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La «marée rouge» va-t-elle déferler sur Sarkozy ?

Publié le 08 octobre 2010 par Kamizole

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Je ne parle bien entendu pas de la terrible pollution industrielle qui a ravagé plusieurs villages de Hongrie après la rupture d’un réservoir de boue rouge éminemment toxique provenant d’une usine d’aluminium, faisant à ce jour 4 ou 5 victimes, une centaine de blessés dont 8 étaient dans un état grave. Le flux toxique s’étant ensuite déversé dans le Danube. Nicolas Sarkozy n’était – malheureusement ! – pas en Hongrie, berceau de sa famille paternelle. Il est allé faire “guili-guili” au Pape – à moins que ce ne fût le «zouave»… pontifical

:)
- en espérant reconquérir l’électorat catholique, dont une partie a été fortement ébranlé par la «chasse aux Roms» : la saison a été ouverte totalement début août après le discours de Grenoble, d’inspiration frontiste.

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La «marée rouge» que devra affronter Nicolas Sarkozy non seulement à Paris mais dans l’ensemble de la France est la radicalisation annoncée du mouvement de protestation contre “sa” réforme des retraites. 70 % des Français y sont hostiles et l’on sent comme une onde poussant à la grève reconductible dans certains secteurs, SNCF et RATP, notamment.

Les états-major des grandes centrales syndicales marchent sur des œufs. Comme d’hab. Ils n’appellent pas à un mouvement reconductible, se retranchant prudemment derrière les décisions qui pourraient être prises à la base. Tous les mouvements de grande ampleur sont de toute façons partis de la base.

Ils auraient peur qu’en cas de blocage des transports l’opinion publique jusque là largement favorable à la protestation ne se retournât contre les grévistes, comme l’analyse fort justement Corentin Chauvel dans 20 minutes Réforme des retraites : la radicalisation du mouvement vient de la base (7 oct. 2010).

Hier en fin de soirée je regardais brièvement les infos sur BHM, notamment un sujet sur la mobilisation – naissante – des étudiants. S’ils descendent dans la rue avec les syndicats et tous ceux qui protestent notamment depuis juin contre cette réforme – mobilisation étudiante que redoutait par dessus tout Nicolas Sarkozy ! Ils ne manqueraient pas de crier «Sarko ! t’es foutu… les jeunes sont dans rue !» - on aura un petit air de décembre 1995. Surtout si les personnels ATOS (administratif, techniciens, ouvriers et soutien) des fac rentrent dans la danse comme à l’époque.

Je constate des similitudes mais je n’aurais nullement la prétention d’augurer du proche – et encore moins lointain - avenir. Nicolas Sarkozy s’arqueboute comme un malade. Bien obligé : il est le factotum du Medef, des multinationales du COUAC/40 et des marchés financiers. Et qui plus est, toute sa stratégie consiste à dire, avec toute la vanité satisfaite qu’on lui connaît : personne n’a eu le courage de s’attaquer aux «privilèges» des salariés, moi je l’ai fait… Je n’ai pas le temps de dépouiller la presse mais je lis sur les titres que si Woerth semble avoir lâché un peu de lest au Sénat sur la retraite des mères de famille – juste pour une période transitoire de 5 ans ! Il n’entend pas aller plus loin.

Il ne manque pas d’air, le bourrin de Chantilly ! Répondant, pendant la séance des questions d’actualité du Sénat à l’interpellation d’Annie David, sénatrice PC de l’Isère «Quand allez-vous écouter le peuple et taxer les revenus financiers? Il est temps encore de retirer votre projet de loi et d’engager des négociations!» il eut cette réponse sublime de mépris pour le vulgum pecus : «Nous écoutons les sénateurs» ! Et encore plus fort, en réponse à Raymonde Le Teixier (PS, Val d’Oise) il a répondu que c’était «l’honneur du président de la République et du gouvernement de présenter ce projet de loi pour assurer le paiement des pensions»…

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L’honneur ! Il en faut sacrément une bonne dose pour sacrifier ainsi les salariés sur l’autel des profits. Aux téméraires combattants de la lutte des classes, les capitalistes reconnaissants.

Eric Woerth devrait avoir honte de parler d’honneur. Il distribue sans doute la Légion d’honneur à tire-larigot à tous ceux qui apportent du flouze – légalement ou non - à l’UMP. Et au vu de toutes les affaires louches dans lesquelles il aurait trempé à en croire le déversement à jet continu de révélations depuis bientôt 4 mois, la conception de l’honneur de Woerth est tout comme celle de Sarko : égale au zéro absolu et très certainement liquéfiée dans un magma de fric.

Pire, il pousse les sénateurs à hâter l’examen du texte lis-je sur Le Figaro (7 octobre 2010) : «la commission des affaires sociales du Sénat a résolu d’examiner en priorité, à partir de jeudi soir, les deux articles principaux du projet de loi, qui relèvent l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et le droit à une pension sans décote de 65 à 67 ans». La gauche a sans doute raison d’accuser le gouvernement de «vouloir à tout prix faire adopter les dispositions clefs de la réforme avant la journée de protestation du 12 octobre 2010».

Mais si la mobilisation prend de l’ampleur en se transformant en mouvement social radicalisé, seul moyen de faire plier le pouvoir, ce vote à la hâte n’aurait guère plus de valeur que naguère la loi sur le CPE… (janvier 2006 pour autant que ma mémoire ne me trahisse pas, j’étais alors en vacances dans l’Hérault) pourtant votée et même promulguée mais dont Chirac et Villepin ont sagement décidé qu’elle ne serait pas appliquée.

Or donc, “Mardi noir” pour Nicolas Sarkozy ? On verra si la “méthode Sarko”, à bon escient critiquée par Jean-Pierre Bel, sénateur (PS) de l’Ariège et président du groupe socialiste du Sénat qui parle de «triptyque de la potion Sarkozy: beaucoup de régression sociale, beaucoup d’agitation et, au final, une pincée de concessions». Bien vu !

Il reste toutefois à voir si les maigres concessions réussiront à convaincre la majorité des Français qui ne sont pas dupes : ils comprennent très bien que la réforme des retraites est sans doute une pierre essentielle du chantier de la démolition sociale mais que Sarko & consorts entendent bien dès qu’elle sera mise à bas s’attaquer au peu qu’il reste des murs porteurs de feu l’Etat-Providence… Si nous les laissions faire sans réagir, le pire serait devant nous.


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