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Sweeney todd : le diabolique barbier de fleet street

Par Rob Gordon
Sweeney todd : le diabolique barbier de fleet streetTim Burton est de retour, alleluia. S'il demeure dans Sweeney Todd quelques symptômes de sa sale période (entre La planète des singes et Charlie et la chocolaterie), le prince des ténèbres est à nouveaux aux fourneaux, et c'est forcément une bonne nouvelle.
Évacuons d'entrée les quelques défauts patents du film, qui finissent tous par se faire oublier derrière la réussite générale. Ces réserves concernent essentiellement le début du film, un peu mou, pas très folichon, mais qui mérite qu'on s'y accroche pour mieux savourer la suite. Il y a tout d'abord quelques chansons un peu ratées, au rythme d'une bizarrerie sans doute volontaire, mais qui frappent violemment le tympan par une absence totale de mélodie. Les interprètes n'étant pas des chanteurs professionnels, la musicalité de l'ensemble (merde, on se croirait à la Star Ac) n'est pas des plus évidentes. Ces balbutiements correspondent étrangement (ou pas) au temps que met Burton à se repérer dans Fleet Street et à régler sa mise en scène. Agitée et ordinaire au départ, elle deviendra plus burtonienne ensuite. Enfin, le pan sentimentalo-sentimental de l'intrigue a de quoi exaspérer par sa mièvrerie ambiante.
En résumé, on se serait bien passé de cette grosse demi-heure d'exposition, qui prend un temps fou à introduire des personnages et situations pourtant simplissimes. Heureusement, le reste n'est que délice. Une fois dans le vif du sujet (des meurtres, des tourtes, des chansons), la machinerie Sweeney Todd se met en place et emporte tout sur son passage. Évidemment interprété par Johnny Depp, le héros effectue une parfaite synthèse de tous les personnages précédemment incarnés par l'acteur chez Burton. L'innocence en moins. Bien qu'habité par des motivations compréhensibles et humaines (même si peu louables), ce barbier-là est un monstre, un vrai, qui semble prendre davantage de plaisir à trancher des gorges qu'à progresser dans sa quête de vengeance. Burton donne à Todd ainsi qu'à sa mise en scène une noirceur simplement teintée de blanc et de rouge, sans effet supplémentaire. Résultat : on est fasciné et un peu effrayé par ce semeur de mort, avec lequel s'établit une drôle de proximité.
L'adhésion est alors totale : les nombreux passages musicaux prennent de l'ampleur et transcendent ce beau spectacle s'inscrivant dans la continuité des oeuvres majeures du Burton que l'on a tous aimé. Mieux, le cinéaste semble avoir perdu cette obsession du "100% contrôle" qui assurait la perfection plastique de ses films mais en dénaturait la dimension humaine. Sweeney Todd a de quoi réunir tous les fans du monsieur, sauf les musico-allergiques : on y chante plus qu'on n'y parle, et cela peut légitimement donner quelques boutons. Force est de constater en tout cas que l'actuel monsieur Bonham Carter est encore plein de ressources et qu'on l'avait sans doute enterré un peu trop tôt.
8/10

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