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Managers : Etes-vous faits pour entreprendre ? (Tribune de Jacques Birol dans Hommes et Commerce – revue HEC – Mars/Avril 2011)

Publié le 11 avril 2011 par Diateino

jacques-birol2Les valeurs entrepreneuriales montent. Dans les grandes entreprises, on exhorte les hauts potentiels à se comporter en entrepreneurs, voire à devenir entrepreneurs. Il y a cependant un problème : les entrepreneurs qui innovent sont cognitivement différents des managers qui réussissent. Voici 5 questions discriminantes pour se faire sa propre idée. Attention, les réponses ne vont pas de soi ; elles sont souvent contre-intuitives.

1/ Aimez-vous le risque ?

L’imaginaire de l’entrepreneur est intimement lié à la notion de prise de risques. La réalité est beaucoup plus nuancée. Les entrepreneurs qui réussissent n’engagent jamais plus que ce qu’ils peuvent perdre et ne se mettent que très rarement en danger  existentiel. Marc Reeb, serial entrepreneur français associé à Dan Serfaty au lancement de Viadéo, en donne un témoignage significatif : « nous n’avons jamais basculé vers une activité nouvelle sans assurer nos arrières ». Si vous êtes attiré par l’idée de vous faire des frissons,  vous êtes peut -être mûr pour vous lancer, mais pas forcément pour réussir…

2/ Aimez-vous savoir où vous allez ?

Pour avancer et faire avancer les autres, vous avez besoin d’un cadre clair, d’un business plan solide comme l’exigent les financiers. Vous mettez un point d’honneur à tenir vos engagements. La vraie vie des entreprises qui innovent n’est pas exactement celle-ci. Même les financiers les plus exigeants le savent. Comme disait le général Eisenhower «  le plan n’est rien, la planification est tout ».  Si vous avez besoin de prévisions fiables pour vous sentir bien, rejoignez plutôt une entreprise qui a déjà atteint un rythme de croisière. Autrement vous risqueriez de devenir fou. L’expert entrepreneur est expert en «  juste flou ».

3/ Aimez-vous l’imprévu ?

La question mérite d’être reformulée : prenez-vous plaisir dans l’imprévu ? Cette question est centrale, personnelle et stratégique à la fois. Dans une grande entreprise, l’imprévu est vécu soit comme une erreur, soit comme une contrariété. On corrige, au mieux on fait avec. Pour réussir une entreprise qui innove, l’imprévu devient l’allié stratégique. Et d’imprévu en imprévu sur lesquels vous rebondirez, guidé par une vision «  grosso modo », vous deviendrez unique.  C’est ce qu’exprimait récemment, en témoignant devant des étudiants, Isabelle Rabier, cofondatrice de DERMANCE, une start-up prometteuse de l’incubateur HEC.

4/ Etes-vous  sympathique ?

Question qui peut paraître naïve…Vous arrivez avec une idée nouvelle qui dérange l’ordre établi, vous innovez, vous demandez à vos interlocuteurs  de changer leurs habitudes. Il faut d’abord qu’ils vous croient, et que vos qualités de persuasion soient à la hauteur. Mais ce n’est pas suffisant,  il faut qu’ils aient envie de le faire avec vous. Voilà ce que m’affirmait à 103 ans, Daniel Carasso, Monsieur Danone , lors de son dernier entretien professionnel : « Monsieur, pour réussir, il y a une chose qui compte énormément et largement sous-estimée : c’est d’être sympathique. Si chacun comprenait l’avantage dans les affaires d’être sympathique, le monde entier serait sympathique ».

5/ Aimez-vous rêver ?

Pour innover, il faut savoir faire rêver,  et pour faire rêver,  le préalable est de rêver soi-même.  Sinon la « sauce » ne prend pas, par manque de sincérité. Les entrepreneurs qui innovent rêvent de changer le monde à leur manière. Ils ne sont pas pour autant mégalomaniaques, ils sont mus par le supplément d’âme que leur confère leur rêve. C’est ce qui leur permet de franchir les obstacles, les uns après les autres. Walt Disney affirmait « Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez d’un trait jusqu’au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager.»

Vous arrivez au bout du test : vous êtes perplexe. Normal, la tolérance à l’ambiguïté fait partie des qualités pour avancer dans l’incertitude. C’est donc un bon signe. Vous vous posez encore la question ?  Si oui, vous avez la réponse : ce n’est pas le moment. Louis Vaudeville, producteur de la série Apocalypse et entrepreneur récidiviste, l’exprime à sa manière : « On sait qu’on est fait pour entreprendre quand, dans son fort intérieur, on a pas le choix ».  Autrement dit, après avoir beaucoup écouté, écoutez-vous pour décider.

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Jacques BIROL, dirigeant-fondateur de LESS & MORE, cofondateur de Keljob.com , ex président de Publicis Etoile,  est l’auteur d’un ouvrage inhabituel : «  52 CONSEILS ETERNELS pour entreprendre et innover, d’après les maximes de Baltazar GRACIAN »  aux Éditions Diateino. Il est vice-président du pole HEC entreprendre, enseigne à HEC et intervient aux Mines Paritech.

Le magazine CHALLENGES a introduit sa une «  Casseurs de dogmes » par les 52 CONSEILS…, BFM a trouvé le livre «  vraiment épatant », la blogosphère «  entrepreneuriale » reprend largement, y compris en déclinaison hebdomadaire. Gracian , rééclairé et actualisé,  s’infiltre ainsi dans le XXIème siècle comme repère inattendu pour entreprendre avec succès.

L’intérêt des 52 CONSEILS… , comme en témoignent les premiers lecteurs est là : apporter un éclairage inédit à ceux qui s’interrogent sur l’entrepreneuriat, comme à ceux qui en sont les acteurs , ou ambitionnent de le devenir.



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