Avant-hier en faisant la cueillette d’images pour illustrer le billet sur l’autoportrait, l’idée a fait son chemin. Nous voilà faire un retour sur le sujet que nous pensions sans grand intérêt. Entre ce que nous pouvons penser et les aboutissements d’une idée, il y a souvent des ramifications que nous ignorions, volontairement ou pas.
L’autoportrait de Francis Bacon nous a fait penser que même si l’autoportrait comme forme artistique était moins en vogue de nos jours, cette forme d’art continue d’intéresser des artistes. Dans le fond,
que ce soit la négation, le non-sens, le dérivé ou encore le dénie le plus total de ce « soi-même » , il en demeure le noyau originel de tout processus créatif. La représentation de l’identité du soi est un vaste sujet. Elle est étroitement liée au « je » autonome, à « nous » inclusif et à ce « eux » exclusif.Il se peut que ce « je-nous-et-eux » vous semble bizarrement réunis dans un petit bout de phrase qui nécessite de longue élaboration. Nous y reviendrons.
Nous nous sommes dits, mais pourquoi pas un pêle-mêle d’autoportraits pour le plaisir d’en faire une un répertoire d’autoportraits. Disons, les portraits d’eux-autres les célèbres
artistes, par eux-même. Si les mots sont parfois de trop. L’image, elle ne trahit jamais si on la prenait telle qu’elle est. Elle nous révèle sans détour les traits de personnalité dominants de son créateur, avec ou sans candeur.Par exemple, ce jeune Courbet en homme désespéré, est-ce une désinvolture d’un jeune premier qui critique la société dans laquelle il vivait, ou encore, sa réaction à l’art stérile que pratiquait ses contemporains? Est-ce peut-être même le doute de son propre avenir artistique incertain? Bref, la suite de sa production artistique
de ce jeune Courbet nous révèle bien son état d’esprit à l’époque de cet autoportrait intitulé « L’Homme désespéré ».Que dit maintenant de cet autoportrait du vieux Dali excentrique jusqu’aux confins de sa vie mondaine à l’image de n’importe que starlettes de nos jours qui s’étalent dans les revues de potinage. Seule différence, Dali a du talent. Il peut peindre son « soi-même » en train de râper une main pour en faire du rouge, couleur de ce foulard et cliché de cet
ornement d’artiste.Et ce Gauguin qui fait la mimique devant un crucifié? Le message est peut-être voilé, mais l’intention de faire référence à Christ, elle est là, en image, sans voile. Il serait spéculatif d’écrire que le geste de Van Gogh se couper un oreille est due à l’emprise de ce Gauguin messianique sur Van Gogh. Si la logique demeure apparente que Van Gogh ait dédié l’un de ses autoportraits à
Gauguin, l’infortune de cette rencontre dite artistique et créative de l’artiste hollandais qui a terminé sa vie tristement quelques heures avant le 29 juillet 1890 peut être un sujet d’intérêts à explorer. Il y a derrière des oeuvres acclamées, de joie et de désolation.Voilà, nous commençons aujourd’hui avec cet autoportrait de Van Gogh, dédié à son ami Gauguin.