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Max | Revenir

Publié le 06 septembre 2010 par Aragon

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Revenir

puis partir à nouveau

vers de nouveaux espaces décousus,

décentrés, déboussolés des contraintes du temps,

des vagues limites que le corps se fixe

en règles désuètes, parler

sans jamais que la langue ne sèche

de cette encre raide dont elle tisse l’enveloppe de l’air,

courir vers ces horizons essoufflés,

s’arrêter au bord d’une flaque inconnue,

sourire de l’extrait de visage qui s’y est fractionné,

se rendre compte subitement que l’on est tout,

tout un pan de l’univers mutique

entier,

qui se désagrège

comme une peau muée,

l’autre est là

de l’autre côté du chemin, de l’eau dormante et vive,

sous la boue palpitante et chaude,

l’autre, l’autre palpitation

absolument nécessaire à cette vie de guingois, mal assurée

l’autre, mal nécessaire, l’autre côté,

mais toi, où es-tu ?

Dans quel espace, quelle contrée,

quelle fraction de ce quadrilatère vivant,

qui me constitue,

te retrouver, suivre la piste

des aubes naissantes, des lichens et des mousses,

remonter les pistes invisibles et silencieuses,

remonter le temps comme un fleuve,

comme un chien, comme un chasseur,

poser sa vie sur une rive diamanteuse,

attendre

attendre à genoux, attendre encore

quand on pense encore

que la nuit va tomber,

tomber sans fin  sur des désastres

toujours recommencés,

te voir surgir alors,

te toucher sans y croire,

te toucher,

vibrer soudain comme la pluie,

comme le vent et la feuille de l’arbre,

se dire en éclatant de rire,

se dire en pleurant

tu es là

je suis vivant

enfin


"study from the human body, 1949"
francis bacon

Oil


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