L’Autorité de sûreté nucléaire pourrait adopter de nouvelles normes sismiques. Ce qui rendrait très sensible la situation géographique de cinq centrales nucléaires.
La carte de France des centrales nucléaires en France en fonction de la nouvelle classification des aléas sismiques. Infographie: Christophe MeulienAu moins cinq centrales nucléaires se situent, en France, dans des zones sismiques sensibles. Ce chiffre, plutôt inquiétant, se fonde sur la nouvelle carte de « zonage sismique » élaborée par le BRGM (Bureau de recherche géologique minière). Officialisée – par décret – le 22 octobre 2010, cette carte diffère radicalement de l’approche qui était suivie jusqu’ici, dite « déterministe », qui ne tenait uniquement compte que des séismes historiquement constatés. En clair, on regardait ce qui s’était passé depuis mille ans dans chaque région de France, on pondérait le résultat et l’on en tirait un tracé.
Désormais, l’approche est dite « probabiliste », c’est-à-dire qu’elle tient compte de multiples paramètres, comme la tectonique, mais aussi le réseau des failles du territoire, l’histoire des sols, etc… Ce changement n’est pas anodin. « Jusqu’alors, il n’y avait « que » 5000 communes, en France, qui se trouvaient dans des zones sismiques. Désormais, il y en a 20.000, soit quatre fois plus », explique-t-on au BRGM. La carte sismique française change donc radicalement de physionomie.
A l’Autorité de sûreté nucléaire, on est forcément attentif à cette évolution. Et l’on se demande, depuis Fukushima, si l’on ne va pas passer du modèle « déterministe » au modèle « probabiliste ». « C’est en cours d’études », reconnait Thomas Houdré, directeur des centrales nucléaires à l’ASN. A savoir que les Japonais et les Américains ont déjà adopté cette approche probabiliste.
C’est en calquant la grille des 19 centrales françaises sur la carte du BRGM que l’on arrive à cette conclusion : 5 centrales françaises se trouvent en zone « modérée », c’est-à-dire, tout de même, de niveau 3 sur un maximum de 5 (que l’on ne trouve que dans les Dom-Tom), alors que l’on ne parlait surtout, jusqu’alors, que d’un seul site, celui de Fessenheim. Il s’agit, hormis Fessenheim, donc, de Bugey, de Saint-Alban, de Cruas et de Tricastin, toutes les quatre situées dans la vallée du Rhône. Ces sites seront sans doute regardés de très près par l’ASN. D’autant que le gendarme français du nucléaire va, dans l’audit qu’il mène actuellement sur le parc français, s’intéresser de très près aux « risques concomitants ». Par exemple, l’effet d’une rupture de barrage sur une centrale située en aval d’un fleuve. Un scénario parfaitement crédible dans la vallée du Rhône…