
Quand ils en sont privés, ils se croient trompés,
et si on leur ôte, ils s'imaginent avoir mal agi.”

Terrence Malick à une journaliste

Idéalistes et vagabonds
Pour The Tree of life, Terrence Malick revient aux sources. Il retrouve le berceau de son cinéma, l'Amérique du Midwest, où il a grandi et où se déroulent Les Moissons du ciel et La Balade sauvage. Le tournage a eu lieu à Smithville, au Texas, en bordure de la rivière Colorado et des collines verdoyantes, calmes et luxuriantes, où il rêvait, dans les ­années 1970, à ses personnages instables et idéalistes de fuyards ou de vagabonds. D'un film à l'autre, de La Balade sauvage au Nouveau Monde, ils n'ont guère changé. Leur expérience du bonheur et de la plénitude passe sur eux comme un courant d'air. « Les Américains pensent avoir droit au bonheur, confiait Terrence Malick à la journaliste du Monde Yvonne Baby, lors de l'un de ses très rares entretiens. Quand ils en sont privés, ils se croient trompés, et si on leur ôte, ils s'imaginent avoir mal agi. Cette culpabilité, je l'ai ressentie chez tous ceux que j'ai connus. C'est un peu comme dans une chanson de Dylan : ils ont tenu le monde dans le creux de leur main et l'ont laissé filer entre leurs doigts. »

 

THE TREE OF LIFE, de TERRENCE MALICK PALME D'OR Cannes 2011

Cette interview remonte au début des années 1980, à l'époque où Malick, fuyant Hollywood, s'était installé à Paris (2). Aujourd'hui, il tiendrait sans doute les mêmes propos. A Yvonne Baby, il parle du paradis un lieu où la maison ne reposera plus sur du sable et où l'on ne deviendra plus fou à force de se battre contre l'impossible »). Il décrit aussi sa foi immen­se dans le pouvoir du cinéma, cette passion sincère, flamboyante qui fascine ses fans et irrite ses détracteurs. « Il serait difficile pour moi de réaliser un film sur l'Amérique d'aujourd'hui, dit-il. Nous vivons des moments sombres et nous perdons, peu à peu, nos grands espaces. Dans la région où j'ai été élevé, chacun ressentait cette perte de manière intense. Mais le sentiment de cet espace, on peut le trouver dans le cinéma : les films peuvent provoquer d'infimes changements dans nos coeurs, des variations qui visent toutes à vivre mieux, à aimer plus. »

source: Laurent Rigoulet pour TÉLÉRAMA



UNE CRITIQUE "BLOGGEUR" . TRED, de L'IMPOSSIBLE BLOG CINÉ,

( IL  EST PASSIONNÉ DE MALICK )

Et The Tree of Life fut...


