Beaucoup le connaissent pour ses collaborations avec Sixpack, d’autres pour celles avec Martyn et son label 3024… Mais sachez que tout ceci n’est que la face émergée d’un iceberg bien loin de fondre. Erosie, hollandais pure souche, est le genre d’artiste difficile à classifier; issu du graffiti, c’est un mec que l’on pourrait qualifier « d’Old Timer » dans la rue, mais dont le talent ne s’est pas cantonné au réseau de voies ferrées de sa ville. Jouissant d’une parfaite maîtrise de l’illustration dite « classique », c’est aussi un fin concepteur, toujours à l’affût de l’innovation, ou du message qui vous fera scotcher et sourire !
Bref, c’est avec un plaisir nous dissimulé que nous l’accueillons, pour ce premier focus de la nouvelle version de Jekyll et hyde ! Rencontre.
Many knows him for his collaborations with the brand Sixpack, others for thoses with Martyn and the label 3024… But you better know that it is only the appeared face from an iceberg far from melting. Erosie, Dutch pure stump, is the kind of guy quite difficult to classify; stemming from graffiti, he is an « old timer » in the street, and nevertheless his talents does not confine itself to the railroads of his city. Enjoying a perfect control of the illustration said « classic », he is also a fine designer, always on the look-out for innovation, or of the message which shod you to Scotch-tape and to smile !
In brief, it is with a big pleasure that we welcome him on our pages, for this first focus of the new version of Jekyll and Hyde ! Encounter with the man.
Salut Erosie, pour commencer quelle heure est-il, et où es-tu alors que tu réponds à notre interview ?
Je suis dans mon studio à Eindhoven, Hollande. Si je regarde sur ma gauche, au travers ma fenêtre, je vois une église. Si je regarde sur ma droite, je vois un mur blanc. L’horloge de l’église m’indique qu’il est une heure moins dix sept minutes.
Hi Erosie, lets start with our classic shit ; Where are you, and what hour is it while you are answering to our questions ?!
I’m in my studio in Eindhoven, the Netherlands. If I look to the left, I see my window with in it a church. If I look to the right, I see a white wall. The church tower tells me it’s 17 minutes past one.
Peux-tu rapidement nous parler de ton parcours ?
J’ai entamé ma carrière de graffeur vers 1993. Époque à laquelle je commençais aussi à faire du graphisme sur un vieil ordinateur Amiga, avec un écran pixel d’une résolution de 640 x 256. Deux univers qui m’ont fait évoluer vers un travail me permettant de combiner textes et images, qui m’emmènera à faire une école d’art, puis devenir illustrateur professionnel.
Depuis lors, j’ai toujours voulu faire une différenciation entre mon travail de dessinateur et celui de graffeur. Je partage donc mon temps entre jobs et travaux personnels, en tentant de conserver cet esprit libre qui me pousse à expérimenter et innover, sous le pseudonyme d’Erosie.
Can you quickly tell us about your career ?
I started doing graffiti around 1993. Also I was doing graphics for demo’s on the Amiga back then, pixeling on a 640 × 256 resolution. From that time, I started to seriously work with letters and characters, combining text and image resulting in going to artschool and becoming a professional illustrator.
I tried to keep doing illustrations as a profession seperate from doing graffiti and made the difference by working with my pseudonym. In a way I still do that, splitting time between doing jobs and trying to keep a free spirit in the work I do as Erosie. That makes it possible to feel free in experimenting, jumping fields and not fitting genres.
Te souviens-tu de ta première peinture / ton premier mur ?
Oh oui, bien sur ! La combinaison d’images et de lettres apposées sur un mur en extérieur, grandeur nature, qui plus est en toute illégalité… C’était vraiment très puissant ! Je ne pense pas avoir ressenti autant de sensations depuis… D’ailleurs, pour être honnête, celles-ci n’ont fait que dégringoler !
Do you remember your first paint / your first wall ?
