Deux textes de Patricia Laranco.

OPERATIONS.

Qu'advient-il quand la division croise la multiplication ?

Eh bien, elle lui jette à la face:  "croasse et multiplie !"

La vision de la division crispe la multiplication.

Crispée, on le serait à moins, alors, elle tente de se soustraire à cette déplaisante compagnie : "que ne suis-je accompagnée de la soustraction ! "ajoute-t-elle.

A ce stade, la voilà qui se retranche dans le mutisme.

Elle se souvient que l'addition lui a dit : "cette pauvre obsédée fractale n'est pas fréquentable. Fréquentes plutôt les droites sécantes !". Et, sur ce, il lui semble que l'addition lui a lancé : "A plus !".

Mais, désormais, c'est face à la reine des factions qu'elle se trouve.

Qui plus est, une petite fraction amie - qui aime la friction et qui est plus intelligente que la moyenne - trouve le moyen de venir s'additionner à cette dernière.

Toute deux ricanent :

"dis-nous...qu'est-ce qui se passe quand les multiplisations se multiplient ?

Faut-il plier les multiples pour qu'une multiplication croisse ?"

"Par quoi faut-il te multiplier pour qu'enfin tu plies, te plies à nos lois ?"

On le constate, le dialogue de sourds en était à son point mort.

Mais, me direz-vous, au point où en sont les morts, ils ne peuvent être que sourds !

La fraction et sa comparse multipliaient les provocations. C'étaient des opérations qui ne pensaient qu'à diviser pour régner. Lorsqu'elles devisaient, c'était d'ailleurs - outre de leurs facteurs communs - du moyen de détruire la République, mal vue parce qu'elle se voulait indivisible.

Mais ce qui les rendait dingues d'envie, c'était le pouvoir multiplicateur.

"Va te multiplier ailleurs ! "crachèrent-elle à l'objet de leur haine, lequel, illico, s'empressa de rentrer chez lui; il était tard; sa table, déjà mise, l'attendait de pied ferme.

ON TOURNE EN ROND…

Demeurer dans le dedans ne permet pas de voir le dedans.

Donc, le dedans ne se voit jamais qu’une fois en dehors de lui-même.

Mais si l’on est en dehors du dedans, l’on se retrouve hors-je.

Si l’on reste dans le dehors, on est mal à l’aise en dedans.

Si l’on est mal en dedans, c’est parce que le dedans vous manque.

Et le manque de dedans peut vous pousser au rentre-dedans.

Vous n’êtes plus guère dès lors qu’un dedans qui croupit dehors.

En dehors du dehors, votre dedans n’a plus rien sous la dent.

Or, on nous a toujours dit que le salut venait du dedans.

Le dehors lui-même sait qu’en son dedans le silence est d’or.

Que faire alors, lorsque vous êtes dans le dedans du dehors,

face à un dedans sur lequel le dehors se casse les dents ?

Car le dedans reste en dehors du dehors qui a son dedans.

Et les deux dedans forcément se regardent en chiens de faïence.

L’en-dedans du dedans a une dent contre son en-dehors

L’en-dedans du dehors, quant à lui, dort debout dans son néant.

Le dedans du dedans rêve de supplanter le hors-les-murs.

La dent dure du dehors tend à mordre ce qu’il y a devant.

Les murs, du coup, ne savent plus où se former, où s’insérer.

Surtout celui du son qui veut percer la coque du dedans.

Pas celle du hors-champ mais celle du dedans intra muros.

Parce que cette dernière est, parait-il, la plus résistante.

Oh, et puis zut, au diable tous ces dedans, tous ces dehors !

Tous ces en-dedans de dehors et ces en-dehors de dedans !

Un peu plus et voilà que cela pourrait me mettre hors de moi.

A quoi ça rime, tout ceci ?

Et ne tourne – t - on pas en rond ?

Et tourner en rond, est-ce que cela arrondit les fins de mois ?

Est-ce que cela ne favorise pas, aussi, la fin de moi ?

Tourner en rond, cela vous permet-il seulement de tourner rond dans votre pré carré de précarité ?

Tourner en rond vous aide-t-il à mener rondement vos affaires ?

C’est que…tourner en rond, ça n’a rien à voir avec une ronde !

Ce n’est ni faire des ronds d’aile ni faire des ronds d’aileron dans l’eau.

Alors, je m’arrête aussi sec,

tant que je suis encore au sec.

J’ai trop peur de la mise en sac…

et du découpage en rondelles !