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Quotas et Foot – Laurent Blanc n’est pas raciste, je l’jure !

Publié le 11 mai 2011 par Menye Alain

Quotas et Foot – Laurent Blanc n’est pas raciste, je l’jure !Quoi ? Laurent Blanc raciste ? Si oui, Zemmour le serait aussi, non ? En France, le racisme ne concerne nullement les noirs et les arabes. On ne peut être considéré comme raciste quand on discrimine ces anciens esclaves. D’ailleurs, le dire est un délit plutôt, malgré l’article Vous pouvez à loisir les punir, les lyncher, les asservir, vous aurez toujours une caution noire ou arabe pour vous défendre. N’est-ce pas Zizou…le Kabyle ? N’est-ce pas Désailly le noir ? Ah, le racisme ordinaire ! Selon l’article 225-1 du code pénal la discrimination est une « situation dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aurait été dans une situation comparable ».

TRIBUNE LIBRE D’ATANGOFOOT

Ainsi, après avoir penché leurs têtes grises sur l’affaire dite du « quotagate », le ministère des Sports et la FFF déclarent dans une belle unanimité que Laurent est blanc comme la neige, et que François Blaquart, ainsi que tous les autres protagonistes de la funeste réunion du 8 novembre 2010 sont juste à blâmer pour leur « maladresse ». Ces super-juges s’autorisent, en plus, à faire la morale à Mohamed Belkacemi, coupable à leurs gros yeux d’avoir lâchement enregistré les propos tenus ce jour-là.

Voici les arguments exposés par les autorités françaises, et voici, point par point, des contre-arguments qui les détruisent :

1. Madame Jouanno prétend qu’aucun propos discriminatoire n’a été prononcé au cours de cette réunion et qu’aucun délit n’a été commis dans ce sens. Faux. En effet, l’article 1 de la loi du 27 mai 2008 définit la discrimination comme « la situation dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable. »

Or, voici les propos tenus par Laurent Blanc lors de cette réunion : « (…) On a l’impression qu’on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks.  (…) Je crois qu’il faut recentrer (…) Je vais vous citer les Espagnols: ils n’ont pas ces problèmes-là. Les Espagnols, ils m’ont dit: ‘Nous, on n’a pas de problème. Nous, des blacks, on n’en a pas. »

Il y a ici une association automatique entre « grands, costauds, puissants » et « blacks ». La même association qui attribue, dans la même conversation, les attributs « petits, techniques et intelligents » aux Blancs.  La preuve ? L’Espagne ne compte aucun « black » (ne compte que des Blancs) et n’a donc « pas de problème. »

Laurent Blanc se rend-il compte qu’il a tracé, en quelques mots, l’équation qui a fondé le racisme contre les Noirs ? J’en doute, mais cela ne l’excuse en rien.

Une écrasante majorité des Français demeure en effet convaincue que cette association est avérée, il n’en reste pas moins que c’est à la fois faux (car c’est une généralisation), stupide (que fait-on de ceux qui sont « blacks » et ni grands, ni costauds ni puissants) et illégal, car cela relève de la discrimination, point.

Qu’en disent nos juges ? Les enquêteurs commis par la FFF, Patrick Braouezec (député ex PCF de Seine-Saint-Denis et président de la Fondation du Football) et Laurent Davenas (magistrat) parlent de « propos inadmissibles, pas à connotation raciste mais discriminatoires puisqu’ils se rapportent à la mise en place de quotas en fonction de l’origine des joueurs ». Même si nos deux chevaliers blancs refusent de considérer que la discrimination raciale, c’est du racisme (drôle d’acrobatie intellectuelle pour essayer, à tout prix, de minimiser la portée d’un acte grave), ils ont au moins le mérite de reconnaître qu’il y a eu acte discriminatoire, puisque la parole est un acte au sens de la Loi.

Quant à Mme la ministre, pour l’ex stagiaire de la BIAO (organisation juridique), « il n’y avait aucun élément ni faisceau d’indices permettant de dire qu’il y a eu atteinte à la loi sur les discriminations. » Des indices ne suffisent pas à madame, il faut en plus qu’ils soient fascisés, c’est-à-dire organisés en « faisceau ». On fait mieux comme association d’idée. Surtout, on met beaucoup d’énergie à refuser de voir et à refuser d’entendre.

De toute façon, le ban et l’arrière-ban de tout ce que la France compte de sportifs autochtones s’était déjà empressé de manifester à Blanc et à Blanquart leur soutien et leur sympathie.

Quant aux autres, ces fameux « Français ordinaires », le déni chez eux a pris deux visages :

1. Celui de la diversion.

On a essayé de transformer l’affaire, par un tour de passe-passe assez classique. Ce fut donc l’affaire Mediapart (le site d’information fut accusé de faire le jeu des « bien-pensants » et des « anti-racistes », ennemis jurés de la France en voie de fascisation) ; puis l’affaire Thuram (l’ex Bleu étant coupable d’avoir exprimé une position nette et tranchée sur l’affaire) et enfin l’affaire Belkacemi. La presse utilisa des mots terribles pour qualifier l’auteur de l’enregistrement. Toutes le radios, télévisions et journaux de France considérèrent en effet que « la taupe » s’était « dénoncée ». Quant aux forums, ils se lâchèrent comme jamais contre cet homme au patronyme étranger. Seule l’information selon laquelle l’enregistrement avait été remis dès le mois de novembre à la FFF mit fin à cette ratonnade médiatique.

2. Celui de la présomption de bonne foi

Dans un second temps, Blanc et ses nombreux défenseurs plaidèrent la stupidité innocente. Le sélectionneur des Bleus aurait été mêlé, contre son gré, à une réunion qui le dépassait. Même Chantal Jouanno, advocatus diaboli, s’est crue obligée de se fendre de cette maternelle déclaration :   »Laurent Blanc, qui assistait à sa première réunion de la DTN, n’en était pas l’organisateur, ni le pilote. Il découvrait même le problème des binationaux. » L’intéressé lui-même ne se serait pas mieux défendu !

Pourtant, voici la vidéo d’une interview donnée par le sélectionneur des Bleus ce même 8 novembre 2010, quelques heures après la réunion à la DTN. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme, derrière le discours légèrement laborieux, suit une idée claire : la France a son histoire, histoire qui intègre l’immigration, immigration qui a peuplé les quartiers défavorisés, quartiers défavorisés qui fournissent l’essentiel des joueurs de foot sur le territoire. Et le sélectionneur expose tout cela comme un problème à résoudre.

Cette vidéo est suffisamment édifiante et n’a nul besoin d’être commentée.

Ce qui peut paraître étonnant, c’est qu’une majorité écrasante de Français ait estimé qu’il n’y avait pas d’affaire. Mais cela n’étonnera que ceux qui ne connaissent pas la France, surtout celle d’aujourd’hui, et son rapport à la « question noire ». Dans ce pays, la discrimination à l’encontre des Noirs n’est jamais grave. Une sorte de mentalité collective déplace le curseur à tel point que toute réaction à un acte raciste apparaît comme excessive, et il s’en faut de peu pour que les victimes ne soient priées de s’excuser.

On s’attendait donc à ce blanchiment de Laurent. Et à la mise sous le boisseau de toute cette affaire, sachant que la politique des quotas, qui à mon avis est déjà lancée, va tranquillement continuer de se développer. Simplement, les choses vont désormais se passer sur ce terrain là comme elle se passent dans tous les autres domaines de la vie publique en France : les cv seront mis sous la pile en petit comité, porte close et magnétophones éteints.

>>> Le blog d’Atangofoot

  


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