Yes. Vividly! The combination of working with images, letters and doing it outside, lifesize and illegal was a very powerful one. I think I never really got over that to be honest… Since then things just went downwards.
Ton travail s’étale sur différents domaines, de l’abstrait à la typo, en passant par le comics, les toiles, les tee-shirts, en intérieur, en extérieur… Une préférence ?
Hmmm, ben il faut croire que non ! Et même si mes travaux semblent souvent différents, pour moi il y a beaucoup de similitudes entre eux.
Your work has various aspects from abstract to typograhia, comics, indoor, outdoor, canvases, shirts… any preferences ?!
Well obviously not haha! Although the looks may seem really different, for me there are a lot of similarities and connections between most of the projects.
D’où ma prochaine question, as-tu un thème récurrent dans ton travail ?
Parfois, j’ai l’impression d’être un véritable touriste dans notre grande culture visuelle ! Je me balade dans la rue, absorbe, réfléchi, et lorsque j’arrive chez moi, je pense à comment appliquer ceci à mon monde.
Mais au final, je perds le goût de dessiner par amour du dessin… Etre de plus en plus conscient de la manière dont le language visuel est aujourd’hui utilisé, notamment grâce à mon background « de la rue », a nourri en moi l’envie d’aller à contre-courant de la tendance.
J’ai par exemple remarqué une grande différence entre le moment où je dessinais encore à partir d’une base dite « classique », et le moment où je me suis dirigé vers un travail de typos et d’illustrations plus abstraites. Les gens n’y comprenaient plus rien, ils ne s’attendaient pas à ça… Alors bien entendu cela est risqué financièrement, mais c’est tellement plus exitant !
C’est donc ça que j’aime conserver dans mon travail, ce sentiment d’inattendu, le fait de rebondir constamment là où on ne m’attends pas, tout en conservant un certain fil directeur dans le style. Un peu comme le fait Martyn dans la musique…
Have you got a recurring theme, or a special connection between your drawings ?
For some reason I feel like a tourist sometimes in our big fat visual culture. You wander around looking at things and then you leave again, thinking afterwards about the things you saw and how to put that into your own world.
Throughout the years I have grown more distant from just drawing for the sake of drawing as a result of being more and more aware of how visual language is used nowadays. Especially with a background of visual freedom in doing graffiti or working in the street.
I noticed a big difference between the moment I was still drawing “character-based-stuff’ and when I switched to doing more text-based and more abstract work. I like switching these fields since it’s all about communication in a way, ”sender and receiver” so that means you can play with expectations, clichés and profiling, just to name a few. Switching once in a while refreshes the attachment to what I do, without losing the “pulse”, drive and love for what keeps me doing these things, as my friend Martyn does with his music !
Quels artistes t’ont influencé, ou t’influencent encore aujourd’hui ?
Je remarque que la plupart sont des gens avec qui je partage la même attitude. J’aime travailler pour la manière et non plus seulement pour la forme. Je veux dire par là que l’aspect, l’esthétique ou encore la technique sont devenus des facteurs secondaires, une partie de la pomme et non plus son tout… et ce, y compris dans mon propre travail.
Au final, cela est surement une réaction inverse à notre société basée essentiellement sur l’apparence extérieur, un rejet qui me pousse à plûtot m’interroger sur le pourquoi, que le comment. La raison pour laquelle quelqu’un réalise un projet est bien plus interessante, mais aussi bien plus difficile à appréhender que sa réalisation. Ce qui transforme la démarche en un véritable challenge !
Dans ce cas là, je suis plutôt inspiré par des gens au sens large que par uniquement des artistes ou des designers.
Wich artists influenced or are stil influencing you ?
I notice that mostly it’s people that share that same attitude. Maybe that’s a difference with some time ago… I mean I can really enjoy work just for the sake of how it’s done. The looks of it, the technical aspect of aesthetics, skills etc. But for some reason this got less and less important to me, or really seemed just one part of the pie, also in my own work. Maybe that’s because in general so much in our world is about how things look, the outside.
