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Notes sur la poésie : Raymond Federman

Par Florence Trocmé

Qu’arrive-t-il si on ne trouve plus l’auteur à l’origine du texte ? À qui ce texte appartient-il alors ? La théorie de l’intentionnalité ne peut plus répondre à ces questions de façon satisfaisante. Est-ce le problème de l’utilisation d’un texte (son but) est le même que celui de sa source (son origine) ? Ces deux aspects sont liés à la question de la propriété — c'est-à-dire à celui à qui ce texte appartient et à la manière dont il en fait usage. 
À la lumière de ces interrogations, on peut conclure que tout langage est dans l’attente de son auteur — vous, moi ou un autre —, le seul capable d’en faire surgir la fiction. Et l’on ne peut plus dire que l’écrivain soit à l’origine de son langage, puisque c’est le langage qui crée l’auteur et non l’inverse. Impossible donc d’affirmer que la littérature dépend de l’intention de l’écrivain, sous le seul prétexte qu’il appose sur ce qu’il écrit l’étiquette de « roman », « nouvelle » ou « poème » et que ceux qui prennent part à la même histoire et à la même culture souscrivent à cette appellation. 
La fiction (ou la poésie) ne se trouve donc pas dans les textes d’un genre (conventionnel) donnée. Elle existe à l’état virtuel, diffus, dans le langage lui-même c'est-à-dire dans le rapport existant entre écrivain et écriture, lecture et lectorat et même plus généralement dans le jeu de toute communication
 
Raymond Federman 
Surfiction 
Le Mot et le Reste 
2006 
 
Jean-Pascal Dubost 


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