vendredi 24 septembre 2010
LE PAYS DE LA CANNELLE de William Ospina
Résumé éditeur :
Dans une île sèche des Caraïbes, un jeune Espagnol vit avec celle qu’il a toujours connue comme sa nourrice, Amaney, à la peau brune comme la cannelle. Il vit dans l’attente des lettres de son père, parti sitôt après sa naissance courir fortune avec les conquistadors de Pizarro. À douze ans, il reçoit une dernière lettre, récit envoûtant et terrible de la chute de Quzco et de la mort de l’empereur. Alors que la lettre suivante lui apprend la mort de son père, le jeune garçon découvre que sa prétendue nourrice n’est autre que sa mère. Déchiré, honteux, il part sur les traces paternelles pour réclamer sa fortune. Sur les routes escarpées des Andes, devant les ruines de la cité des Rois de Lima, il est en proie à des émotions contradictoires. Le peuple de sa mère a été décimé, mais devant les vestiges des cités d’or, il se surprend à envier les sanglants conquistadors qui ont pu découvrir ce spectacle intact. D’une oreille, il entend le récit violent des envahisseurs, de l’autre, les légendes millénaires des Indiens qui ont bâti une civilisation bientôt écroulée.
Mon avis :
Lorsque la Team de BOB a proposé ce roman en partenariat, j’ai longtemps hésité avant de postuler. William Ospina est un parfait inconnu dans mon univers littéraire, de plus le titre ne m’évoquait rien. Il est vrai que l’histoire et moi ne sommes pas de grands amis.
Et puis je me suis dit “pourquoi pas ?” Les partenariats sont aussi faits pour découvrir des mondes inconnus, des horizons divers.
Voilà comment je me suis retrouvée avec “ Le pays de la cannelle” entre les mains.
Le début du roman est un peu long et difficile à suivre.
Nous faisons la connaissance d’ un jeune espagnol qui vit aux Caraïbes avec sa nourrice ( qui est en fait sa mère) pendant que son père parcourt le monde à la recherche d’or.
Nous sommes en 1540 et les conquistadors ont débarqué au Pérou en quête d’aventure et de richesse.
Par une lettre qu’il gardera toujours sur lui, il apprend la mort de son père, terrassé dans l’éboulement d’un temple Maya.
Quelques années plus tard, ayant droit sur les richesses de son père, il part sur ses traces afin de récupérer son héritage.
Commence alors l’aventure.
Le narrateur ( le jeune homme espagnol revenu de son périple) raconte son histoire à une tierce personne. William Ospina ne nous dévoile son identité qu’à la fin du roman.
De son arrivée à Qusco où son père est décédé, jusqu’à son retour en Espagne : sa rencontre avec les conquistadors, son émerveillement et sa déception face aux temples incas et leur mise à sac, ses recherches pour retrouver l’or de son père, son enrôlement aux côtés de Gonzalo Pizzaro dans l’expédition pour découvrir le pays de la cannelle( el dorado qui ne fut qu’une chimère), les aventures et les mésaventures qui ont jalonnés son voyage, les découvertes fabuleuses et les horreurs commises par les siens…puis son retour parmi son peuple pour conter son voyage.
Parenthèse historique : Le Pérou et ses fameuses cités d’or ( légende qui naquit avec la découverte des Amériques ) attirèrent la convoitise des aventuriers et des conquistadors. Ces derniers montèrent de grandes expéditions afin de conquérir et piller les richesses des autochtones. C’est avec violence et cruauté que cette terre sauvage fut violée et dépouillée.
Mais pour toujours, le trésor de ce pays réside dans la beauté de ses paysages et dans les vestiges de ses mystérieuses cités encore habitées par l’esprit et la magie des Incas.
En 1542, Gonzalo Pizzaro et Franscisco Orellana découvrent le fleuve Amazone.
La dernière partie m’a un peu ennuyée. William Ospina y décrit la vie politique de cette époque et les enjeux ( un besoin sans cesse grandissant de richesse) des puissants en Espagne. Il remonte en amont de l’histoire pour nous expliquer que l’avidité de pouvoir et de richesses des Européens était tellement grande qu’elle justifiait à leurs yeux la destruction de terres lointaines et de peuples jugés inférieurs. La loi du “je suis plus fort alors je t’écrase”.
A l’instar du fleuve que nos aventuriers ont suivi, William Ospina nous entraîne dans son récit par des ondulations dans le rythme de ses mots. D’une prose poétique douce et enivrante, comme le calme illusoire d’une eau apaisée, nous sommes brusquement entrainés par une vague de mots durs et crus qui illustrent la violence des hommes entre eux. Puis vient l’émerveillement avec des descriptions fabuleuses d’une faune encore vierge. Mais ce repos n’est que de courte durée car l’homme et sa puissance se rappellent à nous. Le ton s’emballe et les mots s’entrechoquent.
Comme notre jeune espagnol, j’ai fait un étrange voyage dans un univers qui m’était inconnu jusque-là. J’ai été transporté dans son récit comme dans un songe et j’ai beaucoup appris sur l’histoire de la colonisation espagnol et sur moi-même.
William Ospina signe ici un grand roman d’aventure, mais aussi un roman historique.
C’est un excellent récit de voyage qui nous ouvre les portes sur une époque riche en découvertes ( mais au prix de nombreux morts ).
Je remercie chaleureusement et les éditions JC LATTES, pour ce partenariat qui m’a permis de me découvrir un intérêt pour l’histoire.
Retrouvez aussi les avis de Schlabaya, Belledenuit, Folfaërie,
- EST-CE AINSI QUE LES FEMMES MEURENT
- LE SANG DES DALTON de Ron Hansen
- CODE PHENIX de John Connor
- DUEL EN ENFER de Bob Garcia
- LES VESTIGES DE L' AUBE