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l’éducation, priorité nationale du service public ? Ou pas…

Publié le 31 janvier 2011 par Mister Gdec

l’éducation, priorité nationale du service public ? Ou pas…

(source de l’illustration ici)

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Le public saigné au profit du privé

Par Christian Eyschen, secrétaire général de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, et Pascal-Éric Lalmy, secrétaire national du Parti Radical de Gauche.

 L’enseignement public est la première victime de la stratégie de démantèlement de l’État et des services publics au profit des intérêts privés. Au moment où l’école publique est soumise au régime sec, l’enseignement privé se déploie et s’organise avec l’aval du gouvernement. Deux événements sont là pour le confirmer. D’abord il y a la reconnaissance d’utilité publique, par un décret du premier ministre du 18 mars 2008, de la « Fondation pour l’école » mise sur pied en 2007 par Anne Coffinier pour soutenir les établissements privés hors contrat créés dans un esprit « entrepreneurial ». Depuis, elle se définit elle-même comme l’outil le plus performant pour lever des fonds dans des conditions fiscalement avantageuses. En effet, ses donateurs peuvent obtenir jusqu’à 75 % de déduction fiscale. L’État lui apporte donc un soutien important et une reconnaissance de fait. Pourtant, l’action de cette fondation va à l’encontre des principes de l’école républicaine, laïque et gratuite. Jérémie Demay expliquait, par exemple, dans la revue ProChoix d’octobre 2010 que, derrière ces écoles privées hors contrat, on trouvait des congrégations comme la Fraternité Saint-Pie X, ou encore que ladite fondation ne voyait pas d’objection à l’idée de financer l’école du Saint-Projet, à Bordeaux, (dénoncée par les Infiltrés de France 2) si cette institution en faisait la demande.

 Cette offensive se double, dans l’enseignement privé contractuel, de celle de la collation des grades. En signant, en avril 2009, la reconnaissance mutuelle des grades et des diplômes de l’enseignement supérieur entre la République française et le Saint-Siège, l’État est revenu sur un des principes fondamentaux de l’enseignement depuis Jules Ferry. Il est d’ailleurs rappelé dans le Code de l’éducation que « l’État a le monopole de la collation des grades et des titres universitaires ». Le Conseil d’État a été saisi par les groupes RDSE (à majorité radicaux de gauche) et socialiste du Sénat, ainsi que par plusieurs associations laïques dont la Libre-Pensée. Il a refusé de considérer que cet accord s’inscrivait, comme le soutenait le gouvernement, dans le cadre des accords Erasmus. Au final, il a largement restreint la portée de l’accord, refusant le droit des établissements supérieurs privés à délivrer des diplômes nationaux, et à utiliser le titre d’université. Il n’empêche que cette offensive de l’État est, elle aussi, significative.

 À cela s’ajoute, plus récemment, une rallonge budgétaire pour l’enseignement privé, pris à l’enseignement public. En effet, la loi de finances pour 2011 a attribué 4 millions d’euros, soit 250 postes supplémentaires, à l’enseignement privé sous contrat. Dans le même temps, les moyens de l’école publique sont fortement réduits, à commencer par les effectifs d’enseignants, plus de 35 000 postes supprimés en 2009 et 2010 et encore 16 000 postes pour 2011 !

 Le gouvernement et l’actuelle majorité s’écartent de plus en plus, en matière d’éducation, de l’esprit du service public au profit d’une logique de concurrence dont le secteur privé est le premier bénéficiaire au détriment de l’école publique et de l’intérêt général. Les moyens alloués à l’enseignement privé sont préservés, voire augmentés via des fondations reconnues d’utilité publique comme la «Fondation pour l’école», ou encore la «Fondation Saint-Matthieu pour l’école catholique». Ce transfert de fonds publics vers l’enseignement privé traduit une vision de la société en rupture avec la tradition républicaine d’égalité et de laïcité. Tout comme l’essai non transformé de donner la collation des grades à l’enseignement supérieur catholique, il est dans le droit fil du discours du président de la République sur le rôle du curé et celui de l’instituteur. Au final, l’État méconnaît le principe de laïcité inscrit dans la Constitution et la loi de 1905. Or la laïcité est un principe fondamental reconnu par les lois de la République. Il est urgent de prendre la mesure du danger que représentent ces dérives. Nous réclamons, d’une part, que le gouvernement retire la reconnaissance d’utilité publique aux fondations qui financent l’enseignement privé et, d’autre part, le retrait de l’accord France-Vatican sur la reconnaissance des diplômes de l’enseignement supérieur catholique.

 Il est temps que l’État et le gouvernement cessent de saigner l’école publique au profit de l’école privée et refasse de l’éducation une priorité nationale.

 Christian Eyschen

 

(source ici)

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