Pas trop de soucis pour atteindre le Stade Roi Baudouin en ce jeudi soir automnal.
La stratégie voiture+tram a du bon.
A 19h30, nous sommes installés au sein du bloc D de la tribune 1 à l'abri des intempéries et quelques quinze minutes plus tard, Interpol ouvre les hostilités.
Lorsque l'écran circulaire affiche en lettres lumineuses le nom des britanniques le stade est déjà bien rempli et bientôt il contiendra les 70.000 âmes attendues ce soir.
Le band attaque avec " Succes" et ô surprise " le son n'est pas mauvais du tout. Puissant mais pas assourdissant. La filiation musicale avec Joy Division est toujours évidente même si le groupe a
gagné en maturité et en personnalité (comme en témoigne son excellent dernier opus) et affiche un bel aplomb.
" Say Hello to the Angels", "Slowhands", "Lights", "C'mere", "Barricade", "Evil", "The Heinrich Manoeuvre", les titres se succèdent entrecoupés de temps à autre par un " thank you very much"
laconique. Une froideur qui est l'image de marque du groupe qui, même s'il n'est pas un groupe de stade, se débrouille parfaitement dans son rôle de supporting act. Il faudra les revoir bientôt
dans une salle de capacité plus modeste afin de mieux profiter de leurs très bonnes compos.
20h30, fin de la première partie et direction le bar histoire de s'en jeter une avant le plat principal.
Setlist Interpol :
Say Hello To The Angels
Slow Hands
Lights
C'mere
Summer Well
PDA
Barricade
Obstacle 1
Evil
The Heinrich Maneuver
21h15, l'écran circulaire lumineux affichent l'image des 4 U2 qui se dirigent vers la
gigantesque scène oeuvre de la société belge Stageco.
En fond sonore David Bowie chante Space Oddity.
Quelques instants plus tard les premières notes de "Return of the Stingray Guitar" emplissent le stade qui répond comme un seul homme. Ambiance du tonnerre.
Et pourtant...
Et pourtant au risque de me mettre à dos les afficionados du groupe j'émettrais quelques réserves concernant le concert d'hier soir.
J'en donnerai donc 2 avis, un "pour" et un "contre".
L'avis "pour"
Il est clair que pour le fan irréductible de U2 la grand messe que nous avons vécue hier constitue certainement un moment inoubliable et a tenu toutes ses promesses.
Le gigantisme de la scène, offrant au public une démonstration technologique sans précédent, constitue l'essentiel du show. Le son est bon et le principe de la scène centrale permet à tous de bien voir le groupe qui offrira à ses fidèles 24 titres durant 135 minutes de show. Ecran géant circulaire pouvant changer de forme, scène mega-giga-immense en forme de pince ou d'araignée, light show puissant, public nombreux, tout y est.
Chacun chantera à pleins poumons sur les titres phares comme "Mysterious ways", "Where the streets have no name", "Elevation", "With or without you", chacun versera sa petite larme sur "One" et sera ému par les messages de paix et de soutien d'Amnesty International véhiculés par Bono. Chacun enfin transformera le stade en une immense boule à facette en allumant son portable à la demande du frontman aux lunettes foncées et en fera la photo souvenir.
La machine est huilée, le peuple est content. Le merchandising fonctionne à merveille.
U2 est un des plus grands groupes du monde, c'est certain et la majorité du public a aimé.
Et pourtant...
L'avis "contre"
J'avoue ne pas être un inconditionnel de U2 même si je fus assez fan de leurs albums et de leurs prestations scéniques jusque "Achtung Baby".
Avoir l'opportunité de voir le groupe "live" ne se refuse donc pas et je me réjouissais d'assister à cette date bruxelloise .
Pourtant, je dois avouer m'être parfois ennuyé, car le U2 d'aujourd'hui s'il a encore gagné en popularité et propose un show millimétré digne des plus grands ne possède plus la rage et la spontanéité qui ont fait de leurs prestations passées de grands moments de l'histoire du rock.
La setlist affiche quelques moments faiblards et inégaux qui parfois cassent le rythme. Il est clair que les derniers albums du groupe n'ont plus la qualité de leurs premiers opus et que le band se trouve au fil des années quelque peu emprisonné dans une image de marque de plus en plus "mainstream", lui permettant de toucher tant l'amateur de rock fidèle de ses débuts que la ménagère de - de 50 ans, auditrice distraite de Classic 21 ou radio nova.
Bien sûr on dira que Bono a toujours autant de charisme, que c'est un frontman né, que le groupe tourne comme une horloge et c'est certainement vrai, mais c'est bien là le problème à mon sens. Adieu la spontanéité, on est dans un show millimétré, et hélas au revoir le son rock et l'énergie incomparable du Live Aid 85 et de la tournée Zoo TV à Flanders Expo.
Le groupe est devenu écoutable par tous et attire plus le public par l'ampleur de ses shows que par la qualité de ses nouvelles compos et de sa musique devenue assez conventionnelle sans beaucoup de prise de risque. Il en arrive même parfois à se singer ...
Entendons nous bien, ceci n'enlève rien au magnifique parcours réalisé par Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen, que je respecte énormément mais me laisse juste une impression quelque peu mitigée concernant la soirée d'hier.
Trop de gigantisme tue l'émotion.
Ah oui dernière chose : ils n'ont pas joué Sunday Bloody Sunday...grrrr
Et pourtant...
23h30, U2 salue une dernière fois le public belge qui fut le premier public à les soutenir il y a maintenant bien longtemps. Ils sont là tous les 4 alignés devant la foule, simples, humains microscopiques presque perdus dans tout ce barnum.
Ovation.
Ce fut à mon sens le plus grand moment d'émotion spontanée d'un mega concert qui aura ravi la plupart des spectateurs présents.
Après tout si le peuple est heureux, que demander de plus ?
L'orage nous accompagnera sur le chemin du retour transperçant rapidement nos habits.
Le ciel se venge, Bono n'aurait pas dû chanter " Singing in the rain à plusieurs reprises...
Setlist U2 :
Return Of The Stingray Guitar
Beautiful Day
New Year's Day
Get On Your Boots
Magnificent
Mysterious
Elevation
Until The End Of The World
I Still Haven't Found What I'm Looking For
Angel Of Harlem
Bad
In A Little While
Miss Sarajevo
City Of Blinding Lights
Vertigo
I'll Go Crazy If I Don't Go Crazy Tonight
Pride (In The Name Of Love)
MLK
Walk On
[*]Encore:
OneWhere The Streets Have No Name
[*]Encore 2:
Hold Me, Thrill Me, Kiss Me, Kill MeWith Or Without You
Moment of Surrender