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Est-ce le grand n’importe quoi du marketing musical ?

Publié le 06 mai 2011 par Jeanne Walton

Face à l’effondrement des ventes de disques, les majors ont trouvé un nouveau souffle et se sont organisés pour développer de nouvelles branches dédiées aux relations entre musique et marques. On compte parmi ces nouvelles structures, U Think ! chez Universal Music et Warner 360 pour Warner Music. Placements de produits dans les clips, visibilité de la marque au cœur d’événements musicaux, habillage de spots publicitaires, sont autant de services proposés par ces nouvelles entités qui  doivent essentiellement leur existence au sauvetage de l’industrie musicale: une bouée jetée à la mer !

Easy. A premier abord, piocher dans un éventail de hits à la mode afin d’y trouver le refrain susceptible d’attirer l’attention du consommateur sur le produit, l’espace d’un instant, peut paraître pratique.  Mais pratique  ne veut pas dire pertinent, et ne veut pas dire efficace. Souvent ce qui est pratique est aussi éphémère. Car indéniablement, ce type de rapprochement marques/artistes, est par nature éphémère et par conséquent superficiel. Épisodiques ou plus ou moins durables,  ces associations restent chroniques et ont un impact évident sur l’image de la marque. Que penser d’une enseigne ballotée d’un artiste à l’autre, d’un monde à l’autre, d’une mode musicale à l’autre ? Elle risque malheureusement de perdre sa crédibilité, d’éparpiller ses valeurs,  et de paraître tout aussi futile que ces va-et-vient.

On peut citer comme exemple d’associations déroutantes, la présence des polos Lacoste dans les clips de Ben l’oncle Soul ou celle de Givenchy aux côtés des soirées électroniques du couple Guetta pour promouvoir le dernier parfum Play. Collaboration risquée pour la marque de haute couture, si l’on se remémore le slogan des folles soirées parisiennes organisées par la femme du DJ : F……. me I’m famous ! On se demande ici, qu’est-ce qui profite véritablement à qui, et qui profite véritablement de qui ?

Gang. Dans ce rapport particulier marque/artiste, les intentions se sont vraisemblablement inversées menant à une stratégie qui sous-entend un véritable ascendant des artistes sur les marques. Désormais beaucoup d’artistes se considèrent comme des marques à part entière, bien plus puissantes émotionellement que les enseignes, et souhaitent vendre le pouvoir de leur rayonnement aux marques.  Ceci est l’objectif complètement assumé de l’agence Be My Guest, résultat de l’entente entre le directeur général d’OMG Digital, Raphael Aflalo et de Cathy Guetta.  Il s’agirait notamment de proposer aux artistes la gestion particulière et renforcée de leur image dans les relations aux marques. C’est une démarche commercialement bien pensée pour les musiciens qui trouveraient à cet endroit un nouveau modèle économique. Or, l’enjeu pour les marques dans ce contexte, est complètement différent et bien plus délicat, comprendre, catastrophique.

Indépendance. Il apparaît risqué pour une marque d’entrer dans le jeu des fréquentations « court terme » avec les artistes. Comme toutes fréquentations opportunistes, l’issue n’est jamais certaine, et les conséquences sont imprévisibles. Le hic se trouve principalement que dans chacun des deux camps, on souhaite avant tout défendre ses propres intérêts. Qui de la marque ou de l’artiste se sert de l’autre ? Un équilibre est-il possible, une entente peut-elle exister ? Une marque a t-elle intérêt à fusionner avec l’univers d’un chanteur ou d’un groupe ? Évidemment la réponse est non. Il semblerait que depuis que les marques aient découvert le pouvoir du marketing  musical, elles aient décidé de sauter dans le vide sans parachute, retenues simplement par des nuages de tendances peu sécuritaires.

« Pour leur sécurité, les marques sont priées d’attacher leur « propre » ceinture ! »

Dove se souvient encore très bien de son mariage raté avec la chanteuse Yelle.  Les consommateurs en ont encore plus de souvenirs …


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