Magazine Maladies

Débrouillez-vous !

Publié le 06 octobre 2010 par Suzanneb

Rester en vie ! 

En santé comme en d'autres domaines:
Nos représentants élus DEVRAIENT NOUS PROTÉGER contre l'appétit des industriels... mais ils préfèrent se remplir les poches !

oct

6

2010

Par suzanne

Je vous livre le témoignage de Thomas. Il décrit son expérience suite à la déchirure de deux ligaments d’une cheville en juillet dernier.

des_urgences_au_ralentiAux nombreux thuriféraires (si si il y en a…) qui trouvent encore le moyen d’encenser le système québécois de la santé, à ceux qui persistent dans leurs délires de politique-science-fiction, à ceux dont les propos atteignent la stratosphère de la bêtise. Voici un énième témoignage, le mien…

Oui car toutes vos « belles » paroles ne sont que turpitudes qu’un peu de sable efface face à la réalité la plus crasse.

La RÉALITÉ:

C’est simple, c’est celle du malade et du blessé (je ne dirais pas celle… du patient, ça fait peur). Le reste c’est de la logistique et des examens de médecine. Quand tu te blesses, la politique tu t’en tapes comme de l’an quarante. Désolé de faire dans le prosaïque.

 

Voici les faits, tels que tout le monde (ou presque) les vit :

Tu te déchires deux ligaments de la cheville, à Montréal, par exemple. Il me semble que ce n’est pas le tiers-monde. L’urgentiste de l’Hôtel-Dieu est pressé, évidemment. Comment en serait-il autrement ? Il est TOUT SEUL le pauvre, au creux de l’été. Ne vous blessez surtout pas quand ces messieurs sont en vacances. Pénurie double. Ben oui: vacances. C’est clair c’est un droit acquis, démocratique. Et tout le monde part en même temps ! Circulez, en vacances la douleur, elle aussi ??!!

L’urgentiste esseulé entame alors son monologue d’homme de science qui sait de quoi il parle n’est-ce pas. L’homme possède quarante ans d’expérience… Qu’à cela ne tienne: il donne son sermon médicale, se donne en spectacle… auquel toi tu assistes, passif et médusé, hypnotisé, bouche cousu. Surtout ne rien remettre en question. Monsieur prescrit. Un point c’est tout. Mais prescrit quoi ? Ne revenez surtout pas me voir: je suis urgentiste. Allez hop déguerpissez, au suivant. Ah oui au fait: merci pour les béquilles en bois. Générosité du gouvernement oblige, plus besoin de les payer soi-même. En contrepartie faut pas trop en demander. Non. Qu’ils vous éraflent la peau des poignets au sang… ce n’est qu’effet secondaire insignifiant. Mais c’est gratuit ! Vous n’avez qu’à investir dans le port du gant.

Sur ces entrefaites tu es rentré chez toi, appliqué de la glace sur ta cheville. Le temps passe, les jours… et la douleur, loin de s’estomper, augmente, cheville en charpie… En désespoir de cause, et ça n’a rien de pathétique, c’est la réalité quotidienne de milliers de gens… tu te demandes quoi faire… à qui t’adresser. Ô mais môssieur, nous en avons des ressources au Québec, de très bons médecins, c’est bien certain…. Certes, certes, mais INACESSIBLES !

Bon, finalement tu dégotes un omnipraticien au coin de chez toi (tu ne peux pas te traîner bien loin dans ton état), dans une clinique sans rendez-vous, qui n’ouvre que le mercredi (???!!!). Le vieux médecin de quatre vingt ans, charmant, délicat, cinquante ans d’expérience, te dit: « mettez votre jambe sur mon genou » (c’est tout juste s’il ne précise pas: sur le genou de papa)… et de tâter un peu… « ici vous avez mal ? ici ?… bon revenez me voir dans trois semaines si vous avez encore mal »… Qu’est-ce qu’il peut bien faire de plus ? Hein ? Alors toi tu insistes pour avoir une référence en orthopédie (hein ? à tout hasard) histoire de perdre trois semaine de moins à attendre, c’est déjà ça. Bon il te remet un papier qu’il ne prend la peine de remplir qu’à moitié. Tu rentres chez toi péniblement et tu appelle Notre-Dame et la clinique orthopédique Saint-Urbain et l’hôpital général juif. Notre-Dame: « appelez le 7 septembre pour un rendez-vous en janvier 2011. » La clinique ortho. sur Saint-Urbain ?

- Vous avez quoi ?
- Déchirure des ligaments.
- On ne prend plus personne

Refrain connu qui rappelle la pénurie de généralistes. 1 Québécois sur 4 n’a pas de médecin de famille… Quel beau refrain ! A répéter sur tous les tons !

L’hôpital général juif ? « Plusieurs ANNÉES d’attente » me dit la préposée !

Alors là, je vous le demande à tous, tu fais quoi ? Tu ronges ton frein, tu mors un morceau d’érable ? Après tout t’es encore vivant…

C’est ça qui arrive: si ton coude éclate en mille morceaux on va t’opérer en urgence, ça oui, très bien, d’accord, on va t’installer une prothèse, des vis… on va refermer tout ça et tu vas être référé illico, en urgence, en physiothérapie pour une durée subséquente d’un an. Magnifique !

Et si tu peux attendre, si le pronostic vital n’est pas engagé: on te donne un rendez-vous dans six mois… pendant lesquels ton état va se dégrader à tel point que le spécialiste ne pourra peut-être plus rien faire.

Voilà l’absurdité:
- urgence vitale: on te soigne.
- tu peux attendre six mois ou plus…: tu seras soigné dans six mois ou plus.
- en revanche tu peux allez te faire voir en… Suisse… si tu es un cas médian, intermédiaire.

Et si tu as mal, prends des Tylenols.

Bonne nouvelle: il y aura plus d’omnipraticiens d’ici trois ou quatre ans. Et alors ? D’ici là oui: prenez le temps de mourir entretemps. Nul besoin de s’en donner la peine. Elle est déjà là……..

Et encore: je résume !

Thomas


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Suzanneb 1338 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines