Avec sa mise en scène précipitée et ses plans à la seconde, Unstoppable tient ses promesses. La tension s’installe progressivement dans ce récit où la star n’est autre qu’un train de marchandise. Le film de Tony Scott ne parvient pourtant pas à se démarquer des références du genre. La faute aux personnages et aux innombrables clichés. On appréciera l’efficacité de son scénario linéaire.
Tony Scott est moins connu que son frère, Ridley. Ce dernier s’est construit un nom avec des films comme Gladiator ou Blade Runner. Récemment, il s’est chargé de réaliser Le Meilleur des Mondes, adaptation éponyme du roman d’Aldous Huxley. Tony s’est imposé dans le milieu du septième art avec Top Gun, puis a poursuit sa carrière en se diversifiant. On le reconnaît surtout pour ses films d’actions à la sauce Hollywood. La preuve avec Unstoppable.
Par accident, un train transportant des produits toxiques se retrouve lancé à vive allure. Sans conducteur, il constitue une véritable menace pour la population. Pour l’arrêter, et ainsi éviter le déraillement du véhicule et la destruction d’une ville entière, Will Colson et Franck Barnes décident de le rattraper.
La caméra n’arrête pas de bouger. Suivant sans arrêt le même déplacement, elle filme des scènes presque identiques. C’est un atout dans le sens où elle stimule l’intensité, mais on aurait bien aimé que le réalisateur propose quelques plans posés. Cela aurait peut-être entraîné une baisse de rythme, mais de très bons angles de vue auraient mérité que l’on s’ y attarde un peu plus. Le film est basé sur des faits réels, survenus en 2001 aux États-Unis dans l’Ohio. La vedette, c’est bien sûr le train. Son rouge pétant, ses phares et la gueule de son nez permettent de le rendre inquiétant. La mise en scène contribue à cet effroi. Il apparaît à l’écran comme une flèche, ce qui nous amène à l’interpréter comme une menace. Cet aspect renforce l’importance des deux personnages principaux, qui endossent le statut de « héros » avec classe. Ce ne sont pas des surhommes, mais des êtres confrontés comme tout le monde à la vie de tous les jours. Will Colson, interprété par Chris Pine, a une vie de couple assez compliquée. Joué par Denzel Washington, Franck Barnes a perdu sa femme et travail depuis des années pour la même société. Leur caractères n’ont rien de surprenant, aucune situation de panique ou de détresse. Ce style académique finit par fonctionner, mais l’intérêt serait doublé si les scénaristes avaient su nous trouver des hommes différents. On a le droit à la dose sentimentalisme, assez légère cependant. Franck appellera l’une de ses filles pour lui dire à quel point il les aiment, Will essayera de joindre sa femme. Ces passages n’ handicapent pas le rythme mais n’ouvrent aucune réflexion sur les personnages. Et c’est doute mieux ainsi. Les hélicoptères contribuent à la vitesse du train, on observe par là une certaine opposition entre l’air et la terre. L’intensité ne faiblit jamais dans ce récit endiablé. Les scènes les plus spectaculaires restent crédibles, ce qui est assez rare sur nos écrans.
On apprécie Unstoppable pour sa modestie. Sans jamais dépasser le simple divertissement, il installe une ambiance oppressante. Pas mal.