Des chercheurs de l'Université Johns Hopkins ont identifié une bactérie qui stoppe le développement de Plasmodium falciparum, le parasite responsable du paludisme chez l'homme. Selon l'étude, la bactérie Enterobacter fait partie de la flore microbienne naturelle de l'intestin du moustique et tue le parasite en produisant des dérivés réactifs de l'oxygène, ou radicaux libres. L'étude est publiée dans l'édition du 13 mai de la revue Science.
"Nous avons déjà montré que les bactéries de l'intestin du moustique peuvent activer son système immunitaire et limiter ainsi le développement du parasite du paludisme. Dans cette étude, nous montrons que certaines bactéries peuvent bloquer directement le développement du parasite du paludisme grâce à la production de radicaux libres qui sont néfastes au Plasmodium dans l'intestin du moustique ", explique le Pr. George Dimopoulos, auteur principal de l'étude et professeur associé à l'Institut Johns Hopkins de recherche sur le paludisme. «Nous sommes particulièrement heureux de cette découverte, car elle peut expliquer pourquoi la souche de moustiques de la même espèce diffère parfois danssa résistance au parasite, et nous pouvons aussi utiliser ces connaissances pour élaborer de nouvelles méthodes pour arrêter la propagation du paludisme.
Une nouvelle stratégie de lutte biologique pourrait reposer sur l'exposition des moustiques à cette bactérie naturelle, entraînant ainsi une résistance au parasite du paludisme". Comme les humains, les moustiques ont une variété de bactéries dans leur système digestif. Pour l'étude, les chercheurs ont isolé la bactérie Enterobacter de l'intestin des moustiques anophèles recueillis près de la Johns Hopkins à Macha, situé dans le sud de la Zambie. Environ 25% des moustiques capturés contenaient la souche spécifique des bactéries. Des études en laboratoire ont montré que la bactérie inhibe la croissance de Plasmodium jusqu'à 99%, à la fois dans l'intestin des moustiques et en culture. Des doses plus élevées de bactéries ont un impact plus important sur la croissance du Plasmodium.
Rappelons que dans le monde, le paludisme touche plus de 225 millions de personnes. Chaque année, la maladie tue près de 800.000, dont beaucoup sont des enfants vivant en Afrique.
Source: Science 13 May 2011: Vol. 332 no. 6031 pp. 855-858 DOI: 10.1126/science.1201618 “Natural microbe-mediated refractorieness to Plasmodium infection in Anopheles gambiae"
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