But in the end the reason why people do what they do is much more interesting, but also harder to “read” in a way, so in a way much more challenging because of that. In that case I can be inspired by people in general. Not especially or maybe even especially not just artists and designers.
« Question philosophique » Penses-tu qu’être artiste est un talent inné ?
Je pense que ce sont tes actes et ta façon de vivre qui faconnent l’être que tu es. Ton lieu de naissance, ta relation avec tes parents et avec ton entourage tient également une place prépondérente dans ce processus. Et il en est de même pour l’art…
Tout réside dans la chance d’être entouré de gens qui te donne la possibilité de créer, et t’encouragent dans cette voie.
« Philosophical question » Do you think art is an innate thing ?
I think you become somebody because of how you live and the reasons why you do the things you do. And sure, where you are born and what your relation is to your parents and surroundings is crucial in that part. Same goes for art I guess.
Probably a lot comes down to possibilities. Being fortunate enough to be around people that give you possibilities, or driven enough to create them yourself.
Parle-nous de l’illustration que tu as faite, spécialement pour nous, sur le thème Jekyll et Hyde ?
Evidemment il s’agit de la relation, ou la friction, entre le texte et l’image. Ce qui correspond pour moi à une situation de type « Jekyll et Hyde », entre le comment et le pourquoi de la compo.
Pour ce qui est de la signification de cette illustration, elle est purement personnelle. Elle représente la confrontation entre le fait de dire les choses, ou reculer et réfléchir avant d’agir. J’ai déjà était confronté à ce genre de schémas et, avec un peu de recul, je me dis qu’il aurait été plus malin de tourner ma langue dans ma bouche, plutôt que de l’ouvrir.
Mais d’un autre côté, la pire censure ne serait-elle l’auto-censure ?! L’important est donc de savoir trouver le savant dosage…
Tell us a little bit about the illustration you made for us on the theme Jekyll & Hyde ?
Obviously it’s the relation or friction between text and image. Next to that it’s a Jekyll & Hyde situation for me between the how and the why of an image; how it’s done and why it’s done. The meaning of this image is a personal one; the relation between saying (or showing) what you think or taking a step back in doing that; I’ve had quite some situations in the past that I think I could have solved better by thinking ahead and keeping my mouth shut. But on the other hand; the worst censorship is self-censorship, so there should be a gray area in between.
Tu as pas mal travaillé avec Martyn (artiste électro) depuis ses débuts… Je pense notamment à la cover de son LP « Great Length« (ci-dessus), à l’exposition que vous aviez faite ensemble, ou encore à la direction artistique de son label 3024. D’où vient une telle collaboration sur le long terme ?
Nous nous connaissons depuis un bon moment maintenant ! Notre collaboration sur le label 3024 a commençé comme un projet typiquement DIY (Do it Yourself) : Nous voulions trouver une niche qui nous permettrait d’évoluer ensemble, lui sur le côté musical, moi artistique.
Bien que nous travaillons dans des directions diamétralement opposées, nous partageons la même attitude. Celle de ne pas vouloir de compromis, faire ce qui nous plait comme cela nous chante, et ce sans avoir à réfléchir à la hype ou devoir se cantonner à un certain style.
Je pense également que cela vient du fait que nous venons tous les deux d’Eindhoven, petite ville où le support mutuel est essentiel, afin de pouvoir exploser à l’extérieur.
You worked on Martyn album, have participated to an expo with him, and also are the DA of his label 3024, so i guess you are big friends ? How do you met each others ?!
We have known each other for a long time now. I think working together on 3024 started out as a DIY-thing; wanting to find a niche together in him doing his music and me doing the artwork, but more importantly to me; sharing a similar mindset about our work. Although it’s a very different direction we work in, we share a similar attitude I guess. Not wanting to compromise to thinking in genres too much, seeing through hypes and sticking to what you feel is important for instance. I think this partly comes from growing up in Eindhoven where you just have to work very focused to get your stuff out there, so mutual support is something that is crucial.
