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A Virgin murder

Publié le 19 janvier 2011 par Laurelen
A Virgin murder Le Virgin de St Denis, rebaptisé Entrepôt, et bientôt rien du tout, se vide de sa musique, sa littérature, ses dvds, ses ipods, ses employés et son âme. Pendant que nous on se remplit de connerie. A voir d’urgence avant le 26 janvier.

Ça fout quand même un peu les boules. Faut s’y promener une dernière fois, dans les rayons qui se vident du plus grand média store de l’île, assassiné par son loyer de près de 50 000 euros mensuels à la famille Ravate, et sans doute par un manque de vente significatif, c’est sûr, c’est la fin du cd, qui achète encore un dvd au prix fort sinon par passion pour un film et ses bonus, qui s’achète encore un beau livre sinon pour faire un joli cadeau ? Quelques-uns, oui, mais pas grand monde, c’est clair… Mais faites-y quand même un dernier tour, à l’angle Maréchal Leclerc-Jules Auber, en face Ravate centre ville St Denis, y’a quelque affaire à faire, tous les livres de poches à 4 euros, les deniers cd à 5 euros, tout comme un paquet de dvd et de produits multimédia. Et au-delà des affaires, avoir un peu les boules quand même, face aux employés qui étiquettent les soldes de leurs derniers jours de salaire, déplacent les restants de stock, du troisième étage au second, du second au premier, déjà plus que deux étages accessibles, un peu l’impression que quelque chose d’important s’en va, même si ça a duré que quelques années, même si c’est quand même une grosse enseigne, quelque chose qui représentait finalement, après la mort déjà lointaine du petit Médiatop, le seul magasin multimédia de la plus grande préfecture d’outre-mer… Je le dis quand même : merde.
Demander à un employé, avant qu’il rentre dans l’ascenseur avec une caisse de bouquins, la date de fermeture définitive : le 26 janvier. Si au moins certains salariés vont être redirigés vers d’autres emplois : non. Si la mort du « Virgin Entrepôt » va entrainer celle du « Entrepôt Autrement ». Oui, me dit-il, après comme librairie y’aura plus que Gérard. Là il me fout vraiment les boules. Vérification faite à Autrement, la vendeuse m’informe qu’on est encore là pour un bout de temps, le dépôt de bilan n’est pas pour demain. Ouf.
Mais où j’ai eu le plus les boules, c’est que dans l’histoire je me fais lobotomiser comme les autres. D’accord, j’ai pris 2 cd, 2 dvd, 2 livres de poches et je m’en suis tiré pour moins de trente euros. Mais à la base je venais pour acheter si possible le bouquin de Patti Smith, Just Kids, où qu’elle raconte ses débuts de jeune folle dans le New York de Warhol, ses rencontres avec d’autres fous et sa relation avec le futur photographe Robert Mapplethorpe. Bien sûr, Virgin en aurait eu quelques uns à refourguer si la fermeture n’était pas si proche. Rabattu sur Autrement qui n’en avait pas commandé, puis sur Gérard, qui n’en avait plus, et ne pouvait pas me le commander car en rupture chez l’éditeur. Encore merde, « allez voir à l’Agora » me dit la charmante caissière de Gérard. « Hors de question » que je réponds. Agora, de Jumbo, de Vindemia, hors de la ville et ses rues vivantes, dans la super extension commerciale qui n’a qu’un but : me rendre plus claustrophobe pour que j’aie envie de dépenser plus avant d’en sortir. Mais voilà que le lendemain, en faisant mes courses familiales au Jumbo (sic), je ne résiste pas à jeter un œil au rayon livres musique de l’Agora, et qu’est-ce que je vois ? Trois exemplaires de Just Kids. Et merde, et remerde, et j’en achète un. Moi qui n’ai jamais acheté un bouquin dans un hypermarché, et qui m’étais juré de jamais sortir ma carte bleue à l’Agora à l’ouverture de l’extension du Jumbo Score, qu’est-ce que j’ai fait ? Par organisation de dernière minute comme tous les moutons du coin, j’y ai acheté deux beaux livres pour un cadeau de noël, et je me fais reprendre parce qu’ils ont l’outrecuidance d’être les seuls à côté de Saint Denis à avoir en rayon le bouquin que je cherche. En plus, le bouquin, c’est ma femme qui le lit avant moi, j’ai tout gagné.
Merde faites quelque chose, je deviens encore plus con que je le pensais. Comme le disait Ti Chipèk il y a pas si longtemps, « espérons simplement qu'à Saint-Denis, une structure où l'on puisse trouver livres, musique, jeux video et journaux subsiste, quelque soit l'étiquette qu'on mette dessus ». (http://www.lepiratedelareunion.net/Virgin-le-Pirate-l-avait-bien-dit_a950.html) Saint Denis est ce qu’elle est, un peu vieille et moche, un peu délabrée dans l’ensemble, c’est vrai, mais j’aime m’y balader dans ses bourrelets avant la tombée du soir, trouver un fringue, boire un coup, acheter un jeu de cordes de guitare, découvrir ou commander une BD aux Bulles dans l’océan, descendre vers la mer, grignoter un truc, chinois, arabe ou créole, flâner dans les rayons multimédias d’une enseigne ouverte jusqu’à 19 heures… Merde.

Arthur

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