THE TREE OF LIFE, de TERRENCE MALICK PALME D'OR Cannes 2011
On sait tous quels films nous font un peu plus trépigner d’impatience que les autres. Ceux dont on guette chaque image, chaque infime information qui nous rapprochera un peu plus de ce sésame souvent trop long à sortir. Parfois cette excitation est intense dans les mois qui précèdent l’arrivée du film et s’affaiblit un peu lorsque le long-métrage s’affiche enfin sur les écrans, à force de trop attendre, à force d’avoir lu trop d’attente qui ont tué la surprise, à force de guetter de nouveaux films s’étant depuis profilés à l’horizon. Et parfois l’excitation reste intacte jusqu’à la dernière seconde. C’est finalement dans ces derniers instants que l’on reconnaît les films que l’on attend le plus. Je ne suis pas sûr que l’excitation de l’imminence m’était nécessaire pour constater à quel point j’avais envie de voir The Tree of Life. Pourtant ces minutes qui ont précédé l’entrée en salle ont été intenses. Je me souviens de ce jour d’hiver 2006 où je me tenais dans le couloir menant à la salle 1 de l’UGC Ciné Cité des Halles, attendant que les portes s’ouvrent. Je me souviens de ces mots qui résonnaient inlassablement dans ma tête (« Je vais voir le nouveau Malick ! Putain ça y est je vais voir Le Nouveau Monde ! »). C’était il y a un peu plus de cinq ans, mais c’est la même excitation que j’ai retrouvé en ce mardi 17 mai lorsque je me suis planté dans la file d’attente, devant cette salle dans laquelle j’allais découvrir The Tree of Life. Mon cœur battait la chamade et je m’énervais de voir ces gens avançant nonchalamment le long de la file, croyant qu’ils ne s’agissait pas là de celle de The Tree of Life, et ne faisant pas demi-tour pour faire la queue une fois arrivés devant et constatant leur erreur. Ces gens-là, à cet instant précis, je leur aurais bien décroché la tête. Bon, au moins gueulé dessus un bon coup. Mais nul n’est plus prompt que moi pour gérer l’entrée en salles et s’assurer d’une bonne place, encore plus lorsqu’il s’agit d’un film de Malick. L’excitation dure bien jusqu’à la dernière seconde. La dernière seconde, c’est celle où la salle s’éteint et où les logos des distributeurs apparaissent à l’écran, annonçant la fin de l’attente. La fin d’une longue attente en l’occurrence. C’est une des sensations les plus incroyables au monde. Savoir que LE film commence, celui que l’on espère depuis des mois, des années. On a compté les jours, les heures. Et le voilà prêt à débouler sous nos yeux.
THE TREE OF LIFE, de TERRENCE MALICK PALME D'OR Cannes 2011
The Tree of Life a en plus la particularité de n’avoir été dévoilé officiellement que la veille aux yeux de ses premiers spectateurs, ceux du Festival de Cannes. Au moment où je pose mes yeux dessus, il ne s’est pas écoulé 48 heures depuis la première projection officielle du film. Il n’est sorti nulle part ailleurs qu’en France. Les autres pays devront attendre quelques jours, quelques semaines voire quelques mois. Comment voulez-vous que l’excitation baisse en sachant tout cela ? Je ne sais combien de spectateurs attendent The Tree of Life avec une ferveur comparable à la mienne. Je ne sais combien de spectateurs peu familiers du style et de l’œuvre de Terrence Malick iront voir son cinquième long-métrage. Un certain nombre j’imagine, à en juger par le taux de remplissage des salles, jusqu’ici assez fort. Pour certains qui ne le connaissaient pas, ce sera peut-être une révélation. D’autres seront abasourdis et déçus, à n’en pas douter. Certains qui aiment les autres films de Malick aussi, probablement. Quelques heures se sont écoulées depuis ma sortie de la salle, et une partie de mon attention se balade encore dans l’esprit de Malick. Le temps s’est arrêté. Quels sont donc les questionnements qui agitent un homme pour le pousser à réaliser une telle œuvre ? Je n’avais jamais vu de film comme The Tree of Life, ce qui en soit n’est pas un gage de qualité je vous l’accorde. Pourtant c’en est un, si, mais là n’est pas la question. Le film en fera fuir plus d’un. J’étais trop absorbé pour faire attention à ce qui se passait dans ma salle, mais j’aurais du mal à croire qu’aucun spectateur ne se décourage devant une œuvre aussi déroutante. Malick n’est pas un amateur en matière de cinéma méditatif, contemplatif et métaphysique, mais il n’était jamais allé aussi loin. Il bouscule ses atermoiements personnels plus forts que jamais. Si The Tree of Life est son film le plus extravagant, c’est aussi, certainement, son œuvre la plus personnelle.
THE TREE OF LIFE, de TERRENCE MALICK PALME D'OR Cannes 2011
Toutes les rumeurs ont circulé sur le film au cours des années ayant précédé son tardif dévoilement. Une bonne partie de ces rumeurs est vraie. Une bonne partie de ces rumeurs va faire peur et inquiéter tout autant qu’elles exciteront la curiosité. Car qui n’a pas envie de goûter à un film hors normes nous offrant la vie à l’échelle de l’univers comme cadre, et l’histoire d’une famille américaine en proie aux remous de la vie comme point d’ancrage à un récit flottant à travers les âges et les espaces ? Qui n’a pas envie de voir ses repères cinématographiques bousculés, son confort chamaillé, son esprit stimulé par un cinéaste ayant plus à offrir qu’un film ? Le degré métaphysique de l’œuvre du cinéaste déroutera, oui. Mais The Tree of Life est une proposition de cinéma sensoriel qui réfute tout carcan. Carcan visuel, carcan spirituel, carcan intellectuel, il n’y a rien de tout cela ici. Malick a toujours exprimé ses réflexions sur la vie, la mort, la place de l’homme dans l’univers, la perte de l’innocence dans son cinéma, et The Tree of Life en est probablement l’expression paroxystique. C’est une plongée dans l’espace, c’est une séance de théologie, c’est une exploration de la psyché humaine. C’est aussi, ne laissons pas l’expansion de l’univers et les dinosaures nous distraire de cette évidence, un puissant drame sur le deuil. Le deuil impossible d’une mère, celui impuissant d’un frère. Si Malick offre une grandeur éblouissante autant qu’étrange et maladroite à son film en le projetant dans l’infiniment grand, il noue en son cœur un drame familial poignant, celui d’un fils ne sachant comment se comporter entre ce père autoritaire qu’il déteste peu à peu et cette mère si douce qui est un refuge pour lui et ses frères. Derrière ses grands airs, c’est ici que se joue le film, dans cette Amérique des années 50 que Malick capte avec une puissance, une vérité et une poésie offrant un ravissement exaltant.
THE TREE OF LIFE, de TERRENCE MALICK PALME D'OR Cannes 2011
The Tree of Life est probablement le film le plus attendu de 2011 sur la planète cinéphile. C’est un film tellement ambitieux qu’il le semble parfois trop, tellement dense qu’il aurait probablement bénéficié d’une durée plus importante (même s’il dure déjà 2h18), tellement fascinant que l’on ne peut s’en détacher. Malick est un chef d’orchestre minutieux et grandiose, sinon la musique, les compositions d’Alexandre Desplat et les classiques (aaah, La Moldau de Smetana !), et la photographie d’Emmanuel Lubezki, ne nous hypnotiseraient pas tant. Malick nous livre une idée de cinéma différent. Réflectif autant que majestueux, stimulant autant que frustrant. Malick a fait de plus grands films que The Tree of Life, quoi qu’il soit trop tôt pour l’affirmer, parce qu’il a vu tellement grand que c’en est trop et pas assez. Il est impossible d’écrire ce qu’est The Tree of Life. S’il est un film qui se vit, c’est bien celui-là. J’ai envie de raturer, de déchirer, d’effacer et réécrire tout ce qui précède. Je veux dire ma transe autant que ma déception, je veux parler du monument et de ses failles. Je veux dire qu’il faut être fou et culotté pour oser tisser une toile telle que celle de The Tree of life, une toile si magistrale et pourtant si naïve, une œuvre si large et pourtant pointue. La célébration de la vie est rattrapée par l’expression de ses douleurs. Je ne sais pas ce qu’attendent les spectateurs qui iront voir le cinquième film de Terrence Malick. Certains ne viendront peut-être que parce que Brad Pitt joue dedans. Mais ils seront bousculés. Ils seront stimulés. Ils auront peut-être un goût de déception, mais ils vivront un voyage cinématographique comme aucun autre. Cela valait bien quelques années d’attente.

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