En parlant du label 3024, peux-tu nous éclairer sur la direction artistique, plutot abstraite, que tu as prise ?
Celle-ci a connu une évolution en parralèle à ma propre évolution visuelle et celle de la musique présente sur le label. Par conséquent, celle-ci n’est pas vraiment une direction très « précise », « générique ».
Au départ les artworks étaient des représentations du titre des tracks, puis cela a évolué vers un contraste visuel entre analogie et digital – Vectoriel vs dessin à la main. D’une certaine manière celle-ci est une extension de mes créations « Imploded view« , axées sur le format visuel, ce qui les lient au travail de Martyn sur le son et la musique !
Speaking about 3024, can you tell us a bit more about the Artistic direction you have chosen ?
I think it goes along with my own visual development and Martyn’s music or the music that is on the label in general. It’s not a very clear “direction”or format every release fits in; I want to keep it open so it can adjust or grow. First the artwork was a visual representation of the track-titles. This grew into a more open approach and now is really about a contrast in digital and analogue visuals. Gradients vs pencil-drawings. In a way it’s an extension of my « Imploded view » drawings, that are more about formats in visuals, so there is a link in how I work with image and Martyn thinks about sound or music.
Bon, assez parlé art ! En tant qu’électro head, peux-tu nous donner ton chart de septembre ?
Je ne suis pas vraiment un mec qui fait des charts ! Mais voilà ce qui tourne en ce moment dans ma playlist : Micky’s Naked Lunch-mix, 2562 vs A Made Up Sound LWE-mix, Toumani Diabaté, New Order et un mix acide-groovy de Dj Count Zero.
So, as i bet you are an electronic head, can you give us your spring’s chart ?
I don’t really think in charts but at this very moment is my playlist: Micky’s Naked Lunch-mix, 2562 vs A Made Up Sound LWE-mix, Toumani Diabaté, New Order and a groovy acid-mix by Dj Count Zero.
Passons maintenant au questionnaire spécial « Street Trick » (réponse en 1 mot) :
Special Street trick (answer with one other word) :
Street Heads : Kinderkopjes
Street Wear : Fubu
Street Art : Kids
Street Credibility : Carte de crédit / Credit card
Street Business : Street art
Street Sex : eeew!
Street Legend : Word (Une legende repose sur le simple fait que tu la trouve importante… Un simple mot)
Street Fake : Roadrunner (nom original du personnage de dessin animé Bip Bip)
Quel est ton pire et à l’inverse ton meilleur souvenir lorsque tu te penches sur ta carrière ?
Les expos solos (je n’en ai fait que trois pour l’instant). A la fois incroyablement cool, et terriblement effrayante ! Et encore je ne parle pas de la préparation…
What is your best / and at the contrary worst, experience in the art world ?
Doing solo exhibitions( I only did 3 yet) probably is both. Really cool and terribly scary at the same time. And that is without talking about preparing it !
Comment décrirais-tu ton univers en un mot ?
Fata Morgana
How would you describe your universe in one word ?
Fata Morgana
Comment définirais-tu la société actuelle en un mot ?
Estafette
How would you describe your universe in one word ?
Estafette
Comment définirais-tu le millieu de l’art en un mot ?
Utopie
How would you describe artistic world in one word ?
Utopia
Et enfin je te laisse le dernier mot pour la fin ?
Erosie
And finally I let you give the last one (word) ?
Erosie
Question bonus : Quelle question aurais-tu aimé que l’on te pose ? ( et sa réponse )
Quelqu’un veut du café ?!
Bonus question: What question wished you to hear from us, we didn’t ask ? (and answer to it)
Coffee anybody ?
Erosie Website
Erosie Blogk